Josyane Cloutier
ART-THÉRAPIE. Les livres de coloriage pour adultes se sont multipliés dans les magasins : mandalas, chats, fleurs, papillons… Il y en a pour tous les goûts, et de plus en plus d’adeptes de cette forme d’art-thérapie clament haut et fort ses vertus relaxantes.
Bien que l’art-thérapie ait récemment connu une montée intéressante, cette façon de procéder existe depuis déjà plusieurs décennies : en effet, selon l’Association des art-thérapeutes du Québec (AATQ), elle existe depuis le début des années 1900, lorsque des psychiatres ont commencé à se demander si une corrélation entre les troubles d’un patient et ses dessins était possible. Dès 1978, des formations universitaires en art-thérapie ont commencé à émerger au Canada, notamment à l’université Concordia de Montréal.
La gérante de la succursale Renaud-Bray de Drummondville, Ginette Lacerte, expose que l’intérêt envers le coloriage ne faiblit pas. «Ça n’arrête pas d’augmenter, c’est vraiment une mode ! Il y a deux ans, ce genre de livre-là était inclus dans la section des arts. Maintenant, on a dû créer une section complète consacrée au coloriage pour adultes», explique-t-elle. La dame ajoute que ce sont généralement les gens âgés de plus de quarante ans en quête de tranquillité qui achètent ce genre d’ouvrage.
Toutefois, il semble que des adeptes de tous les âges utilisent leurs crayons sur des mandalas ou des dessins de chats. La clé du succès fulgurant des livres de coloriage ? Son accessibilité.
Roxanne Sawyer est une jeune maman qui a récemment débuté le coloriage pour adultes. C’est attablée devant un café et armée de ses crayons de couleur qu’elle avoue colorer pour le côté artistique. «J’aime ce qui est créatif, mais comme je ne suis pas très bonne pour dessiner, le coloriage est une bonne solution. C’est moi qui choisis toutes les couleurs et ma façon de faire, personne pour me déranger !», blague-t-elle.
Bien que ce ne soit pas principalement pour cela qu’elle fait cette activité, Roxanne Sawyer remarque également un certain côté relaxant. «Un moment donné, ma petite pleurait, et je me suis mise à faire ça en même temps parce qu’elle ne voulait rien savoir. Ça m’a aidé parce qu’au lieu de perdre patience, ça m’a détendu», témoigne la jeune mère.
«On se concentre tellement là-dessus qu’on oublie complètement le reste», avoue la gérante du Renaud-Bray, elle-même adepte des mandalas.
Une image vaut mille mots
L’art-thérapie aurait effectivement un réel potentiel pour guérir divers maux psychologiques : l’UNICEF a notamment utilisé cette technique auprès des jeunes Népalais ayant vécu le terrible tremblement de terre de 2015 afin d’extérioriser les traumatismes qu’ils ont vécu. «À l’instar des rêves, les œuvres peuvent être vues comme des portes d’entrée vers l’inconscient, augmentant ainsi la probabilité de dévoiler des problèmes, des conflits et des préoccupations sous-jacentes qui pourraient être évoqués en thérapie», peut-on lire sur le site Internet de l’Association des art-thérapeutes du Québec (AATQ).
François Crépeau, psychothérapeute et enseignant, croit dur comme fer à ses vertus réelles. «C’est une façon de s’exprimer très efficace, surtout chez les enfants. Parfois ils vont avoir de la difficulté à lire ou à dire leurs émotions, mais lorsqu’on leur demande de dessiner, on arrive à des résultats intéressants», exprime-t-il d’une voix douce.
Selon lui, la façon de faire les lignes d’un dessin ou la couleur que l’on choisit sont des fenêtres sur le vécu et la personnalité de quelqu’un. Il dévoile même que la forme ronde d’un mandala aurait comme effet de recentrer la personne qui colore sur elle-même.
Qui aurait cru que les dessins pouvaient servir d’outils de psychanalyse ?