CINÉMA. Été 1927 à La Tuque : Félix Leclerc a 12 ans et s’apprête à quitter son village pour ses études à Ottawa. Il mène une vie d’enfant heureuse ponctuée d’événements marquants. C’était la 13e journée de tournage sur 25, mardi, du film Pieds nus dans l’aube au Village québécois d’antan (VQA) durant laquelle L’Express a pu assister une trentaine de minutes.
Les rues du VQA fourmillait d’acteurs, surtout des enfants, de figurants et de techniciens. La matinée a été fort chargée; plusieurs scènes importantes à l’intérieur de la maison du jeune Félix ont été tournées. À 12 h 55, les comédiens ont applaudi marquant la pause bien méritée du dîner, qui sera toutefois quelque peu écourtée par plusieurs entrevues. Justin Leyrolle-Bouchard (Félix), Julien Leclerc (Fidor), Catherine Sénart (Fabiola), Roy Dupuis (Léo) et Guy Thauvette (oncle Richard) étaient notamment présents. Pour certains, nombreuses sont les années d’expérience derrière la cravate, tandis que pour d’autres, Pieds nus dans l’aube constitue une occasion en or de se faire remarquer. C’est d’ailleurs le cas de Justin et Julien qui se considèrent chanceux de faire partie de cette production.
«Jamais je n’aurais pensé avoir le rôle. Un jour je n’étais presque rien et l’autre jour, je suis premier rôle dans un film de Francis Leclerc. C’est fou, mais après deux ou trois semaines, on en revient!» a exposé celui qui prête ses traits à Félix Leclerc avant d’ajouter : «C’est le funtourner dans une autre époque, ça nous fait sortir de notre zone de confort. En plus, c’était vraiment beau à cette époque-là.»
«C’est une expérience super amusante avec une belle équipe», a exposé Julien Leclerc, qui avoue n’avoir aucun lien de parenté avec le principal concerné.
Étant donné son jeune âge, le jeune Justin ne connaissait pas réellement Félix Leclerc, sinon qu’il était un poète et un chanteur. Pour s’imprégner de l’identité de son personnage, de simples lectures du scénario ont suffi. Il a aussi acheté un des disques de l’artiste.
«Je ne voulais pas que celui qui incarnerait mon père le connaisse. Quand je lui ai présenté le rôle, je lui ai dit "Tu ne viens pas faire Félix Leclerc, tu vas mourir. Tu viens faire un jeune garçon de 12 ans qui est créatif et qui est ouvert sur le monde. Lis simplement le scénario en te disant que tu es un p’tit gars de 12 ans de 1927 et ne penses pas plus loin"», a souligné Francis Leclerc, réalisateur et fils de Félix.
Tournage
L’après-midi était consacré au tournage de la scène durant laquelle Napoléon (Éric Robidoux), le trappeur du village, interroge Léo Leclerc (Roy Dupuis) sur la disparition de la femme du forgeron (Claude Legault).
L’auteure de ces lignes ainsi que les autres médias présents, contraints par le temps, ont seulement eu l’occasion de voir une scène muette où l’on pouvait notamment voir Léo (Roy Dupuis) attendre sur son balcon et regarder l’heure, l’oncle Richard (Guy Thauvette), assis sur un banc, fumer la pipe et un enfant apprenant à faire du tricycle.
Par ailleurs, le producteur, Antonello Cozzolino a souligné que le tournage «se passait très bien».
«Ce sont des grosses journées intenses, mais ça va bien. Il faut dire que c’est ambitieux comme projet, car aujourd’hui, faire une production de 5,3 M$ ce n’est pas évident, mais on a une équipe extraordinaire, notamment un réalisateur fantastique. En plus, le projet suscite beaucoup d’intérêt. C’est un bon buzz, on est vraiment contents.»
Le film se concentre sur l’été des 12 ans de Félix Leclerc, en 1927. Durant cette saison, il a connu l’amour, l’amitié et la mort.
«L’amitié avec Fidor, l’amour avec garde Lemieux (garde-malade) et la mort… je ne vous le dis pas, vous verrez dans le film» a précisé en riant le producteur.
Pieds nus dans l’aube, rappelons-le, est une adaptation du premier roman du même nom de Félix Leclerc. Francis Leclerc s’est adjoint les services de Fred Pellerin aux dialogues.
«Ce n’était pas évident d’adapter le roman, parce que c’est un ensemble de petites histoires, de portraits. On a donc fait une histoire continue avec des enjeux dramatiques», a expliqué M. Cozzolino, mentionnant que plus de 75 figurants, dont plusieurs Drummondvillois, ont participé au tournage jusqu’à maintenant.
L’équipe de production et les acteurs quitteront Drummondville ce vendredi. Ils reviendront deux jours en octobre, soit les 12 et 13. Des scènes en hiver seront également tournées en janvier.
La sortie du film est prévue fin 2017.
Ce qu’ils ont dit…
Voici de brefs passages des entrevues réalisées avec les comédiens sur place.
Catherine Sénart (Fabiola) : «C’est bien mieux travailler avec quelqu’un qui connaît l’histoire, car je peux lui (Francis Leclerc) poser de vraies questions. J’ai eu d’ailleurs accès à une photo de Fabiola à laquelle je n’aurais jamais eue autrement. Ça m’a dit beaucoup sur le personnage. (…) C’était une femme qui avait beaucoup de douceur et ça, je l’ai senti. Elle était sur son X. On ne peut pas dire que toutes les femmes de cette génération-là étaient bien dans une famille à la maison. Elle, oui, et on le sent dans le film. Elle était heureuse d’avoir autant d’enfants.»
Guy Thauvette (oncle Richard) : «Tout au long de son écriture, Francis pensait à moi pour ce rôle. Lorsqu’il m’a demandé de faire partie de la distribution, j’étais honoré. C’est un cadeau de travailler avec lui, parce que c’est un bon réalisateur et directeur d’acteurs. Il n’est pas chiant et s’entoure d’une équipe d’amis. C’est aussi un gars fidèle en plus d’avoir de beaux projets.»
Roy Dupuis (Léo) : «Je n’étais jamais venu ici (Village québécois d’antan) et j’ai été heureusement surpris. (…) Pouvoir tourner dans de vraies belles maisons, c’est génial, surtout moi qui n’aime pas vraiment tourner dans des décors.»