Le burkini, le maillot qui fait jaser, même à Drummondville

Le burkini, le maillot qui fait jaser, même à Drummondville

INTÉGRATION. Le burkini est l’un des maillots qui sont acceptés dans les piscines publiques de Drummondville, une permission qui, sans être en rapport avec le débat religieux qui transpire ces jours-ci dans plusieurs médias, ne manque pas de faire réagir nos élus.

Le panneau affichant les maillots permis et ceux qui ne le sont pas, tels que le short pour les hommes, est bien en vue dans le chalet du parc Woodyatt et montre bien que le burkini, est un vêtement de natation accepté.

En France, la controverse est telle que certaines juridictions ont tout simplement interdit le port du burkini sur les plages, sous peine d’amendes, alors qu’au Québec le débat a pris une dimension politique lorsque Nathalie Roy, de la Coalition Avenir Québec, a récemment exhorté le gouvernement libéral à interdire le burkini.

Plusieurs politiciens, interrogés sur cette question, trouvent l’affaire délicate.

Les deux députés caquistes de la région de Drummondville, André Lamontagne et Sébastien Schneeberger, invités par L’Express, se sont prononcés sur le sujet.

«Le débat là-dessus est plus large qu’un morceau de vêtement. Le burkini est un symbole de radicalisation et il faut discuter de ça. La réaction de ma collègue Nathalie Roy a été vive, mais il faut reconnaître que cette question va plus loin que les accommodements raisonnables. Il faut que ça soit à l’agenda politique pour voir ce qu’on veut ou ce qu’on ne veut pas dans l’espace public. C’est un dossier qui représente un défi face à nos valeurs communes et j’espère que l’on en arrivera à un consensus éventuel», s’est dit d’avis André Lamontagne, député de Johnson.

Pour sa part, le député de Drummond/Bois-Francs se demande où s’arrêtera l’acceptation. «C’est ce que ça symbolise qui est dérangeant. On va s’entendre pour dire qu’on ne veut pas d’intégrisme chez nous, on ne veut pas que ça devienne la normalité. Durant la dernière campagne électorale fédérale, il y a eu le débat sur le niqab, où il a été démontré qu’une femme pouvait voter le visage voilée. Ce n’est pas une image de la femme que l’on veut voir ici. Quand je vois une femme avec le visage complètement voilée, avec une grande robe noire, je ressens un malaise. Chose certaine, il y a un débat à compléter à ce sujet», a souligné Sébastien Schneeberger.

Le maire Alexandre Cusson, de son côté, a dit ne pas vouloir «embarquer dans un débat qui tourne à la politique partisane», admettant toutefois que si une problématique était soulevée, elle serait traitée comme elle se doit. «Je trouve qu’il est important que nos valeurs soient mises à l’avant-plan et que les gens s’intègrent, mais de là à gérer ce qu’on porte pour se baigner…»

Sécurité et hygiène

À Drummondville, les critères régissant le port des maillots permis ou interdits dans les piscines publiques sont élaborés par le Réseau aquatique Drummond. «Deux critères nous guident: la sécurité et l’hygiène», tranche Lucie Roy, directrice générale de l’organisme. «Notre décision n’est aucunement liée à l’aspect religieux. Le burkini est moulant et n’encombre pas les mouvements, contrairement au short qui dépasse le genou et qui peut limiter les mouvements. D’ailleurs, notre position est largement inspirée de celle de la Société de sauvetage du Québec», a-t-elle précisé.

En effet. Sur le site web de la Société de sauvetage du Québec, sous l’onglet «positions officielles», parmi les exemples de tenues de baignade adaptées, on trouve le burkini et le rashguard. «Ces tenues sont acceptables pour la baignade. Le cou et le visage de l’usager sont dégagés et le tissu est suffisamment près du corps pour ne pas nuire aux habiletés de nage. Les mains et les pieds sont libres, et si de plus les cheveux sont couverts, on y confère un avantage additionnel en vertu de l’hygiène». Cette position a été prise dans les années 2005, nous a-t-on indiqué à la Société de sauvetage du Québec.

On explique, en contrepartie, qu’une tenue de baignade non adaptée est un de «ces vêtements amples ou constitués de tissus aux propriétés absorbantes ou qui ne sont pas ajustés au corps. Ces vêtements non adaptés à la baignade pourraient réduire les habiletés de natation de l’usager et constituer un risque».

Fait curieux à travers cette polémique, selon des commerçantes françaises, les commandes d’achat en ligne du burkini (une contraction issue des mots «burqa» et «bikini») ont grimpé sensiblement, provenant de femmes non-musulmanes. Comme si une nouvelle tendance était en train de naître.

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