Même s’il ne dévale plus les pentes de ski acrobatique à travers le monde, Pierre-Alexandre Rousseau est toujours dans l’action.
Le Drummondvillois aujourd’hui âgé de 37 ans est professeur à temps plein à l’école de parachutisme Voltige de Guillaume Lemay-Thivierge, à Joliette. Il est aussi actif dans l’événement annuel "Jackalope" où il saute depuis le mât du stade olympique et il s’acquitte sérieusement de son rôle de mentor auprès de quelques athlètes, dont le champion bosseur Mikaël Kingsbury et deux jeunes Drummondvillois au talent fort prometteur, Elliot Vaillancourt, en ski acrobatique, et Carolane Savage, en ski alpin.
«L’école de parachutisme m’occupe cinq jours par semaine. Je fais environ 500 sauts par année. Je suis installé à Joliette dans un "camping-car" et j’ai toujours mon appartement à Drummondville. Un événement que j’aime beaucoup aussi est le "Jackalope", c’est un festival de sports d’action qui se déroule sur l’Esplanade du Parc Olympique. Ça aura lieu les 18, 19 et 20 août cette année. Comme l’an dernier, nous serons une dizaine à sauter du mât du stade, ce qu’on appelle le "jump-off" alors que le parachute s’ouvre immédiatement lors du saut. C’est très impressionnant», de relater celui qui n’en est pas à ses premières sensations fortes si l’on considère ses 23 podiums en carrière.
PA, comme le nomment ses proches, est grandement dédié à son rôle de mentorat. Il jase régulièrement avec Mikaël Kingsbury, qui s’illustre déjà avec 59 podiums en Coupe du monde, dont 38 victoires en 76 départs, sans compter une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Sotchi derrière son compatriote Alexandre Bilodeau.
Mais ses yeux brillent lorsqu’il parle des jeunes Vaillancourt et Savage. «Elliot a tout ce qu’il faut et il fait son sport pour les bonnes raisons. Cette saison sera cruciale pour lui. En ce qui concerne Carolane Savage, elle n’a que 15 ans et elle a déjà tout gagné sur le circuit québécois de ski alpin. Elle est exceptionnelle», se dit-il d’avis.
Pierre-Alexandre Rousseau, qui a toujours porté une attention particulière à sa préparation mentale autant que physique, est passionné par les possibilités du cerveau humain. «La préparation mentale est un facteur important dans la réussite sportive. J’ai participé à un séminaire en octobre dernier et j’ai réalisé que j’ai des connaissances que je peux enseigner en raison de mon expérience. Et je suis à préparer, autant en anglais qu’en français, une documentation sur la compréhension profonde de la préparation en compagnie de Paul Gagné qui est posturologue et préparateur physique. C’est un travail de longue haleine mais ce sera de qualité supérieure. L’idée sera d’enseigner, d’expliquer pourquoi tu n’arrives pas à le faire alors que d’autres le réussissent et de corriger tes erreurs. J’espère que notre affaire sera prête à mettre en ligne au mois de septembre», souhaite-t-il.
L’accident
On sait qu’en 2002, un grave accident de ski aurait pu mettre fin à sa carrière. Il s’est fracturé le cou un mois avant les Jeux olympiques de Salt Lake City, où il faisait figure de favori. Malgré cela, il remonte sur les pentes et en 2007, il remporte l’or aux Championnats du monde. Une nouvelle chute lui cause une fracture de l’omoplate en 2008, mais sa détermination lui permet de revenir en compétition pour arracher une 5e place aux Jeux de Vancouver en 2010. Il prend sa retraite en 2012.
Il dit avoir beaucoup appris de ça. «J’ai dû prendre évidemment une longue pause. Je suis revenu et j’ai dû me reconstruire d’une certaine façon. Je me suis rendu compte que ce "break" a été bénéfique. Je le conseille aux athlètes. Prendre une bonne pause durant la saison permet d’effectuer un retour en corrigeant des mauvaises postures ou des mauvais mouvements qui ne se corrigent pas autrement. Certains ne veulent pas arrêter et il faut dire que ce n’est pas le système de tous les sports qui le permet. Mais je crois que cela sera de plus en plus considéré par les entraîneurs et leurs athlètes. Je l’ai recommandé à Mikaël Kingsbury qui l’a mis en application cette année».
Force est de constater que Pierre-Alexandre Rousseau, dont une piste porte son nom au Mont-Sainte-Anne, tout comme un des gymnases à l’école Jean-Raimbault, a amorcé d’intéressantes réflexions sur le sport, surtout sur le ski évidemment, et sur les bonnes manières de se préparer. «À 30 ans, se souvient-il, j’ai vu que je continuais à apprendre et à acquérir des connaissances même si je n’étais plus aussi compétitif. Je me suis dit: c’est incroyable comme je ne savais rien de mon sport lorsque j’ai été champion du monde…»