RÉGIONAL| «Penser que les médecins prendront soin de vous, c’est faux. Si vous ne faites rien, vous vous mettez dans de bien mauvais draps. Il n’est pas dit que ça va être agréable et que ça va vous sauver!» Survivante de trois cancers, la journaliste Josée Blanchette milite, en quelque sorte, pour que les patients deviennent des «experts».
Auteure de l’essai qui a fait grand bruit l’automne dernier Je ne sais pas pondre l’œuf, mais je sais quand il est pourri, surtout après son passage à l’émission Tout le monde en parle, la journaliste du Devoir était récemment de passage au Centre-du-Québec, au Complexe Sacré-Cœur de Victoriaville.
Invitée par la naturopathe Annie Fournier, elle entamait ainsi une série de conférences intitulées «Bien traités, mal soignés : notre responsabilité face au cancer». Quelque 70 personnes y ont assisté, plusieurs étant affligés par un cancer. Elle a bien précisé que sa conférence n’était pas «prescriptive», qu’elle ne possédait pas la «recette» de guérison, qu’elle ne voulait pas généraliser.
À 53 ans, après avoir traversé une dysplasie du col de l’utérus, un cancer de la peau et un autre colorectal, elle s’est «radicalisée» comme lui a dit son fils et a entièrement révisé son mode de vie, surtout son alimentation. Même si elle était déjà végétarienne, elle a fait disparaître de ses aliments, le lait de vache, le gluten, le sucre, les produits transformés (plus de trois ingrédients) pour introduire fruits et légumes et végétaux crus.
La «recette» d’un mode de vie de sain (cinq portions de fruits et de légumes et 30 minutes d’activité physique) tout le monde la connaît, a-t-elle dit, mais peu l’appliquent.
Elle a ajouté que ne comportaient pas d’effets secondaires, la pratique du jeûne nocturne (13 heures sans manger entre le souper et le déjeuner), du yoga, de la médication, l’aspirine à faible dose, la vitamine D. Si elle devait résumer son message, il ne tiendrait qu’en deux conseils, «se prendre en main et poser des questions».
Le pouvoir des patients
«Avec vous, Mme Blanchette, on marche sur des œufs» lui a déjà dit son oncologue. «Les médecins devraient marcher sur des œufs avec vous aussi», a-t-elle ajouté. Tout en spécifiant qu’elle ne blâmait ni les médecins – «mon père l’était» – ni les journalistes – «j’en suis» – ni les malades, elle déplore qu’on parle bien davantage de traitements que de prévention et de postvention, le curatif étant plus spectaculaire. «Les gens ont du pouvoir.»
Ce n’est cependant pas dans un Québec gouverné par des docteurs Couillard et Barrette, a-t-elle lancé, qu’il s’ouvrira à autre chose, a-t-elle répondu à un homme atteint de cancer cherchant des traitements alternatifs.
On ne lui vendra jamais de jonquilles ou on ne l’invitera pas à devenir une porte-parole de la Société canadienne du cancer, a-t-elle admis, répondant qu’on ne savait pas exactement à quelle recherche est voué l’argent amassé.
Indignée
Par ses remises en question des traitements, s’insurgeant contre le lobby des pharmaceutiques, le «marché» de la chimiothérapie, du «surdiagnostic», de la multiplication d’examens inutiles et coûteux, de gens abusés par les traitements, le manque d’ouverture à la médecine intégrative, Josée Blanchette a manifesté ce qui l’a incitée à écrire son livre. L’indignation.
C’est un «geste citoyen» que la journaliste dit avoir posé, ayant mené un travail d’enquête et de recherche durant deux ans. Le cancer est un problème de santé publique, dit-elle. Il fait peur. Tant aux médecins qu’aux patients qui ont tous besoin d’être rassurés. Or, la peur est mauvaise conseillère, a-t-elle ajouté. Les médecins ont la «chienne» des poursuites et ceux qui commencent à s’ouvrir sont des jeunes, des femmes, des immigrants, soutient-elle.
Tant dans son ouvrage que par sa conférence, elle a livré les résultats de plusieurs études afin de démontrer que les traitements du cancer n’avaient pas fait autant d’avancées, que sont balayées du revers de la main celles qui abordent la médecine intégrative, qui documentent les cas de rémission. Ce qui est inexplicable maintenant, s’expliquera peut-être un jour, croit-elle.
L’espoir que veut distiller la médecine conventionnelle coûte cher, a-t-elle ajouté. Et coûtera de plus en plus cher avec l’augmentation des traitements d’immunothérapie, encore plus onéreux que les autres. Au-delà de ce qu’il projette dans l’organisme de la personne qui en est atteinte, le cancer projette des «métastases» sur le couple, sur les proches aidants, sur les finances personnelles et publiques, sur la société.
Les gens à qui on assène un diagnostic de cancer doivent pouvoir consentir de façon éclairée aux traitements qu’on leur propose, conclut-elle. Pour cela, il leur faut s’informer et questionner leur médecin… et ne rien entreprendre sans lui en faire part.
La rémission?
La chercheuse Kelly A. Turner, spécialisée en oncologie et consultante en médecine intégrative, a analysé un millier de cas de rémission radicale et en a tiré des pratiques qui, couplées aux traitements classiques, auraient pu y contribuer. Son ouvrage s’intitule «Rémission radicale». S’en inspirant, Josée Blanchette a énuméré une dizaine de facteurs : changer radicalement son alimentation; prendre sa santé en main; suivre son intuition, recourir à des suppléments et plantes médicinales, libérer ses émotions refoulées, cultiver ses émotions positives, avoir du soutien moral, approfondir sa spiritualité, avoir de bonnes raisons de vivre… et faire de l’exercice tous les jours.