Les coulisses d’une exposition chez Axart

Photo de Cynthia Martel
Par Cynthia Martel
Les coulisses d’une exposition chez Axart
François-Régis Fournier, Mélina Verrier et Suzette Joyal. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CULTURE. Bon an mal an, plus de 500 œuvres habillent les murs de la galerie Axart. Derrière chaque exposition, il y a tout un processus de sélection, manipulation et d’accrochage.

Par un beau vendredi avant-midi de décembre, l’auteure de ces lignes a rencontré des membres de la Coopérative de solidarité artistique de la MRC de Drummond, Axart, dont le photographe François-Régis Fournier qui fait partie du comité d’accrochage. Devant le collectif d’œuvres de 18 artistes, sous le thème La fête, M. Fournier a bien voulu démystifier le travail qui se fait quelques jours avant une exposition. Il faut savoir d’emblée que la majorité des tâches s’y rattachant sont réalisées par des membres, et ce, de façon volontaire. C’est ce qui fait la particularité de cette galerie ayant pignon sur rue au centre-ville de Drummondville, précisément sur Heriot, en face du parc Woodyatt.

«Outre la cotisation annuelle et le coût pour chaque exposition, les artistes doivent investir de leur temps, soit 30 heures par année, que ce soit à l’accueil, pour l’accrochage, pour de menus travaux comme la peinture ou l’installation de lumières, etc.», indique celui qui est membre depuis 13 ans.

Axart accueille cinq fois par année des expositions collectives. Tous les membres peuvent y proposer l’œuvre qui leur plaît puisqu’il n’y a pas de thème imposé, à l’exception d’une fois ou deux. Voilà qui rend le défi de sélection et d’accrochage plus complexe, mais très stimulant pour les personnes du comité, à se fier aux propos de M. Fournier.

Lors de la visite de l’auteure de ces lignes, l’exposition collective «La fête» prenait place.

«Le lundi qui précède le premier jeudi du mois, les artistes intéressés par l’exposition collective viennent déposer leurs œuvres On ne sait jamais ce qui nous sera proposé ni le nombre d’artéfacts. Parfois, la sélection est un peu ardue puisque les oeuvres sont variées de par leur dimension, leurs couleurs, la technique utilisée, etc. C’est un défi, mais on arrive toujours à avoir quelque chose qui se tient. C’est assez étonnant!»

Pour différentes raisons, certaines expositions s’organisent en quelques heures et d’autres, en quelques jours. La première étape : la sélection. S’il n’y a pas de restriction quant à la dimension, la technique utilisée et la thématique, les artistes ainsi que les bénévoles doivent néanmoins respecter certains critères.

«On ne peut pas, par exemple, réexposer une œuvre deux fois en deux ans ou en proposer une qui date de plus de cinq ans, à moins que ça soit dans le cadre d’une rétrospective, explique M. Fournier (…) Parfois, on en refuse si on juge que la qualité n’est pas suffisante. D’ailleurs, bon nombre de personnes sur le comité de sélection détiennent une formation en pratique en arts. Ils peuvent donc évaluer la technique. Et ça peut arriver qu’on dise à un artiste « Écoute, as-tu quelque chose de plus raffiné ou qui va un peu plus loin de ce que tu nous présentes? »»

De plus, la sélection doit s’arrêter à 30 œuvres, le maximum que les murs peuvent accueillir.

Quand vient le moment de manipuler tous ces trésors pour l’accrochage, la minutie et la délicatesse sont de mise. Chaque tableau est d’abord déposé sur des coussinets au sol. Puis, de grandes précautions sont prises de façon à ce qu’ils ne soient pas abîmés par des doigts ou objets. Soulignons qu’étant donné qu’Axart est une coopérative et n’est pas reconnue comme étant une institution muséale, le port de gants de coton n’est pas obligatoire.

«On se fait confiance. En étant tous des artistes, on est plus conscient de la fragilité des œuvres. Aussi, on se dit qu’on voudrait que l’attention que l’on porte soit la même pour nos propres œuvres. On est donc délicat», soutient M. Fournier qui a été propriétaire d’une galerie spécialisée en estampes pendant huit ans.

Une fois l’accrochage terminé, il importe de se retrouver devant des toiles, des dessins, et parfois, des photos, qui ont une cohérence entre eux. Et ce n’est pas si simple!

«C’est important qu’il y ait une lecture qui se fasse, comme une histoire, image-t-il. La cohérence n’est pas seulement dans les formats et les couleurs, ça va plus loin que ça. C’est aussi dans la forme, l’image et la force de chaque œuvre, ce qu’elle évoque. Chaque œuvre doit respirer et on doit s’assurer que celle de gauche ne vient pas porter ombrage à celle de droite. On peut tuer les œuvres en les accrochant mal. Mais je dois avouer que ça va quand même bien; On n’a jamais eu jusqu’à maintenant d’exposition qui n’était pas harmonieuse ou que l’accrochage laissait à désirer.»

Notons par ailleurs que des espaces dans la galerie sont aussi réservés aux expositions solos, au nombre de dix par année.

«Pour ça, il y a des appels de projets. Certains nous proposent une exposition déjà toute montée tandis que d’autres arrivent avec plusieurs œuvres que nous devons pas la suite sélectionner.»

La valeur

D’autre part, M. Fournier fait savoir que la valeur de chaque œuvre est fixée par l’artiste lui-même.

«Ça va en fonction de sa « cote ». La plupart font souvent appel à des collectionneurs pour les aider. (…) Pour ceux qui vendent déjà en atelier, le prix doit rester le même chez Axart, même si la galerie garde un pourcentage. On est une vitrine pour l’artiste et, ça, ça se paie entre guillemets.»

Axart compte une soixantaine de membres, des professionnels et en cours de professionnalisation. La majorité demeurent à Drummondville.

Le Marché de Noël d’Axart, une sortie féérique

Jusqu’au 31 décembre, Axart présente son Marché de Noël, un marché d’œuvres et de produits dérivés de 16 artistes en arts visuels et en métiers d’art. Il sera ainsi possible pour tout un chacun de trouver un cadeau unique, original et fait à la main par des artistes de la région, tout cela en déambulant dans un décor festif qui nous transporte au pays du père Noël.

En prime, ce samedi 16 décembre de 12 h à 17 h, la galerie ouvrira ses portes aux familles, jeunes et moins jeunes, souhaitant participer gratuitement à des activités artistiques de toutes sortes : projection d’une vidéo, fabrication de mosaïques et cartes de Noël, bricolages en forme de bonhommes de neige, etc.

À leur passage chez Axart, les visiteurs, avec un achat, courront aussi la chance de gagner un panier-cadeau comprenant des produits des artistes exposants, des certificats-cadeaux et la photographie d’art ayant servi au visuel du Marché de Noël prise par l’artiste-photographe François-Régis Fournier. Le panier-cadeau sera tiré le 31 décembre.

Suivra en janvier, pour une des rares fois, une exposition provenant d’un organisme extérieur. De fait, la MRC de Drummond proposera sa collection d’œuvres d’art qui a commencé à prendre forme il y a dix ans, précisément en 2008 alors que la MRC faisait l’acquisition de quatre créations du peintre naturaliste Luc LeClerc. La collection compte aujourd’hui une vingtaine de toiles.

«Ça tombe bien, car Axart fête ses dix ans aussi!» lance François-Régis Fournier, un des membres de la Coopérative.

Le vernissage aura lieu le 11 janvier, à compter de 17 h.

 

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