Si l’auteur-compositeur-interprète un peu bohème Alexandre Poulin a une carrière plus qu’enviable, autant au Québec qu’en Europe, il a tendance à rester loin des projecteurs.
Cela fait maintenant vingt ans que le chanteur roule sa bosse dans le domaine artistique et dix ans qu’il ne vit que de sa plume et sa guitare. Il a bâti son audience couplet par couplet, tranquillement, sans se presser : une manière de faire un peu inhabituelle, dans un monde où les réseaux sociaux et l’instantanéité prédominent. «D’un album à l’autre, la progression de mon public s’est toujours fait de façon équilibrée, dans le sens où je n’ai jamais vu mon public devenir immensément plus nombreux d’un album à l’autre. Mon troisième opus, ‘’Le mouvement des marées’’, m’a permis de me faire connaître par un plus large public, mais j’ai la chance d’avoir des fans très fidèles, et depuis longtemps», explique Alexandre Poulin.
Il avoue d’ailleurs ne pas savoir comment il aurait composé avec l’omniprésence des réseaux sociaux, s’il avait débuté sa carrière un peu plus tard.
«Ma vision du succès est la pérennité. Je fais ça parce que j’en suis passionné, je ne voulais pas seulement y goûter. Je ne veux pas devenir à la mode, parce que c’est difficile de le rester. Je préfère être un peu plus dans l’ombre.»
D’après lui, il y a de la place pour des jeunes musiciens de talent : s’agit simplement de trouver une façon de bâtir un public qui va rester. «La route n’est pas tracée, mais je suis sûr à 1000% qu’il y a de la place pour la relève.»
L’amour sous toutes ses formes et l’envie d’être libre font partie des thèmes chouchous de l’artiste depuis ses tout débuts. Le titre de son dernier album, «Les temps sauvages», évoque d’ailleurs la dualité entre cette folle quête de liberté et la nécessité de ralentir pour profiter de la vie. «Je trouvais cela suffisamment poétique pour susciter la curiosité. Je trouve que cela décrit avec une précision éloquente l’époque dans laquelle on vit.»
Alors que sa carrière en France et en Suisse commençait à être plutôt bien établie, il a choisi de rester au Québec. Pourquoi ? «J’ai, entre autres, choisi de mettre ma carrière européenne sur pause pour passer du temps de qualité avec ma fille. Cette part de liberté débute par des décisions importantes, et il y a une marge entre ceux qui y pensent et ceux qui le font. On veut toujours plus, à un point où on oublie de savourer ce qu’on a déjà. Je veux profiter de la vie.»
Entre une première de spectacle et une dernière, le choix est plutôt difficile pour l’artiste. «J’aime tellement les deux, c’est difficile de choisir. Mais j’opterais pour la dernière, vu que la charge émotive et stressante fait place à une certaine désinvolture. Une dernière est aussi, par défaut, un signe de renouveau.»
Il compose pour d’autres
Alexandre Poulin a écrit de nombreuses chansons pour des artistes québécois (comme Garou, Annie Villeneuve et King Melrose), mais c’est sa collaboration avec le groupe 2Frères, «33 tours», qui a fait le plus chantonner dernièrement. «C’est une chanson que j’avais écrite pour mon 2e album, ‘’Une lumière allumée’’, mais je ne l’ai jamais publiée. Quand j’ai eu la commande de 2Frères, je leur ai donnée : je ne fais jamais ça. Finalement, ça a été la chanson francophone la plus tournée dans les radios canadiennes pendant la dernière année», raconte-t-il avec un petit rire. Il précise néanmoins qu’il est très heureux que cette composition ait connu un aussi grand succès, au lieu qu’elle soit tombée dans l’oubli.
L’auteur-compositeur-interprète Alexandre Poulin se produira mercredi soir à la Maison des arts Desjardins en formule cabaret sur scène, avec sa guitare et ses histoires. «Tout peut s’arrêter demain matin, j’en suis conscient. Mais je sais que, sur scène, c’est là où je dois être.»