HOCKEY. Plus que jamais, le lien spécial qui unit Daniel Brière, Drummondville et les Voltigeurs est mis en évidence dans sa biographie Mister Playoffs, dont le lancement a eu lieu à Montréal au cours des derniers jours.
Sous la plume habile du journaliste sportif Martin Leclerc, cet ouvrage de 304 pages retrace la brillante, mais difficile ascension de Daniel Brière dans la Ligue nationale de hockey (LNH). Un chapitre est notamment consacré à son stage de trois saisons dans l’uniforme des Voltigeurs, entre 1994 et 1997, où il s’est élevé au rang de véritable légende dans l’histoire du club.
«Au départ, je ne n’étais pas intéressé quand Martin m’a approché. J’ai toujours été très discret au sujet ma vie privée. J’avais peur de devoir tout dévoiler sur ma famille. Martin m’a toutefois fait remarquer qu’il n’y a pas beaucoup de littérature sur les hockeyeurs québécois qui ont fait carrière dans la LNH. Il m’a convaincu en me disant que mon histoire pourrait donner espoir à de jeunes joueurs et aider des parents qui naviguent là-dedans. C’est un message d’espoir que j’ai voulu livrer», a expliqué l’ancien hockeyeur de 40 ans, en rappelant que dès son enfance, une majorité d’observateurs le jugeait trop petit pour gravir les échelons jusqu’à la LNH.
Si Brière a abordé sa relation houleuse avec Michel Therrien, qui l’a dirigé lors de son passage avec le Canadien en 2013-2014, il a également louangé l’homme de hockey drummondvillois André Ruel dans son livre.
«André a été une personne importante dans ma carrière, et pas seulement durant mes années à Drummondville. Je suis toujours resté en contact avec lui. C’est une personne intelligente et posée. Il comprend tant le côté tactique que mental du hockey. J’ai un grand respect pour lui. Il m’a aidé à passer à travers des situations difficiles durant ma carrière. Notre relation dépasse le hockey. Il est devenu un grand ami. C’était important pour moi de lui rendre hommage à travers ce livre», a confié celui qui a accroché ses patins en 2015, après une carrière de 17 saisons dans la LNH.
Grâce à ses formidables performances qui ont mené les Flyers jusqu’en finale de la coupe Stanley au printemps 2010, Brière est devenu l’un des joueurs les plus prolifiques de l’histoire de la LNH en séries. Pourtant, le petit guerrier n’a jamais été en mesure d’aider les Voltigeurs à franchir la deuxième ronde éliminatoire durant ses trois années dans la LHJMQ.
«C’est décevant, mais avec du recul, je peux dire que ça fait partie de mon cheminement. Plus jeune, j’avais de la misère à gérer mon stress. À Drummondville, j’ai appris à jouer dans les grands moments. J’en ai beaucoup appris sur moi-même. Ça m’a permis de mieux gérer mon stress, ce qui m’a aidé à faire la différence dans les matchs importants plus tard dans ma carrière. Ça fait partie de mon évolution tant comme individu que comme athlète», a témoigné l’ancien capitaine des Voltigeurs, qui a vu son chandail être retiré en 2006.
«J’ai adoré mes trois années à Drummondville, a-t-il ajouté. Cette expérience aura été enrichissante sur le plan sportif, mais encore plus au niveau humain. Ça fait partie de qui je suis aujourd’hui.»
Le Gatinois a notamment eu de bons mots pour Jean et Manon Voyer, qui l’ont hébergé durant ces trois années. «Je me considère choyé d’avoir fait partie d’une si belle famille. Comme on dit, ils sont de l’or en barre. Je suis encore très proche d’eux aujourd’hui. Je les considère comme ma deuxième famille», a-t-il relaté.
Depuis l’été dernier, Daniel Brière est directeur des opérations hockey des Mariners du Maine, une équipe de la ECHL basée à Portland qui fera ses débuts lors de la saison 2018-2019. Soucieux de ne pas sauter d’étapes, il ne cache pas ses ambitions pour le futur.
