Un Drummondvillois de 49 ans a été déclaré coupable d’incitations et de contacts sexuels sur une personne âgée de moins de quatorze ans, et d’agression sexuelle.
La décision a été rendue par le juge Gilles Lafrenière le 8 décembre 2017.
Une ordonnance de non-publication pèse sur le nom de l’accusé, afin de protéger l’identité de la victime au dossier, qui est l’une des trois filles de l’accusé.
Me Magali Bernier est la procureure de la Couronne au dossier, et Me Jasmin Laperle assure la défense de l’homme.
Les faits reprochés se sont déroulés entre 2000 et 2008, principalement au domicile de l’accusé. Au début des agressions, la victime n’avait pas plus de huit ans.
Elle témoigne notamment d’un incident, alors qu’elle l’aidait à ranger le sous-sol.
«[…] sous prétexte de l’aider à l’école, l’accusé l’initie à un jeu-questionnaire ayant pour conséquence l’obligation d’enlever un morceau de linge chaque fois qu’elle se trompe dans sa réponse, et ce, jusqu’à ce qu’elle se retrouve complètement nue. Tout au long du jeu, et au travers des nombreuses questions, il n’a de cesse de la complimenter : ‘’T’es super belle ‘’, ‘’t’es plus mature que tes sœurs’’, puis enchaîne avec des propos à connotation sexuelle […]», peut-on lire dans le jugement.
Il a également incité la victime à toucher son pénis «comme un petit chat» et à mettre «[…] son zizi dans sa bouche et de le sucer comme un bonbon sans le croquer […]», d’après ce qui est relaté dans le document.
Vers 2013, la victime dénonce les comportements de son père après un suivi avec une intervenante sociale. Elle est aujourd’hui âgée de 24 ans.
En 2008, l’homme a été arrêté et condamné à une peine de détention en lien avec des infractions de leurre informatique et d’incitation à des contacts sexuels envers une mineure; une information qu’il aurait tenté de dissimuler au tribunal.
Le quadragénaire réfute également toutes les affirmations de la victime et nie avoir posé des gestes à caractère sexuel à son endroit. D’ailleurs, il soutient ne lui avoir démontré aucun signe d’affection depuis un jeune âge. «Dès l’âge de 5 ans, il s’empêche de la serrer dans ses bras ou de lui donner quelques becs sur les joues ou sur la bouche, puisque cela pourrait être mal interprété et trop dangereux pour lui.»
C’est un aspect du témoignage de l’accusé qui étonne le juge Lafrenière. «Le Tribunal est surpris qu’un père de famille se garde de démontrer des signes affectifs à ses filles. […] Pour le Tribunal, c’est là une conduite inexplicable d’un père qui entretiendrait une relation saine avec sa fille», est-il écrit dans le document.
De plus, le juge Gilles Lafrenière relate également que «[…] l’accusé voit sa crédibilité grandement entachée lorsqu’il tente de passer sous silence la nature exacte des infractions criminelles qu’il commet en 2008. […] Le Tribunal trouve inconcevable que l’accusé ne puisse se remémorer l’une d’entre elles, alors qu’il n’a que deux seules condamnations à son dossier judiciaire, lesquelles lui ont valu une peine privative de liberté, ce qui n’est pas un événement anodin. […] le Tribunal conclut qu’il ne croit pas l’accusé quant à sa dénégation générale.»
Le magistrat estime également que la preuve de la poursuite, qui s’appuie sur le témoignage de la victime, est solide.
«En interrogatoire principal, la victime témoigne des événements avec beaucoup de crédibilité. […] Il est tout à fait normal que le récit par une personne maintenant adulte, pour des événements qui se sont produits sur une base régulière, alors qu’elle était enfant, présente quelques inexactitudes et incohérences. Le contraire serait surprenant. Le Tribunal […] demeure convaincu hors de tout doute raisonnable qu’elle dit la vérité.»
L’accusé devrait revenir au palais de justice le 24 janvier prochain pour sa sentence, si on se fie au plumitif.