CHANSON. Quand il se lève le matin, Vincent Vallières ressent à tout coup énormément de gratitude envers sa carrière musicale qui, même après 18 ans, est tout aussi reluisante et ponctuée de défis stimulants.
«Quand je pense que ma vie c’est que je me lève et que mon temps est consacré à la réalisation de bonnes « tounes », c’est formidable! Et que je puisse le faire en plus dans un aussi petit marché que le marché québécois… Je ressens beaucoup de gratitude», confie l’auteur-compositeur-interprète.
Lorsqu’il observe tout le chemin parcouru et qu’il constate que le public en redemande, Vincent Vallières se considère «chanceux» de pouvoir encore vivre de sa passion.
«Lorsque j’ai commencé en 1999 avec mon premier disque, qui est également sorti en cassette, c’était une tout autre industrie. Depuis ce temps-là, il y a eu une sorte de démocratisation de la culture. En fait, tout le monde peut maintenant faire des albums de qualité à leur domicile et a ainsi la chance de s’exprimer. Par contre, le marché pour recevoir les chansons n’est pas plus grand; il est le même. Le défi pour ce faire entendre est donc ailleurs. La beauté de ça est que ça créé une sorte d’éclatement dans la chanson québécoise. Elle est donc beaucoup plus diversifiée qu’elle ne l’a jamais été avec des artistes de toutes les générations qui font des affaires trippantes. Je me considère alors chanceux d’évoluer dans un milieu vraiment stimulant, en mouvement, qui se questionne et avec des défis à relever», expose celui qui est devenu un incontournable du paysage musical québécois.
Et les défis, le chanteur y carbure. D’ailleurs, pour son plus récent album, Le temps des vivants, son septième opus en carrière, il avait envie de se «challenger» en s’entourant complètement de nouvelles personnes.
«Il y avait ce désir de sortir de la zone de confort, de rencontrer de nouvelles personnes qui ont des perceptions différentes du travail que je fais et qui vont être honnêtes, mais sans tomber dans une espèce de formule trop établie […] La production sur cet album est différente. Par exemple, il y a beaucoup moins de couches d’arrangements et c’est travailler dans un tout autre contexte qui est plus libre. Aussi, on a essayé plusieurs choses, ç’a été pas mal expérimental», explique le volubile chanteur.
Mais ce vent de renouveau ne signifie pas pour autant dénaturer son style musical. Ses chansons sont autant imprégnées de sa signature.
«Oui, il y a tout l’élément de faire différent, de faire mieux, mais c’est surtout de faire du bon stock dans mon cas. Ça reste moi et les chansons sont pluguées sur le cœur», souligne-t-il, conscient qu’il en a encore beaucoup à apprendre et affirmant avec certitude que ses meilleures chansons sont devant lui.
À chaque album, le défi de reconquérir le public est toujours présent, selon lui.
«C’est un beau défi aussi de cheminer avec le public. C’est comme une relation de couple : tu ne veux pas tomber dans la routine avec tes fans, mais en même temps, il faut qu’ils puissent évoluer avec toi. À chaque disque, il faut se questionner à savoir, est-ce qu’on va encore reconnecter ensemble? A-t-on encore des choses à se dire?»
Collaboration avec Gilles Vigneault
S’il y a une des chansons sur son plus récent album dont il est particulièrement fier et qui suscite bien des réactions lors de ses spectacles, c’est Loin dans le bleu. Une pièce écrite lors d’un atelier avec le célèbre Gilles Vigneault.
«Ç’a été exceptionnel de travailler avec lui. […] J’ai gardé le livre dans lequel il rature et ajoute des mots. C’est un beau souvenir», expose-t-il, les yeux brillants.
Nombreux sont les conseils et les discussions qui ont émané de ces quelques jours d’atelier. Mais le chanteur a retenu une chose en particulier.
«L’élément clé de cette rencontre c’est l’idée de l’urgence dans laquelle on pense qu’on évolue. Tu sais, quand ta compagnie de disque te dit, par exemple, qu’il faudrait absolument que tu sortes ton album avant Noël pour pouvoir partir en tournée telle date. Toute la question de délai. [Gilles Vigneault] m’avait dit que dans le fond, les gens ne nous attendent pas vraiment. Et c’est vrai. La vie va tellement continuer même si tu ne sors pas de disque. C’est juste un plus quand les gens le reçoivent», raconte-t-il, spécifiant que ce genre de formation, il en voudrait chaque année.
Le titre de son opus, Le temps des vivants, n’est pas étranger à ce qu’il en a retiré de son expérience avec Gilles Vigneault.
«Ce sont des mots qui se retrouvent aussi dans la première chanson Les pays du nord, un titre de l’un des poèmes du grand poète québécois Gilbert Langevin. […] Quand est venu le temps de trouver le titre de l’album, je me disais que c’est exactement ce que je ressens par rapport à l’idée de la non-urgence de sortir un disque rapidement et en même temps, il y a une urgence de vivre qu’il ne faut pas perdre. Il faut continuer à sortir, aller en vacances, avoir des projets porteurs collectifs et positifs. Et le spectacle et la musique peuvent devenir ce lieu-là, cette espèce de point de départ. Je le dis avec humilité, dans le sens où ça ne change pas le monde, ça fait juste du bien de se rassembler autour d’une « toune » et de sortir avec d’autres. […] Je sens que je peux apporter quelque chose de culturellement concret avec mes chansons», laisse tomber le charmant chanteur, en souriant largement.
Vincent Vallières montera sur la scène de la Maison des arts Desjardins Drummondville le 16 novembre à 20 h. L’occasion de découvrir des nouveautés et de retrouver les classiques tant aimés.