Si les projets pleuvent pour Louis Morissette, il avoue qu’il n’a jamais été aussi discret sur la place publique en tant qu’individu. Celui qui a souvent été au centre de controverses préfère exprimer ses opinions et exposer des problèmes de société à travers ses productions.
«La personnalité publique qui prend position, c’est quelque chose que j’ai moins envie de faire», lance le Drummondvillois d’origine.
À une certaine époque, Louis Morissette était l’invité de plusieurs émissions de télévision. Il avait l’impression que les animateurs ne lui demandaient que d’émettre ses opinions sur des sujets controversés.
«Ce que je sentais, c’est qu’on voulait que je mette la « marde ». Un moment donné, j’étais chez moi et je me disais que si c’est comme ça maintenant la dynamique, c’est peut-être moi qui ai donné cette impression et amené cette dynamique. Pourtant, je ne suis pas comme ça. C’était donc à moi à changer les choses et c’est ce que j’ai fait. Je vais moins à des talk-shows et lorsque j’apparais en public, je parle beaucoup moins de moi. Maintenant, je m’exprime à travers Les Simone, par exemple, le prochain film que je vais faire cet hiver, etc.»
Il comprend mal cette obligation et cette urgence de s’exprimer qui pèsent contre les personnalités publiques.
«On est dans une ère où parce que tu es une personnalité publique, il faut absolument que tu t’exprimes tout de suite. Seulement avec ce qui s’est passé les dernières semaines dans le show-business, je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont écrit pour que je parle. Je condamne ça, je trouve ça triste et je suis « ben » content que les filles fassent le ménage, mais ça ne me tente pas de prendre position. Je n’ai plus d’énergie à brûler pour ça. Mon énergie, je la mets maintenant sur ma famille et mon travail», fait valoir le diplômé en administration et de l’École nationale de l’humour.
Et son travail, c’est ce qui l’a aidé à s’assagir.
«Je me suis beaucoup calmé ces 5-6 dernières années. En fait depuis que j’ai parti ma maison de production (Groupe KO). […] Je fais plus attention dans la façon que je dis les choses.»
Celui qu’on a connu avec Les Mecs comiques confie aussi qu’il a appris de ses quelques échecs. C’était d’ailleurs le sujet d’une conférence qu’il a offerte l’hiver dernier.
«C’est sûr que je regarde deux ou trois mauvaises décisions et je me dis que ça, si je pouvais le reprendre, je ferais autrement. Mais en même temps, ce sont des mauvais coups qui ont été très formateurs et qui ont fait de moi la personne que je suis aujourd’hui : plus calme, plus humble, meilleur et plus compétent. Je ne peux pas et ne veux pas les renier. J’ai appris beaucoup sur moi et mon métier à travers mes épreuves. C’est assez paradoxal, car je considère que les pépins qui se sont présentés sur ma route ont été tous les maillons qui ont bâti la personne que je suis», expose le producteur, auteur, comédien et humoriste.
Les Morissette
Parmi ses nombreux projets qui le tiennent occupé, il y a le spectacle d’humour Les Morissette avec lequel il monte sur scène soir après soir depuis trois ans aux côtés de sa femme et populaire animatrice, Véronique Cloutier. Le 24 novembre, ils seront à Drummondville pour la dernière fois. Au total, cette tournée aura représenté 300 spectacles et plus de 250 000 billets vendus au 16 décembre.
«C’est une aventure qui aura été bien au-delà de nos attentes. Et c’est une vague sur laquelle on a surfé et qui était plus haute qu’on avait vue au début», indique Louis Morissette, le sourire dans la voix.
«Il y a quatre ans, quand j’ai développé ça, on avait peur, parce qu’il ne fallait pas qu’on se trompe. Je me disais : « il ne faut pas que j’amène ma blonde dans un projet où elle va se péter la gueule ». Finalement, le pari est réussi. Je suis très heureux et soulagé et même que ça donne le goût de repenser à en faire un autre. Mais ça va prendre plusieurs années, à cause de la famille. Ce n’est quand même pas banal dans une dynamique familiale quand les deux parents sont sur la route. Ça leur tente plus de venir. […] À Drummond, c’est pas pire, ils vont aller se faire gâter chez grand-papa et grand-maman!»
C’est expérience a-t-elle mise le couple à rude épreuve?
«Ç’a été un gros test, mais qui nous a permis de placer « ben » des affaires. On ne s’est pas « ben », « ben » chicané et y’a pas à dire, parfois, ce n’était pas simple. Je suis très méticuleux et même 200 shows plus tard, je disais encore à Véro en sortant de scène : « Attention à ce bout-là, tu prends trop de temps », par exemple. Elle aurait souvent eu l’occasion de me dire « Sacre-moi patience! » Mais non! On respecte beaucoup nos forces et on est rendu super complémentaire», explique-t-il.
Un attachement particulier
Même s’il est loin de Drummondville en termes de distance, son cœur, lui, est toujours près de sa ville natale.
«J’ai un attachement bien particulier à ma ville natale. J’ai adoré grandir ici et ça reste une belle place pour vivre. Une ville de taille moyenne qui a le dynamisme d’une plus grande ville, mais avec une part plus calme et de civisme.»
Inutile de dire que chaque occasion où il a monté sur la scène de la Maison des arts, c’était particulier.
«C’est toujours « ben », « ben » spécial. C’est tout le temps drôle de revoir des gens avec qui je suis allé au secondaire. Et le 24, ça va être encore plus marquant, car ce sera l’une des dernières représentations», exprime-t-il, soulignant que pour lui, ça restera toujours le Centre culturel. «C’est l’endroit où j’allais voir mes premiers spectacles d’humour.»
Pour lui, il est important de garder un lien avec Drummondville. S’il ne projette pas pour l’instant d’y avoir un pied à terre, il a tout de même un projet qui le garderait lié.
«Est-ce qu’un jour il y aura une maison de la Fondation Véro & Louis (pour les personnes atteintes d’autisme âgées de 21 ans et plus)? C’est quelque chose que j’aimerais», laisse-t-il entendre.