QUE SONT-ILS DEVENUS. La vie professionnelle de René Fréchette a de quoi de bien particulier. Elle a évolué au gré des hasards, mais toujours avec le même fil conducteur : le contact humain.
Le Majoriquois d’origine, maintenant établi à Montréal, a fait sa marque dans l’événementiel avec le Mondial des cultures qu’il a dirigé pendant neuf ans. Par un concours de circonstances, il a laissé son poste après l’édition anniversaire du 25e, en 2006, pour créer un tout nouvel événement : le Concours international d’orgue du Canada.
«C’est au cours d’un événement que j’avais rencontré par hasard le directeur artistique, John Grew. Celui-ci avait eu l’idée de mettre sur pied le concours pour mettre en valeur l’orgue, trop méconnu. Il m’avait vanté le poste, mais, moi, c’était un secteur dans lequel je ne connaissais rien. Pour lui, ce n’était pas si grave, car il cherchait quelqu’un qui avait les connaissances sur les aspects de l’événementiel», se rappelle-t-il.
Après réflexion, M. Fréchette a sauté les pieds joints dans cette importante aventure qu’il a considérée comme étant un privilège.
«C’est assez rare qu’on a la chance de créer un événement. Je me souviens très bien qu’à l’entrevue on m’avait dit: « Vous êtes présentement à l’emploi d’un événement qui fonctionne très bien (Mondial des cultures), et là, vous voulez venir dans un événement qui n’existe pas. Est-ce que ça vous fait peur? » J’avais répondu : « Écoutez, si on a été capable au fil des ans à Drummondville de convaincre les gens qu’un spectacle de danse turque ça pouvait être un événement incontournable dans une semaine, pourquoi pas un concert d’orgue?» raconte-t-il en rigolant.
Mais ce beau projet, comportait son lot de défis, à commencer par le nerf de la guerre : le financement.
«Trouver des fonds pour un événement qui n’existe pas, c’est extrêmement difficile. Lorsqu’on approchait les gens, la même question revenait : « Êtes-vous sûrs que ça va marcher? » Et en toute naïveté on répondait que ça allait marcher, parce que la musique d’orgue a le pouvoir de séduire les gens. Et on a réussi à nous positionner avec l’idée de diffuser les concerts sur grand écran afin de voir de près à l’œuvre les organistes, chose qu’on ne peut pas voir dans d’autres concerts. (…) Bref, on a attiré des milliers de personnes dès la première année et la deuxième était encore mieux.»
Puis, l’événement s’est rapidement positionné à l’international, un objectif qu’il s’était fixé.
Sept ans plus tard, la cinquantaine cogne à la porte et arrive une période de remises en question.
«Est-ce que je veux rester dans le domaine culturel toute ma vie? Qu’est-ce que je veux faire de moi? Un jour, j’ai croisé par hasard, encore une fois, le président de la Fondation de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il cherchait un directeur aux événements et communications. Je n’étais pas convaincu que ça serait un poste fait pour moi d’autant plus que je n’avais aucune connaissance dans la philanthropie hospitalière. J’ai donc appelé une amie pour me faire conseiller. Je me souviendrai toujours de sa réponse : « René, René René. C’est fait pour toi. T’aime le monde et les aider. Tu vas entendre des histoires touchantes, tu vas y prendre bonheur. J’ai donc appliqué et j’ai eu le poste!»
Le Majoriquois garde de bons souvenirs de son passage enrichissant.
«J’y ai entre autres côtoyé Dominique Michel, la porte-parole. Ç’a été un privilège immense de travailler avec elle.»
Toujours ayant soif de défis, M. Fréchette a accepté en juin dernier de diriger Alpa, un organisme d’intégration socioprofessionnelle pour personnes immigrantes à Montréal.
«J’ai pris la décision de quitter la Fondation, encore là, un peu par concours de circonstances. Un ami m’avait envoyé la demande d’emploi en me disant que ce poste-là, c’était écrit René Fréchette partout dessus! Il y avait une belle opportunité, soit celle de reprendre un poste de direction générale. Mais je ne me cache pas pour dire que j’avais une appréhension, car je n’y connaissais rien dans le domaine de l’immigration. Mais mon ami m’a vite ramené à l’ordre en me disant : « Qu’est-ce que tu connaissais dans le domaine d’orgue et la philanthropie hospitalière? Rien, mais tu as appris. » (…) Ça m’a ouvert les yeux sur une autre de mes facettes : la curiosité, l’intérêt d’apprendre.»
Dans cet emploi, M. Fréchette a retrouvé avec bonheur cette espèce de relation qu’il entretenait avec le monde lors de ses neuf années au Mondial des cultures.
«C’est un des éléments qui me plaisait beaucoup chez Alpa. Je viens en quelque sorte compléter une boucle», laisse-t-il entendre.
«Un gars d’équipe»
M. Fréchette se réjouit du parcours qu’il a accompli et n’éprouve aucun regret.
«Je ne vis pas dans le passé et je n’ai pas la nostalgie dans l’âme, soutient-il. Au fil des années, plusieurs personnes m’ont suggéré de retourner au Mondial et au Concours d’orgue, mais non, l’avenir est en avant, pas en arrière. Les organisations sont des créatures qui ont leur vie à elles et il faut qu’il y ait d’autres personnes qui prennent le relais. Pendant que je suis là, j’essaie de donner le maximum de moi pour que tout fonctionne pour le mieux et pout assurer une relève.»
«La vie m’a présenté de beaux défis que j’ai su saisir. (…) Ça toujours été des hasards. Ça me caractérise bien car je suis quelqu’un de spontané», ajoute-t-il.
Et l’une des choses qu’il a bien apprise au gré de ses expériences, c’est qu’il est un «gars d’équipe».
«Je ne traverserai jamais l’Atlantique en solo, parce qu’au bout d’une demi-heure, on va me retrouver en boule! image-t-il en riant. J’ai besoin de cette relation, cet échange entre collègues qui partagent la même passion. Pour moi, le travail d’équipe, c’est la clé, surtout en événementiel.», conclut-il.