Bouchard invite les entraîneurs à s’allier avec les parents

Bouchard invite les entraîneurs à s’allier avec les parents
Joël Bouchard et Paul Ménard étaient de passage à Drummondville samedi dans le cadre d'un colloque de Hockey Québec.

HOCKEY. Les entraîneurs du hockey mineur auraient intérêt à mettre en place un partenariat véritable avec les parents des jeunes qu’ils dirigent au quotidien. C’est l’essence du message transmis par Joël Bouchard lors de sa conférence prononcée au Centrexpo de Drummondville, samedi.

Prononcé dans le cadre du colloque des associations de hockey mineur de Hockey Québec, ce discours était le premier de Bouchard dans son nouveau rôle de conseiller expert au développement du joueur au sein de la fédération provinciale. Simple et spontané, l’ancien hockeyeur professionnel n’a pas formulé un seul mot sur les stratégies à employer à l’entraînement ou en situation de match. Il a d’abord capté l’attention des quelque 250 entraîneurs réunis sur place en partageant sa propre expérience dans le hockey mineur.

«J’ai été chanceux. J’ai grandi dans un environnement familial extrêmement sain. J’avais du plaisir à jouer au hockey. Mes parents encourageaient ma sÅ“ur et moi de façon égale, chacun dans notre sport. Ils n’ont jamais essayé de jouer au coach. Le plus important pour eux, c’était que je maintienne une moyenne de 80 % à l’école. Je savais compter et je m’arrangeais pour y arriver, parce que je voulais continuer à jouer au hockey», a-t-il raconté.

Le grand manitou de l’Armada de Blainville-Boisbriand, qui s’implique à la fois dans une académie de hockey pour les jeunes ainsi que dans le programme d’excellence de Hockey Canada, a rappelé l’importance des associations de hockey mineur dans le développement sportif et humain des jeunes.

«Vous êtes à la base de la pyramide. Moi, je gère ceux qui arrivent en haut. On doit avoir en tête que le but ultime, ce n’est pas d’atteindre la Ligue nationale. C’est plutôt de faire triper les jeunes le plus longtemps possible, en leur donnant les outils nécessaires pour se développer. On veut d’abord en faire des individus forts, mais pour ça, il faut que le hockey reste un jeu. Vous êtes à la base de cet environnement sain.»

Au-delà de l’aspect technique ou tactique du métier d’entraîneur, Joël Bouchard a insisté sur la nécessité de créer un partenariat avec les parents des joueurs. L’objectif : transformer le hockey en une expérience familiale saine.

«C’est votre responsabilité. Moi-même, j’organise des rencontres de parents dans la LHJMQ (Ligue de hockey junior majeur du Québec). Je les implique dans le processus. Je n’ai pas le choix, car si les parents n’embarquent pas, le jeune n’embarquera pas. Les parents doivent comprendre ce qu’on fait. On doit les éduquer, leur expliquer les leçons de vie qu’on inculque à leurs enfants. Autant vous devez enseigner aux jeunes, autant vous devez enseigner aux parents. Je sais que c’est exigeant, mais c’est le nerf de la guerre.»

Aux yeux de Bouchard, l’un de plus importants problèmes des jeunes hockeyeurs québécois d’aujourd’hui, c’est qu’ils n’ont pas rencontré assez d’adversité avant d’atteindre le hockey junior majeur.

«Vous seriez surpris du nombre de jeunes de 16 à 20 ans qui pleurent dans mon bureau. Ils n’ont plus de plaisir à jouer au hockey. Leurs parents les ont trop protégés contre l’adversité, au lieu de leur apprendre à la gérer. Parfois, quand je fais une entrevue avec un jeune, c’est même le parent qui répond à sa place!»

«Les parents, l’adversité, la bonne attitude… tout ça va ensemble. Comme entraîneurs, votre mission, c’est de transmettre votre passion. Je vous demande d’embarquer les parents dans le côté sain et positif du hockey. Aux jeunes, vous devez leur donner les outils pour faire face à l’adversité sans perdre le plaisir de jouer au hockey.»

Une critique constructive

L’embauche de Joël Bouchard en tant que conseiller expert est l’un des premiers gestes posés par le nouveau directeur général de Hockey Québec, Paul Ménard. Elle permettra à l’organisation d’obtenir un point de vue extérieur et neutre sur ses activités afin d’y apporter les corrections nécessaires.

«J’ai un bon pouls du hockey au Québec et au Canada. Je suis donc là pour partager mon opinion et mes conseils. Je ne ferai pas de politique. Critiquer, pointer du doigt et blâmer tout le monde, c’est facile. Moi, j’aime mieux faire partie de la solution», a expliqué Bouchard lorsque rencontré au terme de sa conférence.

«Vous savez, quand on fait du développement, on est souvent très près de l’arbre, a renchéri Paul Ménard. C’est bon d’avoir des yeux extérieurs, des yeux qui ne sont pas dans notre routine quotidienne. Avec sa vaste expérience sur la scène internationale, Joël va être en mesure de nous apporter une critique constructive.»  

À l’écoute de la LHPS

Questionné au sujet du conflit qui perdure avec la Ligue de hockey préparatoire scolaire (LHPS), Paul Ménard s’est dit plus ou moins satisfait de sa récente rencontre avec le nouveau président du circuit, Mathieu Darche, dont il a d’ailleurs été question dans un article de L’Express. D’autres discussions entre les deux hommes sont prévues au cours des prochaines semaines.

«Notre rencontre a été positive, mais il reste maintenant à savoir ce à quoi la LHPS s’attend de nous. On veut savoir ce qui a été l’élément déclencheur dans leur décision de sortir du protocole d’entente qu’on avait signé avec eux. Est-ce vraiment la question de la mise en échec ou est-ce plus large?», s’est-il questionné.

«De mon côté, je ne vois pas pourquoi la LHPS ne pourrait pas se joindre au RSEQ (Réseau du sport étudiant du Québec) pour faire du hockey scolaire à l’intérieur de notre fédération. Ça ferait en sorte que tous les joueurs auraient accès à nos programmes.»

Disant partager l’avis de Darche lorsque ce dernier affirme que le hockey mineur a besoin de changement, le dg de Hockey Québec l’a toutefois enjoint à préciser sa pensée.

«Si on n’était pas ouverts au changement, on n’organiserait pas un colloque avec nos associations dans le but de préparer notre prochaine planification stratégique. On n’aurait pas demandé non plus à un conseiller expert de surveiller nos activités. Des démarches pareilles, on va avoir de plus en plus.»

«Au bout du compte, ce que je trouve regrettable, c’est que Mathieu Darche, avec sa vaste expérience, pourrait partager ses connaissances avec l’ensemble du hockey québécois. S’il a des éléments à apporter pour améliorer notre hockey, je suis ouvert à 100 %. Je suis à l’écoute», a insisté Paul Ménard en terminant.

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