HOCKEY. Après avoir passé près d’un mois dans le giron d’Équipe Canada junior, Dominique Ducharme est de retour dans l’entourage des Voltigeurs depuis quelques jours. L’homme de hockey de 44 ans se dit choyé d’avoir vécu une aventure aussi enrichissante, lui qui a eu un gros mot à dire dans le retour des Canadiens au sommet de la pyramide mondiale du hockey junior.
Un an après cette fameuse défaite contre les Américains en finale, au Centre Bell, Ducharme a guidé la formation canadienne vers une dramatique victoire sur les Suédois dans le match ultime, la semaine dernière, à Buffalo. Pour les représentants de l’unifolié, il s’agit seulement d’une deuxième médaille d’or depuis la dynastie qui s’est échelonnée de 2005 à 2009.
Aux yeux de Ducharme, c’est le dévouement des joueurs et un concept d’équipe très affirmé au sein de la formation canadienne qui lui auront permis de connaître un tournoi presque parfait.
«Premièrement, on avait un groupe de joueurs très engagés. Les gars ont embarqué dans notre plan à 100 %. Ils avaient tous de grosses minutes dans leur équipe respective, mais ils ont accepté le fait qu’ils joueraient moins souvent avec nous. On s’est assuré que chacun ait un rôle précis à jouer. Chacun devait sentir qu’il avait un impact sur notre équipe, qu’il pouvait faire la différence dans nos résultats. De cette façon, tout le monde s’est senti impliqué dans le groupe», a expliqué Ducharme, quelques minutes avant de renouer avec ses joueurs sur la glace du Centre Marcel-Dionne.
Cette philosophie aura porté fruit jusqu’en finale, lorsque Tyler Steenbergen a marqué le but gagnant dans les derniers instants de troisième période. L’Albertain était le 13e attaquant du groupe.
«Il n’avait pas marqué jusque-là, mais il connaissait un bon match et c’est pourquoi on l’a envoyé sur la glace. Ça démontre que nos succès étaient l’affaire de tout le monde. D’ailleurs, notre production offensive a été bien distribuée sur nos quatre trios», a-t-il fait observer.
«L’autre raison de nos succès, c’est qu’on a continué à progresser tout au long du tournoi, a-t-il ajouté. En ronde préliminaire, on a vécu toutes sortes d’expériences à travers chacun de nos matchs, comme cette défaite contre les Américains. On a appris de ça. C’est pourquoi on n’a jamais arrêté de progresser, même une fois rendus en ronde éliminatoire. On avait aussi sept joueurs qui avaient déjà vécu l’événement. Ça a paru dans les moments importants.»
Une expérience profitable
Lui-même à sa troisième expérience derrière le banc d’Équipe Canada, Ducharme s’est servi des leçons apprises en 2016, en Finlande, et en 2017, à Toronto et Montréal, pour mieux préparer sa troupe.
«Je savais que dans un tel tournoi, le ligne est mince entre la victoire et la défaite. Ça m’a sensibilisé à l’importance de chaque détail dans la préparation d’une équipe. En bout de ligne, c’est souvent un petit détail qui fait pencher la balance. On a donc encore repoussé davantage notre préparation pour s’assurer de contrôler tout ce qu’on pouvait contrôler. Ça a payé, car plus le tournoi avançait, mieux on jouait.»
Durant son passage au sein de Hockey Canada, Ducharme a également eu l’occasion de côtoyer certaines têtes de hockey parmi les plus influentes au pays. «Comme entraîneur, chaque tournoi et chaque événement nous permet de vivre différentes expériences. C’est de cette façon-là qu’on progresse. Tu ne peux pas gagner de l’expérience sans aller la chercher. C’est pourquoi je me challenge en me lançant des défis, en me mettant des positions où je travaille avec des gens différents et dans des situations différentes. À travers tout ça, je prends ce que j’aime et je
l’ajuste à ma personnalité et à ma façon de coacher.»
Déjà pressenti pour faire le saut chez les professionnels l’an dernier, Ducharme devrait à nouveau être courtisé par quelques organisations durant la saison morte. «Éventuellement, je voudrais vivre l’expérience professionnelle, mais ce n’est pas quelque chose que je contrôle. J’ai confiance que je vais avoir une opportunité un jour, mais je n’attends pas à côté du téléphone. Pour l’instant, ce ne sont que des spéculations. On verra ça en temps et lieu», a expliqué l’ancien pilote des Mooseheads de Halifax.
Une scène touchante
Le triomphe canadien a également donné lieu à une scène touchante pour les amateurs de hockey d’un océan à l’autre lorsque, au son de la sirène, Ducharme a pointé son index au ciel, honorant ainsi la mémoire de son père Jacques. Le coach natif de Joliette a ensuite accordé une entrevue émotive sur les ondes de RDS.
«Compte tenu des circonstances de son décès, à quelques minutes d’un match du Canada en Finlande , mon père va toujours être associé à ce tournoi dans mon esprit. À ce moment-là, connaissant comment il était, j’avais décidé de rester là-bas, car peu importe le match, il aurait voulu que mon équipe connaisse du succès. Je voulais ramener l’or, mais ça n’a pas marché, puis l’an passé, on est passé tellement proche… Cette médaille d’or vient fermer l’histoire», a-t-il confié, encore submergé par l’émotion.
«Autre point, c’est un tournoi très engageant pendant plusieurs mois. Ça représente beaucoup de sacrifices, surtout pendant le temps des Fêtes, mais ma famille m’a toujours appuyé là-dedans. C’est pourquoi je tenais tant à remercier ma blonde, mes enfants, ma mère et mon frère.»
Vivre dans le moment présent
De retour à Drummondville, Ducharme retrouve ses Voltigeurs dans la même position où ils les avaient laissés le mois dernier, avec Joe Veleno en prime. Transportée par son offensive, l’équipe se maintient toujours parmi le top cinq au classement général de la LHJMQ à l’aube de la dernière portion du calendrier régulier.
«Malgré nos succès, on ne déroge pas de notre philosophie. On a fait peu de changements pendant la période des transactions. C’est justement car on aime notre groupe de joueurs. On veut continuer de progresser d’une semaine à l’autre et se challenger pour s’améliorer. Il nous reste 27 matchs pour se préparer pour les séries. C’est là qu’on veut être à notre meilleur.»
En dépit de leur jeunesse, les Drummondvillois font partie des nombreuses équipes pouvant prétendre aux grands honneurs en cette saison où la parité a atteint un sommet inégalé dans la LHJMQ.
«Au hockey, tout le monde joue pour gagner. Chaque fois qu’on embarque sur la glace, on veut compétitionner. En séries, aura la même mentalité, mais se rendre jusqu’au bout, c’est long. On va y aller un match à la fois. Il ne faut pas voir trop loin. Pour le moment, on peut seulement contrôler notre préparation.»
La beauté de la chose, que les Voltigeurs misent sur un imposant noyau de jeunes joueurs qui sera de retour la saison prochaine.
«Tout ce qu’on apprend et ce qu’on va réaliser cette année, ce sera une expérience qui fera grandir nos joueurs. Mais d’ici là, on doit vivre dans le moment présent et se concentrer sur notre travail», a conclu Ducharme.