TALENT. Virtuosité, passion, émotion, authenticité… Quelque 600 personnes ont assisté à un spectacle de grande qualité mardi soir à la Maison des arts Desjardins Drummondville où se déroulait le concert gala du Tremplin et du Concours de musique du Canada (CMC), point culminant de la 58e mouture de cette prestigieuse compétition.
Quatre prodiges de la musique, les lauréats du CMC et du Tremplin, toutes catégories confondues, ont livré des performances envoûtantes aux côtés de la quarantaine de musiciens de l’Orchestre symphonique de Drummondville (OSD).
Eric Guo, pianiste de Toronto (Grand Prix chez les 11 à 14 ans), a présenté tout en finesse Allegro maestoso et Allegro marziale animato du concerto pour piano no 1de Franz Liszt. Malgré son jeune âge, 13 ans, il a une maturité de jeu remarquable.
Philippe Gagné, pianiste rimouskois (Grand Prix chez les 15 à 18 ans) a joué avec une agilité marquée Allegro du concerto pour piano en fa majeur de George Gershwin.
Les spectateurs ont également pu se laisser emporter par Andantino et Allegro tempestoso du concerto no 2 op.16 de Sergueï Prokofiev interprété par le pianiste de Montréal Philippe Prud’homme (Grand Prix chez les 19 à 30 ans). Son jeu alliait la puissance et la subtilité.
Le grand gagnant du Tremplin, David Dias Da Silva, clarinettiste, a pour sa part présenté le concerto pour clarinette Peacock Tales d’Anders Hillborg, durant lequel le soliste jouait tout autant qu’il mimait et dansait.
Celui-ci a avoué avoir vécu un petit stress étant donné la nature de la pièce, qu’elle est méconnue et surtout, qu’il n’avait seulement que 30 minutes de répétition avec l’orchestre.
«J’avais vraiment peur parce que ce n’est pas le genre de pièce que les musiciens sont habitués de jouer. Mais ç’a bien marché, tout le monde était vraiment excité. Je pense qu’on a réussi un bon concert», a exposé dans un français joliment cassé le clarinettiste pour qui la musique est «toute [s]a vie».
Le chef d’orchestre de l’OSD, Julien Proulx, a été impressionné par le talent exceptionnel des quatre jeunes hommes.
«On avait vraiment la crème de la crème. Ce sont des musiciens accomplis. Ils savent où ils s’en vont. Ce qui était le fun, c’est que leur répertoire était différent et leur personnalité aussi. Oui, il y avait trois pianistes, mais chacun avait leur couleur.»
Il admet que ce concert représentait une sorte de «récompense» pour ces musiciens.
«Ce n’est pas facile de trouver des occasions de jouer avec un orchestre, donc c’était une belle récompense. C’est comme ça qu’ils prennent de l’expérience.»
Un «marathon»
Construire ce concert s’est avéré tout un «marathon» pour l’OSD.
«Jusqu’à jeudi soir dernier (le 30 juin), on ne savait pas le programme complet, confie M. Proulx. Il fallait attendre que les résultats tombent pour connaître le répertoire, donc on s’ajustait au fur et à mesure. Ç’a vraiment été un travail d’équipe.»
Tous les musiciens, ayant pratiqué séparément de leur côté, ainsi que le chef se sont rencontrés la première fois lundi. Mardi matin, M. Proulx a rencontré chacun des lauréats individuellement pour peaufiner les pièces, puis une générale a suivi en après-midi, quelques heures avant le concert.
«Les lauréats étaient prêts parce qu’ils ont gagné [le concours] avec leur concerto présenté ce soir», souligne le chef qui compare le CMC aux olympiques.
Un public au rendez-vous
Rappelons que la Maison des arts a été l’hôte du CMC du 12 au 30 juin. La première portion du concours (du 12 au 20 juin) était consacrée au volet le Tremplin durant lequel 28 jeunes musiciens âgés de 16 à 28 ans et provenant de cinq provinces du pays ont rivalisé de virtuosité. La Finale nationale du CMC s’est quant à elle déroulée du 18 au 30 juin. Plus de 200 musiciens âgés de 7 à 30 ans et provenant de six provinces du pays ont pris part à la compétition. Si le début de l’événement n’a pas attiré autant de spectateurs que l’aurait souhaité Roger Dubois, dirigeant de Canimex, partenaire depuis plus de 40 ans du CMC, la suite a suscité un bel engouement.
«Je dirais que le public s’est construit au fur et à mesure, a noté Marie-Claude Matton, directrice générale du CMC. Il y a un bel engouement qui s’est développé. Il y a eu plusieurs personnes de la communauté qui ont assisté aux épreuves de la finale nationale, dont certains d’entre eux revenaient tous les jours. Il y a vraiment des gens qui ont eu la piqûre. Les jeunes ont joué devant de belles salles et ça, c’est important pour nos candidats.»
Elle n’a pas voulu passer sous silence l’accueil chaleureux de l’équipe de la Maison des arts et de la concertation des acteurs du milieu.
«On avait des gens qui croyaient beaucoup au projet, notamment M. Dubois. La ville de Drummondville a adopté le concours ce qui fait en sorte que nous avons eu une très belle édition, c’était vraiment extraordinaire», a-t-elle affirmé.