«Présentement, j’apprends tout le côté business et gestionnaire du hockey. Je ne suis pas toujours confortable là-dedans. Ça me sort de ma zone de confort. J’apprends de nouvelles choses chaque jour. Je ne sais pas trop où ça va me mener, mais je laisse la porte ouverte à toutes sortes de possibilités», a conclu celui qui fait également partie du groupe d’actionnaires de l’Armada de Blainville-Boisbriand.
Quelques extraits…
Sur sa première journée à Drummondville, à l’été 1994…
«Pendant que nous nous dirigions vers notre table, mon père s’est emparé d’une copie du journal local. La une de la première page se lisait comme suit : BRIÈRE AURA DE GRANDS SOULIERS À CHAUSSER.
Bienvenue dans la LHJMQ! En lisant l’article, je me suis rendu compte que, sans le savoir, j’avais commis une sorte d’impair au cours de l’été. Peu après la conclusion de notre entente avec les Voltigeurs, un employé de l’équipe avait téléphoné à la maison pour me demander quel numéro j’avais l’intention de porter.
- J’aimerais avoir le 14.
Il y avait alors eu un silence au bout du fil.
- Donne-moi quelques heures pour vérifier et je te rappelle, avait finalement répondu mon interlocuteur.
Je n’avais pas compris ce qui venait de se passer. Mais toujours est-il qu’on m’avait rappelé un peu plus tard pour confirmer que j’allais effectivement pouvoir porter le numéro 14.
À la lecture du journal, j’ai compris que le numéro 14 appartenait à nul autre que Ian Laperrière, qui venait tout juste de compléter un époustouflant stage de quatre ans à Drummondville. […] Il était une légende aux yeux des partisans de l’équipe. L’auteur de l’article me trouvait donc un peu effronté d’avoir demandé à porter ce numéro quelques semaines après son départ!
Je me sentais mal. Je n’avais voulu manquer de respect à personne. Et je me demandais s’il n’était pas préférable de demander aux dirigeants de l’équipe de me donner n’importe quel autre numéro.
[…] Le temps a finalement bien fait les choses. Les numéros des joueurs qui ont le plus marqué l’histoire des Voltigeurs ont été retirés et sont à jamais accrochés dans les hauteurs du Centre Marcel-Dionne. Et au sein de ce groupe sélect, les amateurs s’étonnent souvent de constater qu’on retrouve deux numéros 14.»
Sur sa relation avec André Ruel…
Ma deuxième saison chez les Voltigeurs (1995-1996) a été celle où je suis devenu éligible au repêchage de la LNH. Elle coïncidait aussi avec l’embauche d’André Ruel à titre d’entraîneur-adjoint. Rapidement, j’ai été en mesure de constater qu’André n’était pas issu du même moule que la plupart des autres entraîneurs Il est l’un des cerveaux l’un plus innovateurs qu’il m’ait été donné de rencontrer dans le monde du hockey. Il m’a conseillé, soutenu et encouragé jusqu’à mon dernier match dans la LNH.
Dans la confrérie des entraîneurs de hockey du milieu des années 1990, les techniciens/tacticiens n’avaient pas vraiment la cote. Les dirigeants d’équipe préféraient embaucher des préfets de discipline ou des motivateurs dont les plans de match se dessinaient à gros traits. André Ruel, lui, s’intéressait aux mille petits détails qui, lorsqu’on les additionne, finissent par complètement transformer l’allure d’un match.
Professeur d’éducation physique de formation, André Ruel avait à peu près tout fait dans le petit univers du hockey québécois. […]
«J’ai connu Daniel à sa saison recrue chez les Voltigeurs parce que j’enseignais l’éducation physique à l’école Marie-Rivier, raconte André Ruel. […] Daniel était un adolescent assez tranquille. Il faisait sa petite affaire et il prenait ses études au sérieux. Sa vivacité d’esprit ne faisait aucun doute : il a remporté le titre de joueur-étudiant dans deux ligues. Tout le monde à Marie-Rivier était très fier lorsqu’il a remporté le titre de joueur-étudiant par excellence de la LHJMQ.»