CYCLISME. À peine une dizaine d’athlètes de la région drummondvilloise ont gravi les échelons de leur discipline jusqu’aux Jeux olympiques. Le cycliste Jules Béland fait partie de ces perles rares.
Au cours de sa brève, mais prolifique carrière, Jules Béland s’est forgé un palmarès impressionnant sur la scène internationale. Réputé pour sa combativité et sa ténacité en course, le Drummondvillois s’est qualifié pour les Jeux olympiques d’été de Mexico en 1968. Alors âgé d’à peine 20 ans, Béland a pris part à la course sur route ainsi qu’à l’épreuve du contre-la-montre par équipe.
«Ma carrière a été de courte durée, mais elle a tout le temps monté. Quand j’ai commencé, je ne pensais pas aux Jeux, mais assez jeune, j’ai fait partie de l’équipe du Canada. Quand j’ai vu que j’étais de calibre contre les coureurs des autres pays, j’ai pu me fixer ce but-là. Et quand je l’ai atteint, c’était comme la cerise sur le gâteau», raconte celui qui est aujourd’hui âgé de 69 ans.
Ayant également pris la 9e position aux Jeux panaméricains en 1967, Béland était toutefois davantage reconnu comme un coureur de longue distance. «J’ai gagné quelques courses d’une journée, mais les tours de plusieurs jours, c’était ma spécialité. J’ai participé au Tour du Mexique en 1966. C’était une course de 21 jours que je n’ai toutefois pas pu terminer en raison d’une chute», explique celui qui a également pris part à quelques épreuves dans les rues de sa ville natale.
Et quelles sont les qualités nécessaires pour atteindre les plus hauts sommets du cyclisme? «Il faut que tu sois fort physiquement, mais aussi mentalement. Ça va de pair. Moi, j’ai un caractère assez fort. J’ai toujours aimé me dépasser. J’aime le sentiment que me procure la victoire. Quand je courais, si je ne performais pas bien une fin de semaine, j’étais encore plus motivé après. C’est essentiel pour réussir.»
Laurent Chabot, un mentor
À plusieurs reprises durant sa carrière, Jules Béland a dédié ses victoires à son entraîneur Laurent Chabot. Lors de l’intronisation de son mentor au sein des Grands du sport, il avait d’ailleurs déclaré : «Laurent Chabot, il est comme une roue de mon vélo!» Celui qu’on surnomme le père du cyclisme à Drummondville est décédé en 2006, à l’âge de 81 ans.
«C’était un grand monsieur. C’est grâce à lui que j’ai commencé à faire du vélo. Son fils courait, alors il a réuni d’autres jeunes du quartier pour former une équipe. J’ai essayé ça avec eux, puis j’ai commencé à faire des courses juniors l’année suivante. M. Chabot faisait tout : il était notre entraîneur, notre chauffeur, notre mécanicien et notre masseur. Sans lui, je n’aurais pas eu les moyens de commencer le vélo en 1963, à l’âge 15 ans. Je lui dois presque tout.»
Du vélo au ski de fond
C’est en 1971, à l’âge de 23 ans seulement, que Jules Béland a mis un terme à une carrière déjà pleine de titres pour choisir la sécurité d’emploi à la brasserie Molson.
«À l’époque, c’était plus difficile de percer chez les professionnels. Il n’y avait pas autant d’ouvertures. J’ai fait un stage de trois mois en France, mais je n’étais pas soutenu par personne. Je devais tout payer de ma poche. Comme je n’avais aucune garantie, je suis revenu à Drummondville, où j’ai été livreur de bière pendant 40 ans. J’ai toujours travaillé dur, mais c’est un job que j’aimais», relate celui qui profite maintenant d’une retraite bien méritée aux côtés de son épouse Diane.
Véritable athlète dans le plus pur sens du terme, Jules Béland excellait également au judo, au karaté et au ski de fond, une discipline où il a d’ailleurs participé au championnat du monde des maîtres en 1989. «J’aurais aimé découvrir le ski plus jeune. Quand j’ai lâché le vélo, j’ai commencé à faire des marathons canadiens. C’est une randonnée de 160 kilomètres en deux jours dans le bois. Le ski a prolongé ma carrière d’athlète de quelques années.»
Encore aujourd’hui, le père de deux garçons et le fier grand-papa de cinq petits-enfants demeure très actif. «J’ai toujours aimé me garder en forme. Il faut que je bouge! Cet été, j’ai fait presque 6000 kilomètres de vélo. Bientôt, je vais le ranger et rentrer dans le gymnase», indique celui dont le nom a été accolé en 2016 à la Classique Jules-Béland, une épreuve provinciale disputée dans la campagne de L’Avenir.
Impressionné par Hugo Houle
Les yeux de Jules Béland s’illuminent lorsqu’on mentionne le nom d’Hugo Houle. Âgé de 26 ans, le cycliste de Sainte-Perpétue a participé aux Jeux de Rio de Janeiro en 2016.
«Hugo a beaucoup de talent. Je me rappelle l’avoir vu participer à une course à Drummondville quand il était jeune. On pouvait déjà voir toute sa fougue. Il est monté chez les professionnels au bon moment. C’est un bon coureur d’équipe. Il a beaucoup de courage. C’est dur, ce qu’il fait. Je connais tous les efforts nécessaires pour performer à ce niveau.»
Il faut dire qu’à l’époque de Jules Béland, le cyclisme ne bénéficiait pas de la même structure qu’aujourd’hui. «L’alimentation, les méthodes d’entraînement, ce n’était pas pareil. Maintenant, c’est rendu très technique. Dans mon temps, on s’entraînait comme on pouvait. Le cyclisme a beaucoup évolué, comme les autres sports d’ailleurs. C’est pourquoi on dit souvent que les records sont faits pour être battus», conclut celui qui a été intronisé au Temple de la renommée du cyclisme québécois en 1997 et au Panthéon du sport de Drummondville en 2010.
D’autres perles olympiques d’ici…
– Rosaire Smith (haltérophilie, Londres 1948; Helsinki 1952)
– André Renart (aviron, Montréal 1976)
– Serge Boisvert (hockey, Calgary 1988)
– Nancy Drolet (hockey, Nagano 1998)
– Sébastien Groulx (haltérophilie, Sydney 2000)
– Benoit Gaudet (boxe, Athènes 2004)
– Jessica Dubé (patinage artistique, Turin 2006; Vancouver 2010)
– Pierre-Alexandre Rousseau (ski acrobatique, Vancouver 2010)