FILMS. «À 17 ans, j’ai dit à mes parents que je deviendrais un artiste. Mon père, qui travaillait sur la construction, m’a demandé tu vas faire quoi au juste ? Je lui ai dit que je voulais faire des films mais que je voulais passer par l’humour pour y arriver».
Patrick Huard avait, pour dire le moins, une assez bonne idée de ce qui allait se passer dans sa vie, assez tôt dans sa vie. L’acteur-réalisateur-scénariste, porte-parole des Rendez-vous Québec Cinéma qui auront lieu à Drummondville du 22 au 24 février, s’est entretenu avec L’Express Week-end au terme de la conférence de presse tenue à la Sainte-Paix mardi.
«Je n’étais pas fait pour l’École de théâtre, mais je savais que j’avais un côté naturel, un peu à la manière de Robin Williams et Coluche qui avaient suivi ce type de cheminement», de raconter l’homme qui aura 50 ans l’an prochain.
«S’il faut être fou pour faire des films ? Oui. Un film c’est un ultra-marathon. Pour «Bon Cop, Bad Cop 2», j’y ai quand même mis quatre ans de ma vie, à partir de l’écriture jusqu’à la sortie du film. Dont les deux dernières années où je n’ai fait que ça. Tu vas subir 99 défaites pour inscrire une victoire. Il faut d’abord penser au financement et puis aux acteurs. Un jour, tu reçois un appel qui t’annonce que l’acteur que tu voulais n’est plus disponible. Le lendemain, c’est le lieu de tournage qui n’est plus accessible. Oui mais c’est parce qu’on tourne dans deux jours. Je me souviens d’avoir rendu visite au maire Coderre pour le convaincre d’avoir accès à un certain lieu de tournage qui demandait d’avoir une autorisation. Oui, il faut être fou pour faire du cinéma. À la base, ça prend des frissons».
«Mais au bout du compte, le lien qui se développe avec les gens est privilégié. En ce qui me concerne, le monde a commencé par venir me voir dans les spectacles d’humour. En faisant de la télévision plus tard, c’est moi qui suis entré chez eux. Et là apparaît un rapport d’intimité. Les gens t’écoutent en robe de chambre ou en discutant de sujets émotifs. C’est comme tu fais partie de leur vie et quand tu les rencontres, ils te disent tout, tout naturellement. Ça finit par être un précieux feedback. Bien meilleur que Twitter», lance-t-il avec une mimique fort reconnaissable.
Patrick Huard sait à quelle enseigne il loge. «J’ai une grande gueule. Je n’arrête pas de parler. Mais c’est la moindre des choses de me la fermer pour écouter les autres si je veux un dialogue. On m’a dit que j’étais porte-parole, mais en fait je suis une mascotte, une mascotte qui parle».
Le Ti-Guy des Boys, le chauffeur de taxi, le propriétaire d’hôtel dans Omertà, l’homme qui a engendré 533 enfants dans Starbuck ; Patrick Huard a été tout ça et combien d’autres rôles il a pu tenir depuis ses premiers pas à la fin des années 90.
«Pour faire un bon film, dit-il, il faut avoir suffisamment confiance en soi pour aller chercher les meilleurs et voler leurs idées. Si c’est bon, tu mets ton nom en gros au début, sinon tu le mets en petit à la fin».