RÉGIONAL| Même s’il n’y est pas contraint puisqu’il est accusé, Bernard Beaudet témoignera, aujourd’hui, lors de son procès. Dernier témoin à se faire entendre, il soldera sa défense par son propre interrogatoire devant la juge Guylaine Tremblay, de la Cour du Québec.
L’ex-directeur du Service de sécurité incendie de Warwick fait face à six chefs d’accusation, dont vol, fraude, abus de confiance et usage de faux documents entre mars 2010 et mars 2014. Avant son témoignage, on fera entendre le pompier volontaire Michaël Martel, un employé de la station-service Ultramar, où font le plein les véhicules du Service de sécurité incendie, ainsi que l’enquêteur de l’Unité permanente anticorruption en charge de l’enquête, Maxime Bouchard.
Depuis lundi, la procureure de la couronne, Me Isabelle Roy, a questionné en long et en large chacun des témoins sur le système de cartes de crédit utilisées pour faire le plein des véhicules appartenant à la Municipalité. Aucun d’entre eux, jusqu’ici, n’a cependant dit explicitement devant la Cour que Bernard Beaudet aurait usé de ces cartes à des fins personnelles.
Me Roy a aussi insisté sur le code d’éthique qui prévalait à l’époque des faits allégués au sein du personnel de la Municipalité. On a appris, notamment, que tous les employés, cadres et élus, ont suivi une formation sur l’éthique en 2013 prodiguée par l’avocate spécialisée en droit municipal Bernadette Doyon.
Par ses questions aux témoins, la procureure a aussi mis en lumière le système de remboursement des dépenses des cadres. Tous les témoins ont confirmé qu’il n’y avait aucune façon de vérifier les dépenses réclamées pour l’usage d’une voiture personnelle sur la base de la distance parcourue, contrairement aux repas et à l’hébergement, qui nécessitaient une preuve.
«Maintenant, on fait nos propres vérifications lorsque c’est possible à l’aide de Google Map pour voir si le kilométrage concorde», a raconté la quatrième témoin, Jacqueline Vallée, adjointe à la directrice générale Lise Lemieux et attitrée à la comptabilité ainsi qu’à la facturation.
Celle-ci a également rappelé l’histoire qui a mis la puce à l’oreille du maire Diego Scalzo à l’époque. Bernard Beaudet aurait demandé à Mme Vallée de préparer une cessation d’emploi du pompier volontaire Michaël Martel en raison du manque de travail. «M. Martel m’a contacté pour dire que je m’étais trompé dans mon calcul par rapport au tarif», a-t-elle expliqué.
En fait, M. Beaudet aurait falsifié un rapport d’intervention, plaçant M. Martel sur les lieux d’un incendie au taux horaire de 26 $ au lieu d’être à la caserne à 18 $ de l’heure, selon la fourchette de rémunération préétablie au sein du Service.
«Un peu plus tard, le bureau du chômage m’a appelé puisque nous n’avions pas la même version. M. Martel disait avoir été congédié alors que sur la cessation d’emploi, on parlait de manque de travail», a-t-elle ajouté.
Tout juste avant l’interrogatoire de Mme Vallée, qui s’est déroulé rondement, l’avocat de Bernard Beaudet, Me Mathieu Camirand, a contre-interrogé la directrice générale Lise Lemieux. Il a notamment questionné la fonctionnaire sur le fait que, malgré les nombreux problèmes rencontrés avec son chef pompier à l’époque, il n’ait pas eu davantage de mesures disciplinaires imposées, outre une suspension sans solde d’une semaine ainsi qu’un gel salarial.
Me Camirand a aussi demandé à la directrice s’il serait contraire aux règles de venir au palais de justice avec le véhicule du Service des travaux publics de la ville de Warwick. L’avocat prétend que le directeur de ce Service, Fransois Martel, ait assisté à chacune des deux premières journées d’audiences et qu’il se serait déplacé à l’aide de ce véhicule, l’ayant vu dans le stationnement. Mme Lemieux a confirmé avoir vu M. Martel dans la salle, sans cependant pouvoir confirmer quel a été son moyen de transport.
Elle a reconnu, cependant, qu’il n’aurait pas été permis d’utiliser ce véhicule dans de contexte si tel était le cas. Le procès reprendra ce matin.