HOCKEY. Olivier Rodrigue n’a pas encore disputé une seule minute devant le filet des Voltigeurs, mais déjà, les dirigeants et les partisans de l’équipe fondent de grands espoirs sur lui. Pour l’encadrer à l’aube d’une carrière prometteuse, le jeune portier de 16 ans peut compter sur la présence rassurante de son père, Sylvain Rodrigue, entraîneur des gardiens dans l’organisation des Oilers d’Edmonton.
Premier gardien repêché en première ronde dans l’histoire des Voltigeurs, lui qui a été sélectionné au troisième rang au total en juin dernier, Olivier Rodrigue a de qui retenir. Son père Sylvain a déjà évolué à cette position dans la LHJMQ avant de devenir entraîneur des gardiens. Pour le jeune homme, garder les buts est donc vite apparu comme un choix naturel.
«Olivier a toujours été un grand passionné de hockey. Comme toutes les familles, on allait jouer dehors ou au sous-sol après souper. Au début, il jouait à l’attaque, mais rapidement, il m’a dit qu’il voulait devenir gardien. J’étais surpris, mais je lui ai dit qu’il pouvait essayer ça pendant mon école de hockey. Après une semaine, il m’a dit qu’il adorait ça. Il n’a plus jamais voulu revenir à l’attaque, puis il a gravi les échelons un à un», a raconté Sylvain Rodrigue.
Durant son enfance, Olivier a notamment vécu en Allemagne et en Suisse, alors que son père agissait comme entraîneur des gardiens chez les professionnels. Le nouvel homme masqué des Voltigeurs s’est rapidement familiarisé avec les rouages du métier.
«Olivier est non seulement un passionné, mais il est déjà un professionnel dans sa manière de se préparer. Il ne néglige jamais un entraînement. Comme il a grandi dans ce milieu-là, il a vu comment ça marche de l’intérieur. C’est bien beau ce qu’on voit à l’émission 24CH, mais Olivier sait tout le sérieux qu’il faut mettre pour devenir un professionnel. Il sait qu’il ne faut jamais se permettre le moindre laisser-aller, même pendant la période estivale», a expliqué Rodrigue, qui est responsable du développement des jeunes gardiens chez les Oilers.
«Le fait qu’Olivier ait côtoyé des professionnels dès son plus jeune âge, ça fait en sorte qu’il n’est plus impressionné par ça, a poursuivi le paternel. Moi, à mon premier camp dans la LNH, j’étais intimidé d’être dans le même vestiaire que Brett Hull et Curtis Joseph. Ça m’avait nui pendant les premières journées. Olivier, lui, ne se laisse pas affecter par ce genre de choses. Ça lui permet de se concentrer sur son travail.»
Libre de ses choix
Au cours des derniers jours, fiston Rodrigue a pris part au camp estival du programme des moins de 17 ans de Hockey Canada tenu à Calgary. Il a vivement impressionné en n’allouant qu’un seul but en trois sorties.
«Olivier a vécu beaucoup de choses dans la dernière année. Par exemple, c’était déjà la troisième fois qu’il se rendait à Calgary. Il avait aussi participé au camp de Hockey Canada avant les Jeux de la jeunesse, puis à celui regroupant les gardiens candidats au programme national. Pour lui, ce n’était donc plus du nouveau. Ce précieux bagage d’expérience, ça ne s’achète pas», a fait valoir celui qui a déjà été consultant pour Hockey Canada.
Malgré son statut particulier, Sylvain Rodrigue refuse de jouer à l’entraîneur avec son fils. Ainsi, même s’il observe souvent ses performances sur le web, ce n’est que très rarement qu’il lui prodigue des conseils d’ordres techniques.
«Je veux rester le père d’Olivier. Je veux qu’on vive une relation père-fils, pas coach-joueur. Je ne veux pas me mêler de sa carrière. C’est pourquoi j’ai appris à faire confiance. L’an dernier, il était bien entouré chez les Élites de Jonquière avec Nicolas Gauthier. Ce sera la même chose avec Olivier Michaud chez les Voltigeurs. Quand il a dû trancher entre les collèges américains et la LHJMQ, je l’ai laissé faire son choix. Le seul endroit où je le pousse, c’est pour l’école. Pour moi, c’est un aspect non négociable», a indiqué cet enseignant de carrière.
Les deux pieds sur terre
Grâce à son grand vécu et son bagage dans le monde du hockey, Sylvain Rodrigue est toutefois capable de guider son fils autrement. «Par exemple, je lui dis de rester ouvert d’esprit devant de nouvelles manières de garder les buts. Comme coach, j’évite moi-même de rester dans ma zone de confort. Car à la seconde où tu crois que tu sais tout, t’es mort. Le hockey va trop vite : tu dois toujours savoir t’ajuster», a expliqué l’homme de hockey de 43 ans, lui-même un élève du pionnier dans ce métier, François Allaire.
Alors que plusieurs observateurs identifient déjà son fils comme un futur gardien de la LNH, Sylvain Rodrigue l’invite à demeurer les deux pieds sur terre.
«Je lui dis de se concentrer seulement sur le prochain match. Il ne doit pas perdre d’énergie en regardant trop loin. La seule chose qu’il peut contrôler, c’est arrêter des rondelles, progresser à chaque entraînement et forcer son coach à l’utiliser grâce à ses performances. Et avant toute chose, il devra commencer par gagner son poste au camp des Voltigeurs.»
«Il y a une immense marche entre les juniors, la Ligue américaine et la Ligue nationale, a-t-il ajouté. Tous les joueurs possèdent un talent, mais ce n’est pas tout le monde qui a la capacité de s’ajuster au calibre supérieur. Au final, ce sont les détails et les habitudes de travail qui vont faire la différence. Ce genre de choses ne se voient pas dans les estrades, mais c’est vraiment ça qui permet aux joueurs de gravir les échelons.»
«C’est simple : si tu triches sur les détails, tu ne passeras pas au niveau suivant. La coupure se fera d’elle-même. Même un exceptionnel comme Connor McDavid ne triche pas. Il possède des qualités rares, mais il ne se fie pas juste là-dessus. Ses habitudes de travail sont irréprochables.»