DÉVELOPPEMENT DURABLE. Les Productions Horticoles Demers ont inauguré jeudi ce qui est considérée comme la plus grosse serre de production de tomates au Québec sur le site de Waste Management (WM).
La nouvelle serre à faible empreinte écologique triple les installations de Demers dans le Centre-du-Québec, passant de 3,2 à 10 hectares (l’équivalent de 20 terrains de football) et complète la phase II du projet totalisant un investissement de 40 millions de dollars. L’agrandissement, qui s’est étalé sur un an, vaut à lui seul 25 millions de dollars. Qui plus est, le projet aura permis dans son ensemble de créer plus de 90 emplois à Drummondville. Au sujet du recrutement, Jacques Demers, président de Productions horticoles Demers, a admis à L’Express que ce n’est pas une mince tâche.
«Le recrutement côté production c’est quelque chose de compliqué. Pour nous, dans le monde agricole, c’est clair que ça passe par les travailleurs étrangers. Donc tous les gens aux postes d’opération dans la serre sont principalement des Guatémaltèques qui se relaient avec des contrats de 8 à 12 mois par année. Si on n’avait pas les travailleurs étrangers, on n’existerait pas, c’est impossible.»
Des produits locaux toute l’année
La capacité de production de cette nouvelle serre sera de plus de 100 000 kg par semaine ou 6000 tonnes annuellement. Demers, le deuxième plus gros producteur de tomates en surface, pourra ainsi être en mesure d’assurer un approvisionnement constant et adéquat toute l’année pour satisfaire les besoins des chaînes et des grossistes-distributeurs locaux.
«Avec l’arrivée de la période hivernale, les amateurs de produits frais et locaux seront ravis d’apprendre que grâce à cette nouvelle serre, des tomates en quantité seront dorénavant disponibles dans leurs supermarchés, et ce, dans toutes les principales chaînes d’alimentation du Québec», indique M. Demers, soulignant que dès mars prochain, ils offriront les premières récoltes de framboises de serre, une première.
«Nous pourrons mettre en place des actions de commercialisation qui diminueront les besoins d’importer des produits de l’extérieur, notamment du Mexique», ajoute-t-il.
Une serre dernier cri
Comme pour la première phase, Demers continue à utiliser un modèle de production unique. Rappelons qu’en 2012, Waste Management avait implanté sur le lieu d’enfouissement technique de Drummondville, une centrale de production d’électricité utilisant les biogaz (source d’énergie issue de matières organiques, dans ce cas précis, les déchets) comme carburant pour alimenter des moteurs, lesquels sont couplés à des génératrices. En clair, la serre est chauffée par la chaleur récupérée des moteurs. Cette méthode permet d’éviter d’utiliser des combustibles fossiles traditionnels pour le chauffage. Au total, cette serre permet de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) de plus de 26 000 tonnes annuellement, soit l’équivalent de 6500 voitures de moins en circulation.
«La production locale de ces fruits permet aussi de diminuer la distance parcourue par ces produits de consommation courante pour arriver sur les étals de nos supermarchés; une préoccupation de plus en plus présente chez le consommateur», soutient le président.
Questionné sur la possible fermeture du site d’enfouissement, M. Demers demeure confiant, quoiqu’un peu inquiet, quant à la question d’alimentation en biogaz.
«Le biogaz qu’on a prévu pour réchauffer la serre pour les prochaines années a été calculé selon le tonnage des déchets déjà sur le site. À court et moyen termes, je dirais qu’il n’y a pas de problème, car les déchets prennent plusieurs années à se décomposer. Tout ça fait en sorte qu’on est confortable 10-15 ans au moins. Mais c’est certain que ça nous insécurise un peu.»
De son côté, Martin Dussault, directeur des affaires publiques chez WM, martèle que la fermeture demeure toujours une «hypothèse». De plus, il estime que la serre et la centrale pourront plutôt être alimentées durant 20 à 25 ans.
«Lorsque nous avons monté le projet avec Hydro-Québec, nous l’avons fait de façon sécuritaire dans le sens où nous n’avions considéré uniquement les déchets enfouis. De toute façon, nous ne pouvions pas présumer les autorisations futures. […] Ainsi, nous sommes en mesure d’honorer nos engagements avec Demers», tient-il à préciser.
Outre les émissions de GES, les nouvelles installations utilisent des méthodes de production innovantes afin de limiter leurs impacts sur l’environnement, la gestion informatisée des besoins énergétiques de la serre, l’optimisation de l’utilisation de la lumière et l’automatisation des opérations de production.