Lorsque le miroir devient une obsession

Lorsque le miroir devient une obsession
Son passé a souvent inspiré Marilyne Labrecque dans ses projets de photographie artistique.

SANTÉ. Près de 3% des femmes ont déjà souffert de troubles alimentaires sévères, d’après Anorexie et boulimie Québec (ANEB). Toutefois, si on pense à toutes celles (et tous ceux) qui vivent cette réalité sans diagnostic, la proportion devient beaucoup plus importante.

La Drummondvilloise Marilyne Labrecque a 27 ans, un grand sourire dessiné sur son visage et l’air d’une femme parfaitement comblée par la vie. Pourtant, il y a deux ans à peine, elle souffrait de troubles alimentaires.

Elle a toujours eu des difficultés avec sa confiance en elle, du plus loin qu’elle se souvienne. Toutefois, elle note que sa situation s’est aggravée lorsqu’elle est partie vivre à Sherbrooke pour étudier. «J’ai sauté un repas un moment donné, puisque j’avais un travail scolaire à terminer. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis sentie bien d’avoir fait ça. Je me suis mise à vouloir être belle, c’en est devenu une obsession», se remémore-t-elle d’un air un peu triste.

Sa routine était exigeante et centrée exclusivement autour de l’apparence. En se levant, elle se pesait. Elle mangeait légèrement avant de partir à l’école. Elle ne dînait pas. En revenant à son appartement le soir, elle faisait une sieste, grignotait à peine et partait courir des kilomètres, jusqu’à ce que son corps la lâche. Aussitôt qu’elle en avait l’occasion, la jeune femme faisait des exercices  de musculation chez elle : une bonne journée, elle pouvait en faire à quatre reprises. Le sommeil était denrée rare, généralement pas plus de deux à trois heures à la fois.

«Si je devais sortir un soir avec des amis, j’y pensais toute la journée. Si ça se concrétisait, je ne soupais pas. J’avais l’impression que, si je mangeais avant de sortir, j’étais vraiment horrible et que ça allait paraître sur mon corps.»

Plus elle maigrissait, plus elle se sentait belle. Sa balance, qu’elle traînait toujours dans son sac à dos, et son miroir étaient à la fois ses meilleurs amis et ses pires ennemis. «Je me suis mise à perdre du poids, et on a commencé à me dire que j’étais belle. C’est une coïncidence, vu que je me suis mise à côtoyer plus de gens, mais j’ai inconsciemment associé ça au fait que je maigrissais», raconte la jeune femme de 27 ans.

Son entourage lui disait souvent que son comportement n’était pas sain, mais c’est lorsqu’elle est passée sous la barre des 100 lbs que la jeune femme s’est aperçue que quelque chose ne tournait pas rond. Marilyne Labrecque se rappelle qu’à 95 lbs pour 5 pieds 6 pouces, on voyait les os de ses hanches à travers ses jeans. Cela faisait déjà un an qu’elle n’avait pas eu ses règles.

«Je me suis reprise juste à temps. Ça aurait pu être bien pire.»

Sa route vers la guérison a été longue et ardue. Cela aura pris près de cinq ans avant que Marilyne puisse dire que les troubles alimentaires étaient véritablement chose du passé.

 

 

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