Les professionnels de la santé souhaitent une meilleure communication

Les professionnels de la santé souhaitent une meilleure communication
Catherine Tétreault et Mathieu Larrivée. 

SANTÉ. Les problèmes d’accessibilité aux soins donnent bien des maux de tête aux patients, mais préoccupent aussi les professionnels de la santé. Dans l’espoir d’apporter des solutions concrètes afin d’améliorer la situation, les docteurs Mathieu Larrivée, Catherine Tétreault et Caroline Moreau ont mis sur pied le Sommet interdisciplinaire sur l’accessibilité en première ligne de Drummondville auquel a récemment participé une centaine d’intervenants.

Médecins, infirmières, pharmaciens, travailleurs sociaux, représentants d’organismes et même, gestionnaires ont pris part à cette journée. Ceux-ci ont nommé différents obstacles nuisant à leur travail ainsi qu’aux patients. La communication interprofessionnelle a été le principal point abordé. Malgré certains outils mis à leur disposition, les professionnels rencontrent certaines difficultés quand vient le temps de se parler.

«Il existe au sein du CIUSSS un système de courriels sécurisés qui fonctionne correctement, mais il n’est pas accessible aux professionnels qui ne font pas partie de cette structure. La communication est donc difficile. Prenons l’exemple d’un physiothérapeute qui voudrait contacter un médecin, il lui faudra passer par la réceptionniste, ce n’est pas efficace. De plus, il serait bien que le bottin de ressources actuel soit facilement disponible, parce qu’actuellement, on peut seulement le consulter sur des ordinateurs des établissements du CIUSSS», explique Dr Larrivée, médecin de famille depuis près de six ans.

Les professionnels de la santé souhaitent donc optimiser la communication entre eux afin d’améliorer l’orientation du patient dans le réseau de la santé. Cela éviterait le travail en silo ainsi que le dédoublement de tâches.

«Selon nous, la première ligne commence bien avant nous. Souvent la porte d’entrée pour les patients c’est le CLSC ou les organismes communautaires. Si on veut réorganiser la première ligne, on ne peut pas faire fi de ces personnes-là. Il faut donc se parler et le sommet était l’occasion pour le faire», affirme-t-il.

Déjà, un groupe Facebook réunissant présentement 400 professionnels de la santé a été créé, un pas de plus dans la bonne direction.

«L’idée est d’établir une meilleure trajectoire de soins. Un professionnel qui se questionnerait sur l’intervenant approprié à la situation de son patient pourrait poser la question, tout en respectant la confidentialité de celui-ci, de sorte qu’un de ses collègues se manifeste ou propose quelqu’un», précise Dr Tétreault, médecin de famille depuis deux ans.

Cette façon de faire favorisera l’interdisciplinarité dans le suivi des patients.

«On sait, entre autres, que les pharmaciens ne sont pas utilisés à leur plein potentiel et que les physiothérapeutes ont beaucoup de connaissances et peuvent traiter bien des choses sans nécessairement que le patient voie un médecin. Il faut unir nos forces», indique Mme Tétreault.

«Concernant les soins aux enfants, il y a un manque de connaissance des ressources. Il arrive souvent qu’on ne réfère pas le jeune au bon endroit ce qui a pour conséquence des délais d’attente inutiles pour des services qu’il aurait pu avoir plus rapidement», ajoute-t-elle.

Par ailleurs, la communication entre intervenants et gestionnaires est également un irritant.

«Nous sommes contents, parce qu’il y en avait quelques-uns au sommet. Nous avons pu établir le contact avec eux et sont prêts à nous entendre. Une rencontre est prévue le 18 mai», se réjouit Dr Tétreault.

La suite

Après cette rencontre, le comité de suivi, composé de 34 personnes présentes au sommet, se réunira le 19 mai pour évaluer les solutions et établir ce qui peut se faire à court terme.

«Ce sommet n’est que le début et il n’est pas impossible qu’on en tienne un autre dans deux ou trois ans, le temps de voir des résultats concrets. C’est pour la population qu’on fait ça. On veut montrer qu’on est capable de faire les choses positivement et qu’on veut le bien des patients. À Drummondville, on a un terrain fertile pour la créativité et les innovations parce que les gens sont engagés. Sans la participation des gens au Sommet, on n’aurait pas pu faire grand-chose, mais là, tous ensemble, on se donne le pouvoir de faire changer les choses», affirme la femme médecin, confiante.

Elle et ses collègues songent même à tenir, un jour, un forum réunissant des citoyens.

«Ce serait intéressant d’inviter des patients qui viennent parler de leur expérience, leurs craintes, etc. pour qu’on ait une autre vision des choses. Nous, on vit des obstacles, mais eux aussi et ils sont totalement différents. Présentement, il n’y a pas tellement d’autres façons que de porter plainte pour faire entendre leur voix», soulignent-ils.

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