CHANSON. Sur les tablettes des disquaires depuis le 18 mars, le dernier album de Steve Veilleux T’en souviens-tu, Godin? attire les bonnes critiques au grand bonheur de l’auteur-compositeur-interprète qui l’a produit sans aucune attente. Celui-ci s’est fait un plaisir de le faire découvrir aux Drummondvillois, mardi soir, au bar Le Baboune.
«Je suis honnêtement dépassé par les critiques. Je n’ai pas été habitué dans ma carrière d’avoir des tapes médiatiques dans le dos. Avec Kaïn, on s’est souvent fait généreusement "ramassé"», a-t-il exprimé, quelques minutes avant une prestation musicale d’une vingtaine de minutes devant plus de soixante personnes.
«Ce projet-là, je le faisais ni pour l’un ni pour l’autre. Je le faisais pour moi parce que j’ai tripé complètement sur l’œuvre de Godin et je l’ai fait sans aucune attente, ni même pour en faire un seul show. Le fait de recevoir tout plein de bonnes critiques, ça me touche», a-t-il poursuivi.
Rappelons que ce projet d’album est survenu d’une façon impromptue. L’intention première de Steve Veilleux était de tourner un documentaire sur la classe ouvrière. En quête de conseils, il est alors entré en contact avec Grégoire Bédard, professeur en cinéma au Cégep de Drummondville, qui lui a suggéré de lire un recueil de poésie de Gérald Godin.
«Je le connaissais comme politicien, mais pas comme poète. Je suis tombé sur le cul en lisant ses poèmes. J’ai tout dévoré ce que j’avais sous la main», a-t-il affirmé, en mentionnant qu’il a même été jusqu’à écouter le documentaire produit par le Drummondvillois Marc-André Faucher.
«Il a une poésie complètement mouton noir, sans filtre et très jouale. Ses allégeances, ses quêtes et ses discours m’ont beaucoup interpellé», a-t-il enchaîné.
Un tournant
Celui-ci confie que cet album lui a permis d’aller complètement ailleurs musicalement.
«Ça m’a permis de chanter, de jouer et de faire les arrangements différemment et même, de faire ce que je pense que j’aurais dû toujours faire, c’est-à-dire donner toute la place à l’âme des chansons. La réalisation de chaque morceau a été dictée par les mots. Je ne voulais pas que ça soit une poésie récitée sur une trame sonore. Il fallait plutôt qu’il y ait des structures de chansons pop de grande portée mélodique pour rendre plus accessible la plume de Godin. Ç’a été un défi», a-t-il indiqué, en soulignant que cet album se veut un hommage à la poésie de Godin.
Cette aventure marque un tournant artistique pour le chanteur principal et auteur-compositeur de Kaïn
«C’est certain que je veux garder l’approche de liberté et de place aux mots pour la suite des choses, que ce soit pour mes projets solos ou avec Kaïn», a-t-il soutenu.
Par ailleurs, le Drummondvillois estime que les textes du politicien-poète sont encore d’actualité et pertinents.
«J’espère que ça va contribuer à amener des questions qui sont beaucoup trop empoussiérées dans notre beau Québec qui, je pense, se cherche beaucoup une identité et où les gens suivent malheureusement souvent une tendance ou bien les gens sans se poser de questions. Je pense qu’on aurait crissement besoin d’un Godin au Québec en 2016. Bref, si mon album peut contribuer à animer des conservations, j’en serai heureux», laisse-t-il entendre.
Steve Veilleux partira sur la route au printemps. Accompagné de deux musiciens pour la première portion de cette tournée d’une trentaine de dates, il fera découvrir le fruit de son travail. Puis, à l’automne, il proposera des spectacles en formule full band.
«Je serai à la Maison des arts en octobre», a-t-il fait savoir.
Les personnes présentes au Baboune mardi soir ont eu droit à quatre chansons, dont Cantouque de la fin de semaine et T’en souviens-tu, Godin?.