JUSTICE. Après le procès de cinq jours qui s’est tenu en février dernier au palais de justice de Drummondville, la famille Cloutier et la ferme BSC attendent toujours la décision du juge Paul Dunnigan. Quoi qu’il en soit, la fête du Mouton n’aura pas lieu sur les terres familiales de L’Avenir cette année, pour la première fois depuis une dizaine d’années.
D’après la nièce de Michel Cloutier et porte-parole de la famille, Sonia Cloutier, c’est principalement une question d’assurances. «La compagnie ne voulait pas l’assurer s’il ne signait pas un document comme quoi il ne tiendrait pas la fête sur sa ferme, expose-t-elle en référence à son cousin et propriétaire de la ferme BSC, Jonathan Bélanger-Cloutier. Il n’a pas vraiment eu le choix, sinon qui l’aurait assuré ?»
Rappelons qu’en septembre, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) avait effectué la saisie de plus de 80 bêtes appartenant à Michel Cloutier et à la ferme BSC en raison d’infractions à la Loi sur le bien-être et la santé des animaux et à la Loi sur la protection sanitaire des animaux. Particularité : cette opération s’est déroulée la même journée que les festivités de la fête musulmane d’Aïd-al-Adha, ou la fête du Mouton, alors que la ferme de L’Avenir est l’une des seules à accueillir ces festivités au Québec.
Toutefois, selon ce que l’avocat de la défense, Me Lacoste, avait affirmé à L’Express en février, les accusations n’auraient pas de lien avec la fête. «C’est une coïncidence qui peut porter à confusion. Il s’agit d’un cas très particulier.»
Cependant, les frais de gardiennage continuent de monter. «Ça s’élève à 3000 $ par semaine depuis la saisie en septembre, rapporte Sonia Cloutier. D’après nous, on arrive à la faillite si ça continue comme ça. C’est sûr et certain. Nous sommes des agriculteurs, nous n’avons pas fait assez d’argent pour assumer des coûts comme ceux-là.» Selon nos estimations, cela équivaut maintenant à un total tournant autour de 100 000 $. Mentionnons que les amendes qui pourraient être imposées à Michel Cloutier et la ferme BSC se chiffrent elles aussi autour de 105 000 $.
La poursuite, en la personne de Me Marie-Christine Simard, entend réclamer que la famille paie le gardiennage des bêtes, quelle que soit la décision du juge. «Nous nous sommes référés à la loi. Même si c’est malheureux, la mise en faillite de l’entreprise agricole ne devrait pas être prise en considération en regard des infractions soumises», avait-elle affirmé en février dernier.
Si l’attente n’est pas évidente, Sonia Cloutier affirme que sa famille et elle sont réalistes quant au sort de la ferme. «C’est un coup dur, ça c’est clair. Nous avons voulu bien faire, ce n’est pas notre genre d’être des hors-la-loi. Mais vaut mieux voir la réalité en face.»
La porte-parole désignée affirme que la ferme BSC entend suivre une voie plus traditionnelle. «Jonathan a décidé d’aller plus dans le sens de la normalité en commençant à élever une espèce de porc particulière. Il en fait juste assez pour subvenir à ses besoins», témoigne-t-elle.
La décision du juge Paul Dunnigan devrait être rendue par écrit d’ici la fin de l’été.