HOCKEY. «Les erreurs sont les portes de la découverte», a déjà dit le poète irlandais James Joyce. Près de trois mois après le tremblement de terre qui a secoué sa vie, Pierre Bergeron accepte son sort avec sérénité et prétend avoir tiré des leçons de cette pénible expérience.
Arrêté pour ivresse au volant alors qu’il reconduisait deux joueurs à leur pension, Bergeron a démissionné de son poste d’entraîneur-adjoint du Titan d’Acadie-Bathurst en septembre dernier. Le Drummondvillois avait été engagé par l’organisation néo-brunswickoise seulement quelques mois plus tôt.
«Coacher dans la LHJMQ, c’était un rêve pour moi. Je ne fais pas une croix dessus, mais je dois le mettre en veilleuse. J’ai travaillé longtemps pour atteindre ce rêve et je l’ai gâché par ma propre faute. Le fait d’être victime de moi-même, c’est le plus difficile à accepter dans toute cette histoire», a confié Bergeron dans une entrevue exclusive accordée à TC Média.
Durant les premières semaines suivant ces événements, Bergeron est passé par toute la gamme des émotions. L’homme de 29 ans a d’abord dû accepter la situation et se pardonner à lui-même.
«C’était dur pour le moral. Je m’en voulais d’avoir fait subir ça à l’organisation du Titan, mais aussi à ma famille. Ça m’a brisé le cœur de leur annoncer ça. En même temps, mes proches m’ont supporté comme jamais là-dedans.»
Plutôt que de reléguer complètement ce sombre épisode aux oubliettes, Bergeron a compris qu’il pouvait en tirer profit.
«J’ai compris que ce n’est pas forcément une mauvaise affaire. Rien n’arrive pour rien dans la vie. J’ai fait une erreur, mais je ne suis pas une mauvaise personne pour autant. Ma proximité avec les joueurs, c’était l’une de mes forces, mais c’est devenu une faiblesse parce que je l’ai mal jaugée. Mario Pouliot m’a dit que ce n’était pas si grave de faire une erreur. Le plus important, c’est de ne pas la répéter.»
En seulement deux mois à Bathurst, Bergeron aura d’ailleurs emmagasiné de précieux apprentissages aux côtés d’un homme de hockey de la trempe de Mario Pouliot. «C’est un coach qui travaille d’arrache-pied. J’ai pu constater qu’il me manquait encore une coche de rigueur dans mon éthique de travail. Si la chance de coacher dans la LHJMQ se représente pour moi un jour, je vais être prêt», a-t-il assuré.
De façon plus globale, cette histoire aura permis à Bergeron de remettre sa vie en perspective. «Je suis un gars très intense. Avant, j’étais d’abord un coach de hockey et ensuite un être humain. Aujourd’hui, je travaille pour être un humain proche de ses amis et de sa famille, et ensuite un coach. Ça prend un certain équilibre de vie pour mieux encaisser les coups durs.»
C’est d’ailleurs pour cette raison que Bergeron a choisi de retourner sur les bancs d’école. Il profitera des prochains mois pour compléter son baccalauréat en communication à l’université d’Ottawa. «La vie continue. Aujourd’hui, je m’occupe plus de ma propre personne. Je prends soin de ma santé. Compléter mon diplôme me permettra d’avoir une certaine sécurité d’emploi au-delà du coaching.»
En parallèle, Bergeron soutient le personnel d’entraîneurs des Cascades de la structure Drummond/Bois-Francs dans la catégorie bantam AAA relève. L’ancien pilote du Canimex midget espoir de l’école Marie-Rivier continue également de conseiller les hockeyeurs élites de la région par l’entremise de son académie de hockey.
«J’aime vraiment ça! Ma passion, c’est de m’impliquer pour amener le jeune le plus loin possible à l’intérieur de son talent. Ma paye, c’est quand une fille comme Audrey-Anne Veillette m’appelle pour me dire qu’elle a été choisie dans Équipe Canada. Ça fait quatre ans qu’on visualisait ce moment! Je ressens la même chose quand je vois des gars comme William Vadnais, Ismaël Landry, Olivier Desjardins et Zachary Lavigne avoir du succès dans le midget AAA et la LHJMQ. Il n’y a rien qui me rend plus fier que de voir un joueur réussir à performer à la hauteur de ses objectifs», a conclu l’ancien capitaine des Remparts de Québec, avec qui il a soulevé la coupe Memorial en 2006.