HOCKEY. Chez CAA, l’agent de joueurs André Ruel a implanté une méthode de travail originale qu’il a développée à l’époque où Daniel Brière faisait la pluie et le beau temps chez les Voltigeurs. Lors de sa récente intronisation au Temple de la renommée de la LHJMQ, le petit guerrier a d’ailleurs déclaré qu’il n’aurait jamais atteint les plus hauts sommets du hockey professionnel sans la précieuse aide de son mentor.
La fameuse recette de Ruel, elle consiste en un bulletin évaluant le joueur sur une courte séquence de cinq matchs durant laquelle il lui demande d’utiliser ses trois principales forces. L’objectif derrière la comptabilisation de ces pourcentages : amener le joueur à penser positivement, à jouer en confiance et à se montrer sous son meilleur jour. Au fil des ans, Derick Brassard, Guillaume Latendresse, Samson Mahbod et Mike Hoffman en ont profité chez les Voltigeurs.
«J’ai toujours été passionné par le hockey. Comme agent de joueurs, je tombe dans un créneau que j’aime : celui de travailler individuellement avec les gars, de les prendre sous mon aile. À l’époque, c’est d’ailleurs ce bulletin qui a permis à Hoffman de réaliser son potentiel. Il n’y croyait pas au début, mais il sentait que j’y croyais. Ses résultats se sont mis à augmenter. Il a pris confiance en lui, puis il s’est pris en main avec les résultats qu’on connait aujourd’hui.»
Aujourd’hui, Ruel n’utilise pas cette méthode avec tous les joueurs, ni en tout temps. Il cible plutôt des périodes précises durant lesquelles le joueur a besoin de retrouver ses repères. Cette saison, Mathieu Sévigny a été suivi par Ruel en deuxième moitié de campagne. Son père, Pierre Sévigny, a été impliqué dans ce processus.
«On a changé son identité. Pierre voyait son fils comme un marqueur de 50 buts, mais Mathieu ne sera jamais comme ça. C’est un joueur d’énergie, un gars qui va déranger l’adversaire, affronter les meilleurs trios adverses, créer des revirements, exceller en échec-avant et en désavantage numérique. On l’a amené vers ça. Vers la fin de la saison, on a commencé à voir les résultats.»
À l’extérieur de la glace, Ruel a également aidé l’attaquant des Voltigeurs à développer un meilleur équilibre de vie.
«Un joueur qui délaisse ses études va inévitablement avoir des problèmes sur la glace. Mathieu avait de la difficulté à s’organiser, alors je lui ai demandé de bâtir un calendrier. Il a pu prendre conscience qu’à cause du temps qu’il accordait à ses activités sociales, il manquait de temps pour étudier. Je l’ai accompagné là-dedans, mais rapidement, il est devenu autonome. Ces outils-là vont l’aider dans le futur.»
À ses débuts au sein de CAA, Ruel s’était vu confier la responsabilité de guider les jeunes joueurs professionnels à leurs premiers coups de patin dans la LNH. Il a notamment prodigué ses conseils à John Tavares, Patrick Kane et Jonathan Toews.
Aujourd’hui, Ruel représente notamment les intérêts du Drummondvillois Mathieu Perreault, des Jets. Chez le Canadien, David Desharnais, Max Pacioretty et Alex Galchenyuk font désormais partie de ses clients attitrés. «C’est spécial. J’ai commencé à travailler avec David, puis le bouche à oreille a fait le reste.»
L’homme de hockey a d’ailleurs eu son mot à dire dans la transformation de Galchenyuk. Après un long passage à vide, le jeune attaquant a connu une solide fin de saison.
«Ça n’allait pas bien pour Alex. Je lui ai beaucoup parlé pour changer son style de jeu. Je lui ai dit : "Tu es un shooter. C’est ton identité. Ton lancer est aussi bon que celui de Paciorrety. Ta façon d’essayer de déjouer quatre adversaires, ça marchait dans le junior, mais pas chez les professionnels." Je lui ai demandé de tirer 100 rondelles au but dans les pratiques, de s’inspirer de vidéos de Mike Cammalleri et de faire de la visualisation, de voir la rondelle rentrer près du poteau. Quand il s’est mis à lancer en fin de saison, ça rentrait! Peu importe qu’il joue à l’aile ou au centre, Alex a l’instinct du marqueur», raconte Ruel.
«Rendu dans la LNH, c’est beaucoup une question de mental et de confiance. Les joueurs les plus forts mentalement vont passer, mais pas les autres. À moins d’être un premier choix, les jeunes joueurs n’ont que très peu de temps pour s’ajuster à la vitesse et performer.»
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