ÉVÉNEMENT. Véritables bêtes de scène, Les Cowboys fringants créent un hapenning et attirent les foules partout où ils passent. Ils battent d’ailleurs des records d’assistance depuis le début de l’été. Habitués du Festival de la poutine de Drummondville avec une quatrième présence, ils propulseront sur scène leur musique festive et engagée le 26 août.
Après quatre ans d’absence sur disque, Les Cowboys Fringants ont lancé à l’automne 2015 Octobre, un neuvième album d’une grande puissance musicale, plein d’humanité, à la fois poétique et engagé.
«On voulait un album un peu plus cru à travers duquel on voulait transposer l’énergie brute qui nous habite lorsqu’on est sur scène. En studio, où l’on a passé trois semaines au total, une durée très succincte pour nous, on a opté pour des arrangements un peu plus proches de ce que l’on fait sur scène. Il y a donc beaucoup de chansons au tempo assez rapide qui se prêtent bien en concert», explique le bassiste Jérôme Dupras.
Avec Octobre, le groupe populaire fait un retour aux sources avec des chansons politiques et sociales qui dépeignent la société d’une façon pas très reluisante.
«L’album marque le retour à l’engagement social politique qu’on avait peut-être évacué de nos chansons des deux précédents disques. Il y a eu comme un concours de circonstances avec le gouvernement Harper et les situations politiques auxquelles le Québec et le monde entier ont fait face. Plusieurs trucs venaient particulièrement nous toucher et ç’a animé la plume de Jean-François (Pauzé). Je dirais qu’il y a quatre ou cinq pièces plus mordantes», précise-t-il.
Aux touchantes et tristes ballades se côtoient critique sociale, désenchantement nostalgique et humour décapant.
Sur scène, ça explose, promet-on.
«Le concert est assez dynamique. Puisqu’il s’agit d’un auditoire grand public, on enchaînera les chansons qui peuvent plaire tant aux fans qu’à ceux qui nous découvrent», indique le bassiste au bout du fil.
Les incontournables du quatuor, les pièces inédites et les chansons du dernier album résonneront dans le stationnement du Centre Marcel-Dionne.
«Il y a aussi une grosse dose d’improvisation qui fait que chaque concert est différent. On s’amuse!» lance-t-il, soulignant qu’un artiste se joindra fort probablement à eux pour quelques chansons.
Une belle et longue histoire d’amour
Après 20 ans d’existence, les Cowboys fringants, formés également de Marie-Annick Lépine, Jean-François Pauzé et Karl Tremblay, demeurent l’un des groupes chouchous du public francophone d’ici et d’ailleurs. À ce jour, ils ont vendu plus de 800 000 albums dans toute la francophonie.
Au Québec, la communion avec leur public est particulière. Les fans fidèles des débuts ont vieilli et sont, pour plusieurs, toujours au rendez-vous, maintenant accompagnés de leurs enfants ou petits-enfants. Le groupe touche sans conteste le cœur de gens de toutes générations.
«Nous vivons une belle histoire avec le public. On est très choyés. On se le dit souvent à quel point on est privilégiés, non seulement d’avoir réussi à conserver beaucoup de nos premiers fans qui viennent et reviennent, mais aussi de voir s’amorcer un renouvellement du public. Je pense aux jeunes du secondaire qui sont nombreux maintenant à venir nous voir alors qu’ils n’étaient même pas nés au moment où on a commencé. De les voir s’approprier nos nouvelles chansons, mais aussi les plus vieilles, c’est fantastique!» confie Jérôme Dupras.
En parlant de jeunes, celui-ci affirme sentir un certain engagement de leur part, surtout en faveur de l’environnement.
«Notre principal cheval de bataille, c’est la protection de l’environnement via notre Fondation (Cowboys Fringants). On voit quand même de beaux projets naître par une jeunesse allumée. Nos messages trouvent oreille», admet celui qui est également professeur au département des sciences naturelles de l’Université du Québec en Outaouais et chercheur à l’Institut des sciences de la forêt tempérée
Cynisme
Indépendantistes convaincus, on le sait, les Cowboys fringants se sont formés environ deux ans après le deuxième référendum du Québec (1995). En pleine course à la chefferie du Parti québécois au cours de laquelle la question du référendum est sur toutes les lèvres, Jérôme Dupras croit que la souveraineté n’est pas pour demain.
«Je ne crois pas qu’il y a de recette miracle. C’est quelque chose qui se construit avec le temps et qui est vraiment en vase communicant. Au-delà d’échéanciers et de stratégies chiffrées, je pense avant tout qu’il y a une refonte de fond en comble du projet qui doit être faite. Réellement, pour avoir une dimension moderne à cet enjeu-là, on doit y réfléchir collectivement. Sans cette vague-là, je ne crois pas que le projet puisse arriver à terme. Une course à la chefferie est toujours le moment de lancer de nouvelles idées alors on verra s’il y en a qui trouvent plus écho», estime-t-il, ajoutant : «L’indépendance est vraiment portée par le Parti québécois depuis bien longtemps, mais ce n’est pas le seul parti qui en fait la promotion non plus.»
Il y a 20 ans, selon lui, les gens étaient plus mobilisés et l’engouement pour la chose état présente. Il remarque maintenant un désengagement populaire.
«Il y a un cynisme envers la politique qui peut s’expliquer de plein de façons. Je pense qu’il y a des raisons tout à fait fondées qui expliquent ça quand on voit la corruption, notamment. D’un autre côté, il y a un éloignement de la population des enjeux politiques et du discours populaire. Bref, il y a une plus grande distance entre les citoyens et les instances politiques.»