MANIFESTATION. Des producteurs laitiers de la province ont entrepris, lundi matin, de rouler en tracteur de Québec jusqu’à Ottawa pour y manifester jeudi. Ils étaient de passage à la Fromagerie l’Ancêtre de Bécancour, ce matin. Des milliers de leurs confrères et consoeurs se joindront à eux pour le grand rassemblement du 2 juin, qui se tiendra devant la Chambre des communes.
Le but de cet événement est de démontrer un soutien sans équivoque des producteurs de toutes les provinces à leur politique agricole qu’est la gestion de l’offre. Les producteurs demandent au gouvernement d’agir pour enfin corriger les diverses lacunes des frontières qui minent l’efficacité de la gestion de l’offre depuis quelques années.
«On réclame des gestes concrets du gouvernement fédéral, notamment dans le dossier du lait diafiltré. On veut des actions au niveau du gouvernement parce que c’est son mandat de contrôler les frontières. Le convoi de tracteurs nous permet d’envoyer un message clair», a indiqué Denis Morin, président des Producteurs de lait du Centre-du-Québec.
Les producteurs veulent aussi obtenir la confirmation que le gouvernement fédéral les compensera pour les dommages annuels d’environ 400M$ que leur causera, à terme, l’entrée en vigueur des ententes de libre-échange du Partenariat transpacifique (PTP) et de l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’Union européenne.
«C’est important pour nous d’avoir plus de transparence aux frontières. Le gouvernement fédéral dit souvent qu’il nous offre son appui, mais on a besoin de gestes concrets, fait valoir Pierre Lampron, président des Producteurs de lait de la Mauricie. Les consommateurs veulent des produits du Québec et les producteurs laitiers font des efforts, et c’est qu’on veut prouver à Ottawa.»
Bruno Letendre, président provincial des producteurs de lait, soutient qu’il existe déjà une norme fromagère au Canada concernant les substances protéiques. Il exige du gouvernement qu’elle ne fasse que l’appliquer sinon c’est toute l’industrie agroalimentaire qui tourne autour du lait qui va être déstabilisée.
«Le gouvernement canadien doit comprendre que des milliers d’entreprises agricoles sont à bout de souffle à cause des pertes encaissées et que les producteurs n’ont plus de patience», a déclaré le président des Producteurs de lait du Québec (PLQ), Bruno Letendre.
À titre d’exemple, Alexandre Lemay, un producteur de lait de Leclercville, semble regretter un investissement majeur qu’il a fait sur sa ferme il y a quelque temps. «Même si je produis 300 000 litres de plus qu’il y a deux ans, j’ai le même revenu présentement, mais mes dépenses ont augmenté», met-il de l’avant.
Il dénonce que le gouvernement n’ait rien fait pour subjuguer l’importation de lait diafiltré. «On se parle beaucoup entre producteurs et il y en a pour qui il ne faut pas que cette situation dure trop longtemps sinon la clé va se mettre sous la porte et c’est déjà commencé», déplore le producteur.
En collaboration avec Vincent Breton
