Lors d’une récente semaine de vacances, où je n’avais rien de prévu, je me suis surpris à apprécier ce vide intersidéral dans mon univers habituel d’auto-boulot-dodo dont, pourtant, je n’arriverais pas à me plaindre, tant et tellement j’adore cette profession de journaliste.
À quoi pense-t-on dans les premières secondes suivant le réveil? À ce qu’on a à faire aujourd’hui bien sûr. Le premier plaisir arrive précisément à ce moment où on réalise que l’agenda indique zéro activité et qu’il le demeurera pour toute la semaine.
Même les arômes de café semblent plus parfumés que d’habitude. Mais non, ce n’est pas vrai puisque c’est le même bouquet que la veille. C’est juste que la psychologie du bien-être corporel et mental commence à faire son œuvre. Bienvenue dans le monde merveilleux du rien à faire.
Après le petit-dej vient une autre libération, celle de la tenue vestimentaire. Pas de questions interminables ici. Elle sera décontractée. Après une écoute attentive du chant des oiseaux, ce que, admettez-le, vous n’avez pas le temps de faire le reste de l’année, et un repérage du temps qu’il fera, une première interrogation se dessine tout doucement: qu’est-ce que j’ai le goût de faire aujourd’hui? Aller dans le Vieux-Québec? Ok, pour le Vieux-Québec. Là j’avoue que le fait de ne pas avoir prévu ce déplacement peut obliger à revenir chez soi le soir même. À moins d’avoir l’esprit Woodstock un peu!
Il se peut très bien aussi que l’on reste à ne rien faire. Oui oui, ça se peut. L’art de ne rien faire n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Ce n’est pas comme s’enfermer dans un abri antitechnologique, loin des sonneries. Une des difficultés est de se déculpabiliser. Pas facile en effet de se convaincre qu’on pourrait faire quelque chose d’utile au lieu de niaiser. Mais il faut tenir bon afin de respecter le concept de farniente qui vient de l’Italien "fare niente" (ne rien faire).
Et puis arrive comme ça, sans crier gare, le moment de la sieste. Ne riez pas. Dany Laferrière, dans son livre «L’art presque perdu de ne rien faire» écrit ceci: «On m’apprend que la vie trépidante d’aujourd’hui ne peut tolérer cette perte sèche de temps qu’est la sieste, ce qui est une erreur, car cette pause dans le cours du jour nous rend plus sensibles aux autres – et moins obsédés par nous-mêmes. La sieste est une courtoisie que nous faisons à notre corps exténué par le rythme brutal de la ville».
Le moment le plus délicieux de la journée se pointe à peu près au milieu de l’après-midi. Sans le savoir, on se place dans les meilleures conditions pour savourer la période à venir. Qu’ai-je le goût de manger? Un verre de vin n’est pas inapproprié ici pour aider à réfléchir aux réponses possibles. Après tout, il doit être 16 heures quelque part dans le monde. Sinon, on peut toujours se faire un petit resto. Pourquoi pas? On est en vacances ou on l’est pas…
Bon, je ne vous ai pas tout dit. En ce qui me concerne, les enfants sont partis. Mais pour une famille, la même atmosphère zen ne convient pas tout à fait. Mais quand même, pourquoi ne pas prévoir cet été pour les enfants et surtout pour les parents une journée à ne rien faire?