CULTURE. Le 9 novembre, l’auteur drummondvillois Patrick Senécal sortira son 19e roman en carrière, Il y aura des morts. L‘Express s’est entretenu avec lui pour en parler.
À 80 %, l’action se déroule à Drummondville. Dans la plupart de tes livres, tu fais référence à ta ville natale, mais pourquoi cette fois-ci, tu as choisi d’en faire le lieu principal?
En général, je trouve l’histoire en premier et ensuite, je trouve la façon d’insérer un moment où Drummondville figure. Dans certaines histoires, ça ne pouvait pas se passer entièrement à Drummondville pour différentes raisons, par exemple, parce que les personnages se déplaçaient. Là, mon idée, c’était une course à l’homme. (…) Je me suis donc dit, pourquoi ne pas le faire à Drummondville? C’était important que le gars connaisse bien la ville et qu’il soit un peu connu. Fallait donc que ça se passe dans une ville pas trop petite, mais pas trop grande aussi.
Y’a-t-il des endroits que nous allons reconnaître au fil de la lecture?
Oui, je parle de la Celanese, du Village québécois d’antan, de l’île aux fesses, du Tim Hortons du boulevard Lemire, de la polyvalente La Poudrière et de la cour de Paul-Rousseau. Au fil de sa course, il traverse des rues que je nomme et des terrains de maison et d’usines dans le quartier industriel. C’est intéressant pour les Drummondvillois, car ils vont reconnaître tout plein d’endroits. Ç’a été un super bon terrain de jeu, mais en même temps, c’était une contrainte, car je ne pouvais pas vraiment me permettre d’inventer des affaires. Il y a peut-être quelques petites imprécisions, mais 80 % de tout ce que je nomme, c’est vrai.
Lorsque tu as terminé le plan du roman, tu avais dit à ta blonde qu’il serait plus court que les autres. Ce n’est pas le cas (après le premier jet, il comptait 182 700 mots). Est-ce que c’est parce que tu étais en terrain connu avec Drummondville que tu t’es laissé emporter?
Ma blonde a ri de moi à ce moment-là, parce que c’est souvent ça qui arrive. Je fais mon plan et j’ai l’impression que tout est sous contrôle et que mon nombre de pages est juste, mais non, je fais toujours plus long. J’ai coupé 25 000 mots de mon premier jet. J’ai coupé pas mal aussi parce qu’étant donné que c’était une course contre-la-montre, il fallait qu’il y ait un rythme assez soutenu. Bref, c’est un roman plus ambitieux et plus long que je pensais. Mais comme je dis, c’est toujours comme ça, alors un moment donné, je vais arrêter de me faire des accroires et accepter que je suis de même (rires).
Es-tu venu de temps à autre rédiger à Drummondville ou faire du repérage durant le processus d’écriture?
C’est arrivé deux fois que je suis allé me promener et j’ai pris des notes. J’ai même appelé mon père une fois pour qu’il aille vérifier une certaine information. J’ai beaucoup utilisé le Google Maps.
Dans quel genre littéraire se classe Il y aura des morts?
C’est un thriller. Il y a évidemment quelques scènes assez violentes, mais ça, on n’y échappera pas. (…) Il ne faut pas prendre l’histoire au premier degré, car c’est un peu tiré par les cheveux. Il y a quand même des affaires à limite vraisemblables, mais je pense que le ton du roman permet ça. Le but était jusqu’où je peux aller avant d’atteindre le fond. Va-t-il s’en sortir ou pas? J’ai voulu faire une fin qui surprend tout le monde, autant pour ceux qui aiment les happy ends que ceux qui disent qu’il ne s’en sortira pas.
Dans un autre ordre d’idée, le 14 septembre, une soirée a été organisée en ton honneur à la nouvelle bibliothèque. Qu’est-ce que ça t’a fait de recevoir une telle vague d’amour.
Durant la soirée, il y a eu une partie vidéo durant laquelle des membres de ma famille, des amis et des gens auxquels je ne m’attendais pas du tout m’ont livré des messages. Ça m’a beaucoup ému. Aussi, j’ai trouvé intéressant que des artistes comme India Desjardins et Isabelle Cyr que j’aime beaucoup lisent des extraits littéraires d’autres auteurs. Ce n’était pas un concept que le monde entrait dans mon univers, c’était donc moins intimidant. J’avais plus l’impression qu’on me faisait un cadeau que « révélons tout sur Patrick Senécal ». Aussi, le fait que c’était à la nouvelle bibliothèque, c’était spécial. Pour moi, c’est une boucle qui se boucle. En fait, la première fois que j’ai lu de l’horreur, c’était à la bibliothèque municipale sur la rue Saint-Jean. J’avais 11-12 ans. Et là, presque 30-35 ans plus tard, on me demande d’être là pour l’inauguration. Et en plus, ça tombe l’année que je sors un roman qui se passe à Drummondville. Le hasard fait bien les choses.
La quatrième de couverture
À 8:24, ce vendredi 12 août 2016, Carl Mongeau émerge du sommeil sans se douter qu’aujourd’hui, sa vie basculera dans un cauchemar paranoïaque. Même si, comme tout le monde, il connaît son lot de petits problèmes et d’irritations diverses, il mène une existence somme toute frappée par les sceaux de la quiétude et de la sérénité, mais dans moins de neuf heures, ceux-ci disparaîtront, et ce, de façon définitive.
Pourtant, la journée de Carl, propriétaire du bar Le Lindsay à Drummondville, s’annonce normale. Le seul événement vraiment étrange est la visite de cette inconnue qui lui annonce quelque chose de troublant. Mais comme il s’agit sans doute d’une blague de mauvais goût, Carl se concentre plutôt sur les festivités du 20eanniversaire de son établissement qu’il prépare avec minutie. Car l’homme de cinquante et un ans, malgré quelques déceptions (comme sa séparation après vingt-huit ans de vie en couple) a toujours contrôlé son existence et aujourd’hui, il considère qu’il mène la vie presque parfaite qu’il mérite.
… sauf qu’à partir de 17:05, l’anniversaire de son bistrot sera le dernier de ses soucis. Comme tout ce qui concerne l’organisation de son quotidien, d’ailleurs.