La santé physique des jeunes inquiète

La santé physique des jeunes inquiète
Les écoles privées du Québec se réuniront à Drummondville pour parler de «sextos» en milieu scolaire. (Photo : photo d'archives)

SANTÉ. La santé des jeunes du primaire et du secondaire de la région de Drummondville est en constante baisse depuis plusieurs années, selon Mario Sévigny, enseignant d’éducation physique à l’école la Poudrière.

Enseignant depuis 35 ans, M. Sévigny n’a pas été surpris de lire des statistiques publiées récemment dans La Presse prouvant que le VO2 max des jeunes, la valeur mesurant les capacités cardiorespiratoires, est en baisse de près de 10 % depuis quelques années. «Ces chiffres sont très décevants, mais je ne suis aucunement surpris, confie-t-il. Ils sont même moins pires que la réalité. Les programmes tels que le sport-études et Édu Plus améliorent les données», explique celui qui est aussi le représentant du Centre-du-Québec de la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ).

Selon cet enseignant, la sortie de ces statistiques est un «wake up call» pour le gouvernement québécois. «On est content que le gouvernement ait lancé sa politique de santé physique au primaire, mais encore faut-il qu’il y ait un pont entre le primaire et le secondaire», relate l’enseignant d’éducation physique. La politique de l’activité physique vise à faire bouger les jeunes de 6 à 11 ans une heure par jour.

Ce phénomène est également perçu au collégial. «Les jeunes sont de plus en plus occupés et ne parviennent pas à trouver du temps pour bouger», observe Patrice Marcoux, enseignant d’éducation physique au Cégep de Drummondville. Au cours de ses cinq années d’enseignement, M. Marcoux a remarqué une baisse générale de la condition physique de ses élèves. «Certains étudiants ne parviennent pas à compléter un tour de piste de 400 mètres sans marcher», affirme-t-il.

«Pas assez de cours»

«Au secondaire, outre les programmes spécialisés, il n’y a pas assez de cours d’éducation physique, déplore Mario Sévigny. Comment veux-tu inciter les jeunes à faire de l’activité physique s’ils n’ont qu’une heure de cours par semaine et parfois même une heure par deux semaines?»

En début d’année, M. Sévigny observe la capacité physique de ses élèves. «Sur un exercice de deux kilomètres, il n’y a pas la tiers des jeunes qui le complète sans marcher. C’est désastreux!», soulève-t-il. Selon lui, les élèves passent trop de temps assis devant un bureau à prendre des notes. «C’est un gros problème du système d’éducation québécois, ajoute-t-il. L’école ne réussit pas à donner le goût de bouger aux jeunes.»

Pour régler le problème de sédentarisation des jeunes, la première solution qui vient à l’esprit serait d’ajouter des cours d’éducation physique, mais ce n’est pas si simple. «Si on ajoute un cours d’éducation physique, on doit en enlever un autre. Mais quel cours est-ce qu’on peut enlever?», questionne le représentant régional de la FÉÉPEQ.

Les matières comme le français, les mathématiques, l’anglais et l’histoire sont difficilement déplaçables. «Évidemment, aucun autre cours ne veut perdre des heures, soutient-il. Ce qui me préoccupe c’est que pour obtenir leur diplôme, les élèves doivent réussir le cours d’éducation physique ou le cours d’éthique et culture religieuse. Alors on se retrouve avec des jeunes qui n’accordent aucune importance à l’éducation physique.»

Phénomène inquiétant

Depuis quelques années les appareils électroniques prennent de plus en plus de place en particulier dans la vie des jeunes. «Ça nuit considérablement au développement physique du jeune surtout lorsqu’ils possèdent un cellulaire à 12 ou 13 ans», remarque Mario Sévigny.

Il observe plusieurs élèves qui sont sur leur téléphone à chaque récréation et une bonne partie de l’heure du dîner : «les jeunes ne sont pas éduqués avec les bonnes valeurs. Ils n’ont pas appris à développer de saines habitudes de vie et c’est ce qui m’inquiète le plus.»

«Aujourd’hui les élèves du secondaire sont constamment devant un écran, poursuit-il. Du matin jusqu’à la fin de l’école, les jeunes sont souvent penchés sur leur téléphone et, en arrivant à la maison jusqu’à l’heure du coucher, ils passent du temps devant l’ordinateur, les jeux vidéo et la télévision. Et une fois dans le lit, ils reprennent leur cellulaire».

Selon Patrice Marcoux, le temps que les jeunes passent devant les écrans est néfaste. «Les sports de tablettes prennent beaucoup de temps dans l’horaire de certains étudiants», observe-t-il.

Mario Sévigny n’est pas surpris de constater la hausse des maladies physiques en bas âges. «C’est triste de voir que certains élèves souffrent de maladies qu’on voit normalement chez les 50 ans et plus, souligne-t-il. C’est d’autant plus triste de voir un jeune arriver avec un billet du médecin qui l’empêche de participer au cours». Selon lui, la plupart des billets du médecin ne sont pas totalement justifiés. Il cite un exemple où un jeune ayant mal au bras ne participe pas à son cours. «Je l’aurai fait courir ou pédaler pour qu’il fasse un minimum d’activité physique.»

Cet éducateur avance même que certains élèves se présentent à aucun cours pendant l’année. «Il y a des noms sur ma feuille de présence auxquels je ne peux pas associer de visage, mentionne-t-il. Et ils obtiennent tout de même leur diplôme, ça me désole». Présentement, les élèves n’ont besoin que d’une motivation d’un parent pour s’absenter d’un cours. M. Sévigny croit que les enseignants devraient pouvoir faire un suivi des jeunes qui s’absentent.

Selon Patrice Marcoux, les enseignants ont la responsabilité de sensibiliser les jeunes aux saines habitudes de vie. «Il faut les sensibiliser avant qu’ils adoptent de mauvaises habitudes pour la vie».

«La meilleure chose à faire pour prévenir les maladies, c’est de bouger au moins une heure par jour, insiste Mario Sévigny. Des projets comme le Grand défi Pierre Lavoie et les programmes Édu-Plus et Fillactive sont des pièces importantes pour la remise en santé des jeunes.»

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