Gaston Tourigny est le plus grand donneur de sang à Drummondville

Gaston Tourigny est le plus grand donneur de sang à Drummondville
Depuis 1969

146 : c’est le nombre de fois que le Drummondvillois Gaston Tourigny a donné du sang au cours de sa vie.

C’est sous un soleil digne du mois de juillet que Gaston Tourigny a accueilli L’Express chez lui avec beaucoup d’humour. «Je peux t’offrir un verre d’eau froide, sans drogue dedans, mais pas de petite bière froide, parce que tu es sur la job.»

Ayant 146 dons à son dossier chez Héma-Québec, cela en fait le donneur actif le plus prolifique de tout le territoire de Drummondville. L’homme de 65 ans n’a d’ailleurs jamais manqué de collectes de sang dans la ville depuis ses 18 ans. «Quand j’avais environ 13 ans, mon père, qui travaillait à la Celanese, allait donner du sang régulièrement. Ça m’avait marqué, et je me suis dit que je ferais la même chose quand je serai vieux.»

C’est en 1969 que Gaston Tourigny a retroussé ses manches pour la première fois. À l’époque, un simple test pour le taux de fer et une prise de température étaient nécessaires pour faire un don. Les choses ont bien changé depuis, et Gaston Tourigny estime que la crise du SIDA des années 1980 n’y est pas étrangère.

Une anecdote particulière lui revient en mémoire, lorsqu’on lui demande la fois qui l’a le plus marqué au cours de ses 146 dons. «La plus belle fois que j’ai donné du sang, c’était dans les environs des années 1979-1980. J’étais en auto sur la rue Hériot et j’écoutais un poste de radio que je n’écoutais jamais d’habitude. Une annonce est passée, comme quoi ils cherchaient en urgence des gens du groupe sanguin B-. Je me suis dit »hey, c’est moi ça !», et ça adonnait que j’étais à moins d’un kilomètre de l’hôpital. Peut-être que j’ai sauvé une vie la même journée, je ne sais pas. Quand on regarde les petites coïncidences de la vie…»

«C’est rentré dans mes habitudes, je n’ai jamais arrêté. C’est comme les vieux qui vont à la messe!», rigole-t-il, avouant en profiter pour jaser avec les gens sur place et les bénévoles. Il donne donc du sang à tous les 56 jours, la durée minimale exigée par Héma-Québec, ce qui équivaut environ à six fois par an.

À ses débuts en tant que donneur, une infirmière lui avait dit que son sang était vierge d’un virus nommé Cytomégalovirus (une infection souvent asymptomatique chez les enfants et les adultes en bonne santé, mais qui peut devenir problématique chez des personnes en situation immunitaire précaire). Par conséquent, son sang pourrait être donné à de très jeunes enfants. «Là, j’étais content. On n’y pense pas, mais personne n’est à l’abri d’une maladie. Quand je regarde les dépliants qui sont remis au début de chaque don et que je vois des photos d’enfants qui ont reçu des transfusions, je me dis que ça pourrait être un de mes proches», raconte-t-il. De son propre aveu, c’est ce qui le motive à aller donner du sang aussi souvent.

«Le sang, c’est le meilleur médicament. Si tu n’en a pas pour les soigner, même si tu vaux vingt milliards, tu n’es pas plus avancé. Si on me demande 100 $, c’est bien de valeur mais je ne l’ai pas. Mais du sang, j’en ai, je vais t’en donner.»

S’il avoue comprendre les gens qui ne peuvent pas donner du sang et ceux qui en ont peur, Gaston Tourigny estime qu’en fait, le don est un petit geste qui réussit à faire beaucoup de bien. «Ça prend une petite demi-heure, peut-être. Ça chauffe quelques secondes, c’est tout. Ça ne coûte rien, et en plus tu as du café et des biscuits.» La bonne humeur des bénévoles qui sont présents aux collectes est également un facteur à considérer, précise le sexagénaire.

«C’est le don de la vie. Fais-le, mais fais-le de bon cœur, sans rien attendre en retour. Tu donnes, ou tu ne donnes pas.»

Du côté d’Héma-Québec, la relationniste Vanessa Jourdain estime que le geste est exceptionnel. «Ce n’est pas unique au Québec, mais c’est quelque chose qui mérite certainement d’être mentionné», a-t-elle exprimé par téléphone.

Et si le nombre de dons montent, l’âge de Gaston Tourigny avance lui aussi. «Si je me rends à 175 dons, je vais me dire que ma mission va être accomplie.»

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