HOCKEY. La bataille de la route 122 aura une saveur toute particulière cet hiver alors que deux élèves de Bob Hartley ont établi leurs quartiers généraux à Drummondville et à Victoriaville.
Nommé directeur général et entraîneur-chef des Voltigeurs le mois dernier, Dominique Ducharme a vu Éric Veilleux hériter des doubles fonctions chez les Tigres la semaine dernière. Les deux nouveaux visages de la rivalité centricoise se connaissent depuis longtemps, eux qui ont défendu ensemble l’uniforme des Hawks de Hawkesbury au début des années 1990.
Sous les ordres de Bob Hartley, qui faisait alors ses débuts dans le métier d’entraîneur, Ducharme et Veilleux ont dominé ce circuit junior A de l’Ontario, guidant les Hawks vers le championnat des séries éliminatoires. Quelques années plus tard, le chemin des trois hommes s’est croisé à nouveau chez les Aces de Cornwall, dans la Ligue américaine. Depuis, Hartley, Ducharme et Veilleux ont toujours gardé le contact.
«À Hawkesbury, Dominique et Éric étaient mes deux meilleurs joueurs de centre. Ils occupaient des rôles différents, mais ils se complétaient à merveille», s’est souvenu Bob Hartley dans une entrevue accordée à TC Media Nouvelles.
Le vétéran entraîneur à la feuille de route bien garnie s’est réjoui pour ses anciens protégés. «Je les ai vu grandir comme joueurs, puis comme personnes et comme coachs. Ce sont deux gars aux styles différents, mais animés par d’excellentes valeurs. Ils sont exigeants, mais de la bonne façon. Ça ne me surprend pas de les voir gravir les échelons et surtout, de connaître du succès avec leurs équipes.»
Hartley n’a pas tari d’éloges envers Ducharme, qu’il décrit comme un entraîneur méthodique et rigoureux. «Le kid que j’ai dirigé à 17 ans, c’est le même gars que je retrouve aujourd’hui dans la vie et derrière le banc. Comme joueur, Dominique était un athlète discipliné et toujours très bien préparé. Comme coach, je revois la même personne. Il fait attention aux moindres détails. Sa préparation est sans faille», a fait valoir l’ancien pilote des Flames de Calgary, des Trashers d’Atlanta et de l’Avalanche du Colorado.
«Ça ne fait aucun doute dans mon esprit que Dominique va amener une belle synergie chez les Voltigeurs. On va retrouver sa signature dans la façon de jouer de l’équipe. Je suis convaincu que les Voltigeurs ont réussi un grand coup en obtenant ses services.»
Des conseils… entre ennemis
Après avoir accroché ses patins, il y a une douzaine d’années, Dominique Ducharme a rapidement fait le saut derrière le banc. À ses débuts comme entraîneur-chef, il a d’ailleurs dirigé le fils d’Hartley, Steve, chez l’Action de Joliette. Devenu entraîneur à son tour, fiston Hartley a secondé Ducharme derrière le banc des Mooseheads de Halifax.
Lorsque ce duo a mené la formation néo-écossaise jusqu’à la conquête de la coupe Memorial, au printemps 2013, Bob Hartley n’a pas hésité à faire le voyage jusqu’à Saskatoon afin de partager son expertise. L’année précédente, à Shawinigan, le coloré entraîneur avait eu son mot à dire dans le triomphe des Cataractes… alors dirigés par Éric Veilleux.
D’ailleurs, la relation qui unit Hartley et Veilleux est unique. Pendant neuf saisons consécutives, le premier a dirigé le second à Hawkesbury, Laval, Cornwall puis Hershey. Ensemble, les deux hommes ont savouré quatre championnats des séries au sein de trois ligues différentes.
«Éric, c’est un peu comme mon deuxième fils. On a vécu tellement de choses ensemble. J’ai coaché plusieurs guerriers, mais c’est le joueur qui s’est le plus sacrifié pour mes équipes. C’est lui qui avait le plus de dynamite par pouce carré. Comme coach, il a conservé cette même fougue. C’est en lui», a raconté le gagnant du trophée Jack-Adams en 2015.
Fidèles à leur célèbre mentor, Ducharme et Veilleux ont souvent collaboré au sein de son école de hockey au fil du temps. Tenu en Pennsylvanie depuis maintenant 20 ans, le camp estival de Bob Hartley attire des jeunes hockeyeurs du Québec et même de l’Europe.
Outre les deux nouveaux ennemis de la route 122, de nombreux joueurs ayant évolué sous les ordres de Hartley sont devenus entraîneurs-chefs dans la LHJMQ après avoir accroché leurs patins. On n’a qu’à penser aux Pascal Vincent, Denis Chalifoux, Bruce Richardson, Patrick Roy ou Philippe Boucher.
«Ce sont des joueurs que j’ai adoré coacher. On a gagné ensemble. Je suis fier de chacun d’entre eux, de voir qu’ils continuent à faire leurs marques dans le hockey. Quand ils m’appellent pour avoir des conseils –même s’ils dirigent les uns contre les autres!–, ça me fait plaisir de leur dire ce que je pense. Je ne suis pas dans leur vestiaire, mais comme je connais bien leur personnalité, c’est plus facile pour moi de les guider», a expliqué Hartley.
Le Franco-Ontarien de 55 ans partage également sa passion avec son fils, qui dirige les Grenadiers de Châteauguay. Le nom de Steve Hartley a d’ailleurs circulé à Drummondville lors du congédiement de Martin Raymond.
«Steve est encore jeune. Il a le coaching dans le sang et il continue de gravir les échelons. Présentement, il a la chance de coacher dans la meilleure ligue midget au Canada. L’an dernier, il a atteint la finale de la coupe Telus. C’est une bonne situation pour lui. Au moment propice, il pourra saisir la bonne occasion.»
Une passion contagieuse
Dans l’esprit de Dominique Ducharme, ce n’est pas un hasard si autant d’anciens joueurs de Bob Hartley ont ensuite fait le saut derrière un banc.
«Sa passion du hockey est contagieuse. Bob a eu une influence sur notre carrière, c’est certain. On a ce point en commun, mais on est tous différents. Je crois qu’il faut rester soi-même. À travers nos expériences, on côtoie plusieurs personnes. On voit plusieurs philosophies et façons de faire différentes. Pour ma part, je prends ce qui me rejoint le plus et je le modèle à mon propre style», a confié le nouveau pilote des Voltigeurs.
Dans la LHJMQ, Ducharme a croisé le fer avec Veilleux lors de la finale de la coupe du Président en 2013. Halifax avait alors eu le dessus sur Baie-Comeau.
«J’ai beaucoup de respect pour Éric. Je suis content pour lui. De voir un excellent entraîneur comme lui revenir dans notre ligue, c’est une excellente nouvelle.»
Aujourd’hui âgés de 43 et 44 ans respectivement, les deux fils spirituels de Bob Hartley se retrouvent au Centre-du-Québec pour des raisons somme toute similaires : le désir de se rapprocher de leur famille.
«Dans le hockey, le temps passe vite. C’est un métier où on ne peut pas toujours contrôler où on se retrouve. Quand on a la chance de revenir près de nos enfants et de nos parents, ça influence forcément notre décision», a complété Ducharme.