Aménager une bande riveraine élargie, un projet gagnant-gagnant

Aménager une bande riveraine élargie, un projet gagnant-gagnant
«En implantant une bande riveraine élargie

BIODIVERSITÉ. Le bassin versant de la rivière Saint-Germain est le plus préoccupant de tous les bassins versants de la rivière Saint-François. L’intensification des cultures l’a fortement dégradé réduisant de façon importante la diversité des espèces. Pour informer et accompagner les producteurs agricoles, le COGESAF, en collaboration avec la ferme André Pétrin de Wickham, a aménagé une bande riveraine élargie qui servira de modèle à reproduire.

Mercredi, les producteurs de la région étaient conviés à venir constater le travail réalisé de même qu’à s’informer sur les techniques de revégétalisation et de suivi. Ils ont pu mieux comprendre l’importance et les avantages de végétaliser une bande riveraine élargie (six à sept mètres de profondeur) en bordure des plans d’eau. Selon Julie Grenier, coordonnatrice de projet au COGESAF, ce type d’aménagement est gagnant-gagnant.

«En implantant une bande riveraine élargie, on vient diminuer la quantité de sols qui arrive dans les cours d’eau de même que la compaction du sol par la machinerie. C’est gagnant pour les producteurs, car plusieurs perdent chaque année des parties de leur bande riveraine, donc ça engendre des dépenses. S’ils font quelque chose en amont sur la terre pour conserver le sol, ils n’auront plus besoin de payer la MRC pour le nettoyage des cours d’eau. Bref, en faisant cet aménagement, ça donne une zone tampon qui retient l’eau et les nutriments dispersés sur le champ, comme l’engrais, et ça empêche le décrochage. Ainsi, on vient favoriser l’augmentation de la biodiversité et améliorer la qualité de l’eau.»

Plus de 400 arbustes et 40 arbres, principalement des feuillus, composent les trois strates de la bande riveraine élargie de M. Pétrin. Leur présence joue un rôle important sur la qualité de l’eau par la diminution de l’érosion des berges et de l’affaissement des talus, de la charge sédimentaire et du lessivage des éléments nutritifs (phosphates, nitrates et pesticides).

«On a essayé le plus possible de reproduire la nature», indique Mme Grenier.

Des nichoirs ont également été installés dans l’optique d’attirer les hirondelles bicolores et les merlebleus friands des insectes ravageurs pour les cultures. Le but derrière tout ça est de réduire la quantité d’insecticide utilisé. Les petites maisons ont été fabriquées par des élèves du GARAF qui ont également participé aux travaux d’aménagement. Ceux-ci s’occupent aussi de réaliser les inventaires.

Ce projet, soulignons-le, est imbriqué dans un projet du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ) visant l’identification des corridors naturels de la région. Ces corridors servent de voies de déplacement pour diverses espèces et permettent aux animaux de circuler entre les habitats dont ils ont besoin pour se nourrir, se reproduire et hiverner. Ils fournissent également un habitat aux pollinisateurs et favorisent la présence de certains prédateurs du rat musqué. 

Mme Grenier et toute son équipe espèrent que ce projet-pilote aura un effet multiplicateur.

«On est conscients que ce n’est pas le type de travaux qui va donner des résultats demain matin. Mais à long terme, on souhaite voir la différence», soutient-elle.

En plus d’en faire une vitrine de démonstration, ce projet en a été un d’expérimentation.

«Nous avons fait l’essai de certaines méthodes que nous n’avions jamais testées, telles que l’utilisation de paillis de plastique et de coco et la plantation de quelques essences d’arbres et d’arbustes», fait savoir la coordonnatrice de projets, mentionnant qu’on en est encore aux premiers pas de l’agroenvironnement.

Le MAPAQ finance l’installation de ces corridors riverains à 70 % jusqu’en 2018, par l’entremise du programme Prime-Vert. Les agriculteurs doivent s’engager à défrayer les 30 % restants, soit en argent ou en temps de travail sur le projet.

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