Web invisible : un jeu d’enfant !

Web invisible : un jeu d’enfant !
Les faux documents officiels sont également monnaie courante dans le web invisible.

Josyane Cloutier
DROGUES. C’est dans un sous-sol un peu dépareillé, mais chaleureux, et attablé devant un expresso que L’Express a rencontré un jeune homme ayant déjà fait des transactions illégales sur le web invisible. «Au départ, j’ai fait ça pour savoir si ça fonctionnait pour vrai, j’étais intrigué», raconte l’étudiant en informatique, qui a préféré garder l’anonymat.

Les offres sont innombrables : cannabis, cocaïne, héroïne, morphine, MDMA, PCP… Et aucune n’est plus difficile d’accès qu’une autre. Lors de la démonstration accordée à L’Express par l’étudiant, le processus de la commande n’a pas pris plus de cinq minutes. Un jeu d’enfant !

Les habitués savent néanmoins que la drogue n’est pas le seul achat illicite pouvant être réalisé sur le web caché. «Je suis sûr qu’on aurait pu trouver des organes facilement. C’est vraiment n’importe quoi !» s’exclame son comparse en levant les mains vers le plafond. Il ajoute que n’importe qui souhaitant se lancer dans la production de drogue chimique chez lui peut également se procurer son matériel de laboratoire sur le web invisible.

Outre la drogue et les armes, les deux compères ont pu consulter des offres quelque peu troublantes, notamment une offre de service de tueur à gages. «Il n’y a aucune limite», exprime l’ami avec un certain effarement dans la voix. Le site Internet avec l’offre en question était fermé au moment d’écrire ces lignes, après vérification.

Une communauté organisée

D’après les observations de l’Express, la plupart des sites illégaux présents sur le web invisible ressemblent drôlement aux Amazon et Ebay de ce monde, à l’exception près qu’ils offrent autre chose que des livres ou des tondeuses à gazon.

Bien que leurs activités soient illicites, la communauté criminelle présente dans le «deep web» est étonnamment bien organisée. «Les vendeurs sont notés selon la qualité de leurs produits, selon leur historique de commande, sur le rapport qualité-prix… Ils subissent très souvent les avis des consommateurs précédents sur les forums», expose l’étudiant en informatique.

Une forme d’Office de protection du consommateur, appelée Trusted, a même été instaurée auprès de la plupart des sites de vendeurs.

«Au lieu de directement verser ton argent au trafiquant, tu envoies une demande. Le vendeur te renvoie un accusé de réception, comme quoi il t’enverra son produit. Tu as ensuite 10 jours pour le recevoir. Ton paiement s’achemine par petits montants au fournisseur, jusqu’à ce que tu aies reçu ta commande. Si tu ne reçois rien, tu es remboursé en totalité», détaille l’étudiant en montrant à l’auteure de ces lignes le guide du bon acheteur, qui explique les modalités de Trusted.

«Ce n’est pas un système où tu envoies ton argent, et tu n’es pas sûr. C’est super encadré. Tu as un profil et un panier, comme n’importe quel site d’achat», ajoute-t-il.

Bien que ce ne soit pas tous les sites qui font affaire avec ce service, cette protection est en quelque sorte devenue une norme, puisqu’elle permet d’encadrer efficacement les transactions.

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