CRÉATIVITÉ. Habile et passionné, Benoît L’Italien donne une seconde vie de façon magistrale au bois en le transformant en objets de décoration originaux et d’une grande finesse. Regard sur une activité artisanale encore méconnue : tourneur sur bois.
M. L’Italien avait donné rendez-vous à l’auteure de ces lignes le 7 septembre dernier dans son garage-atelier, là où son inspiration jaillit. Des dizaines de troncs d’arbres prêts à être façonnés garnissent les tablettes. Sur le sol, des boîtes remplies de copeaux de bois s’y retrouvent dans lesquelles des ébauchent sécheront pendant des mois. Bien entendu, des tours à bois et des outils bien affutés composent également l’environnement de travail de ce sympathique artisan originaire de La Martre, en Haute Gaspésie.
C’est dans ce sanctuaire, comme il se plaît à l’appeler, que des centaines d’œuvres d’art ont été créées depuis deux ans.
«Je demeure à Drummondville depuis 2014, mais je tourne le bois depuis des années», précise-t-il.
De fait, M. L’Italien est tombé dans la marmite du bois très jeune. Son père étant menuisier, il a rapidement appris à être habile de ses mains. Ce n’est qu’il y a huit ans toutefois, à sa retraite, qu’il a exploité pleinement son talent en se découvrant sa passion.
«Le travail du bois, je détiens ça de mon père et la finesse, de ma mère qui faisait beaucoup d’artisanat.»
Depuis, il cumule les expositions et les échanges entre d’autres tourneurs sur bois par l’entremise de l’Association des tourneurs sur bois du Québec (ATBQ) qui compte à ce jour plus de 160 membres.
«On se rencontre environ cinq fois par année pour partager nos connaissances. Personne n’a de secret, on dévoile tous nos trucs. On peut aussi assister à des séances de formation très intéressantes», indique l’artisan qui reconnaît que cette association lui a permis et lui permet encore de perfectionner son art.
De petits chefs-d’oeuvre
Coupes à vin, bols, théières, vide-poches, boules décoratives de Noël, l’inspiration artistique de M. L’Italien n’a pas de limites.
«Tout ce qui sort d’ici est unique», fait-il savoir, en indiquant fièrement que ses boules décoratives ont voyagé un peu partout dans le monde.
Ces petits chefs-d’œuvre, ils les confectionnent à partir de toutes sortes d’essences exotiques provenant des quatre coins de la planète : padouk d’Afrique, zebrano, ébène, noyer, érable, merisier, grenadine d’Afrique et cerisier pour ne nommer que celles-là.
«Pour une pièce je peux utiliser plusieurs essences ou bien une seule, selon l’effet que je veux donner. Je ne vais ajouter de la couleur que très rarement. C’est l’utilisation des différentes essences de bois qui va amener une richesse et un côté unique».
Chaque fois qu’il installe une bûche sur son tour, M. L’Italien avoue n’avoir aucune idée précise sur l’objet qu’il façonnera.
«Je commence par dégrossir les bûches. Je décide par la suite ce que j’en ferai. Pour l’étape de la création, je viens très tôt dans mon atelier, car l’inspiration est plutôt là», précise-t-il.
Les détails que dame Nature a placé dans le bois, soit un nœud, des couleurs ou une loupe (excroissance) inspirent grandement le principal concerné.
«J’aime mettre en valeur le défaut dans le bois, c’est ce qui fait l’originalité d’une pièce.»
Lors de l’entretien, afin de mieux comprendre cette technique artisanale fascinante, M. L’Italien a gentiment réalisé une toupie, objet qu’il considère comme l’un des meilleurs exercices pour apprendre à tourner le bois et bien maîtriser l’outil. On compte d’ailleurs par milliers le nombre de toupies qu’il a créées.
Pour les besoins de l’exercice, 15 minutes ont été nécessaires pour la réalisation du petit jouet. Normalement, le même temps suffit pour en créer trois.
Non seulement il faut de l’agilité pour exercer cette activité, mais il faut aussi beaucoup de patience.
«Avec la passion, la patience vient!» lance en souriant celui qui est reconnu par l’ATBQ comme professeur accrédité. «C’est le meilleur passe-temps pour relaxer.»
L’art de M. L’Italien fait tourner les têtes partout où il passe. Ce n’est pas un hasard si certaines de ses œuvres sont exposées un peu partout au Québec. On les retrouve notamment au Musée de la sculpture sur bois des anciens Canadiens à Saint-Jean-Port-Joli, au Musée des Phares à La Martre et dans des pourvoiries au nord de la province.
«J’aimerais un jour ouvrir un point de vente ici», laisse-t-il entendre.
Pour l’instant, il est possible de se procurer ses exceptionnelles œuvres d’art en communiquant avec lui. Il exposera aussi au Salon des métiers d’art de l’Afeas Centre-du-Québec les 29 et 30 octobre au Cégep de Drummondville.
Pour communiquer avec Benoît L’Italien : 819 857-4128 ou litben@hotmail.com