LITTÉRATURE. L’écriture se compare à l’entraînement physique pour l’auteur drummondvillois Carl Rocheleau : «Ça donne des résultats quand tu en fais quotidiennement». Des résultats, il en a puisque l’année 2015 a été prolifique avec la sortie de trois livres.
L’écrivain a participé à la très populaire série de sept romans Cobayes en signant le quatrième tome, Benoit paru en avril. Tout comme les six autres auteurs, M. Rocheleau a participé à ce projet pour lequel les personnages sont liés par un même événement : ils se sont tous portés volontaires pour tester un médicament aux effets secondaires imprévus.
Cette série pourrait d’ailleurs faire l’objet d’une websérie.
«Dépendamment de la popularité qu’aura la bande-annonce sur les médias sociaux, nous saurons si ce projet est réalisable. Évidemment, plus il y aura de "j’aime" plus le financement risque d’être élevé», laisse-t-il entendre.
Parce qu’il voulait offrir une histoire à ses enfants, le Drummondvillois a pris sa plume pour livrer un conte intitulé Le renard du Bic dont l’action se passe au parc national du Bic, en Gaspésie. Une fillette y fera la rencontre d’un renard saugrenu qui possède quelque chose d’une valeur inestimable, mais qu’il a égaré.
«C’est tout un autre registre pour moi. Ma famille et moi faisons beaucoup de camping, donc ça m’a inspiré», fait-il savoir.
Puis, en octobre, est sorti Parfaite, un roman traitant de l’anorexie à travers l’histoire d’une adolescente, Annie, qui veut être la meilleure dans tout et pour tout le monde. Elle est même la victime parfaite, car elle a tout oublié de l’enlèvement qu’elle a vécu quelques années plus tôt. C’est lorsque le passé la rattrape que l’appétit lui manque soudainement, mais elle continue malgré tout à s’appliquer à être parfaite.
«Ce livre est en partie inspiré de ce que ma sœur a vécu lorsqu’elle avait huit ans. Elle s’est vraiment fait enlever et a vécu plusieurs problèmes tout au long de son enfance et adolescence, dont l’anorexie. Le but de ce roman est de montrer que l’anorexie n’est pas un caprice, mais bien un trouble mental, la manifestation d’un profond mal-être. Depuis sa sortie, plusieurs parents et personnes sont venus me voir ou m’ont écrit pour me dire qu’ils comprenaient mieux la personne qui en souffre», explique-t-il.
Voulant relater également les faits entourant l’enlèvement de sa sœur, l’auteur publiera un autre ouvrage à l’automne.
«J’ai rassemblé toutes les coupures de journaux, il y en a une centaine, et j’ai parlé des dizaines d’heures avec ma sœur et ma mère à ce sujet afin de construire le fil du récit», souligne-t-il.
Sa nouvelle Laurence, une jeune femme qui a choisi le métier de tueuse à gages, parue en 2014, sera adaptée en bande dessinée.
Un roman de science-fiction et un manuel/recueil de conseils sur le milieu de l’édition coécrit avec deux autres personnes sont deux projets qui devraient aboutir en 2017.
Intronisation
Pour son parcours, son rayonnement et la qualité de son travail, Carl Rocheleau a été intronisé au Mur de la culture de l’école secondaire Jean-Raimbault, vendredi après-midi.
«Qui aurait cru qu’un jour passerait dans les corridors de l’école secondaire Jean-Raimbault un étudiant qui brillerait au firmament quelques années plus tard en compagnie des plus grands romanciers québécois?», est-il inscrit sur le laminé accroché au mur.
«C’est pourtant bel et bien chez nous, en quatrième secondaire, que sa prose prit racine. Dans le journal étudiant du Cégep [de Drummondville], il publia sa première nouvelle. Puis, c’est à l’université que l’idée de faire carrière se matérialisa. En 2005, il fonda une maison d’édition et une revue littéraire. Il publia son premier roman, Le Contrat, désormais disponible en ligne sous le titre de Tracy. C’est aussi à Jean-Raimbault que sa carrière d’enseignant débuta. D’ailleurs, il exerce toujours ce métier au Cégep de Saint-Hyacinthe.»
Aujourd’hui, le principal intéressé partage son quotidien entre sa vie de famille, son emploi d’enseignant en littérature et sa passion pour l’écriture.
«Je ne souhaitais pas avoir une vie monotone, je voulais qu’elle soit remplie de projets et c’est le cas. J’en suis très heureux», confie celui qui consacre une à deux heures d’écriture par jour, tout de suite après la routine du dodo de ses enfants.