Recrudescence des infections transmissibles sexuellement

Recrudescence des infections transmissibles sexuellement
Dr Andrée Côté souligne qu'il y a encore trop de jeunes qui n'utilisent pas le condom. 

SANTÉ. Parce qu’il y a maintenant plus de dépistage, une recrudescence des infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS) a été observée entre 2011 et 2015 à Drummondville, où l’on retrouve un des taux d’incidence les plus élevés dans la région Mauricie-Centre-du-Québec.

En 2014, on dénombrait 342 déclarations contre 402 en 2015. Le taux d’incidence pour la dernière année est de 390 cas par 100 000 habitants. Drummondville se glisse donc au troisième rang en Mauricie-Centre-du-Québec.

Ce qu’il faut toutefois comprendre, c’est que malgré cette augmentation, cela ne signifie pas nécessairement une croissance de nouveaux cas, comme l’explique Dr Andrée Côté, médecin-conseil en maladies infectieuses de la direction de santé publique du CIUSSS MCQ : «Depuis ces dernières années, il y a vraiment beaucoup d’efforts qui sont mis pour augmenter le dépistage et pour mieux rejoindre les gens qui sont à risque. Ceci étant dit, puisqu’on dépiste de plus en plus, plus de cas sont déclarés.»

«Il faut aussi mentionner que les données répertoriées ne sont que la pointe de l’iceberg, parce que la majorité des personnes atteintes n’ont aucun symptôme. Il faut donc qu’elles décident d’aller se faire dépister pour que leur cas soit comptabilisé. Nos chiffres sous-estiment donc la réalité», tient-elle à préciser.

Les déclarations d’ITSS, principalement l’infection à chlamydia trachomatis, se retrouvent majoritairement chez les 15-24 ans.

En parlant de cette infection, ce sont 353 cas qui ont été répertoriés en 2015, soit 100 de plus qu’en 2013. Le territoire de Drummondville se hisse au troisième rang dans la région avec un taux d’incidence de 342 cas par 100 000 habitants (333 cas par 100 000 habitants au niveau régional). Un des taux les plus élevés au Québec également.

«La majorité des cas sont des femmes, principalement les 15-24 ans parce qu’elles consultent plus.», souligne Mme Côté.

En ce qui concerne la gonorrhée, on note une légère baisse avec 19 personnes infectées (18 cas par 100 000 habitants) comparativement à 23 en 2014. Le nombre de cas avait cependant doublé de 2013 à 2014. Ce sont plutôt des hommes qui ont été diagnostiqués.

D’autre part, le nombre de cas à la syphilis s’est stabilisé avec trois cas l’année dernière.

«Ce sont encore principalement des hommes qui sont le plus touchés, des hommes qui ont des relations avec un partenaire du même sexe ou qui sont bisexuels. Par ailleurs, nous suivons cette infection de très près, parce que ce qu’on craint présentement, c’est la syphilis congénitale, celle qui atteint le foetus. Il y a d’ailleurs récemment eu un cas dans la grande région», explique-t-elle.

Toujours selon celle-ci, le nombre de personnes infectées par l’hépatite C a doublé. Cette situation est en partie explicable par les efforts mis de l’avant par les organismes communautaires de Drummondville venant en aide aux personnes aux prises avec certaines difficultés (drogues, itinérance, etc.)

«En général, on note une diminution du nombre de déclarations en Mauricie-Centre-du-Québec parce qu’on sait actuellement que ceux contaminés utilisent des drogues par injection, des personnes plus difficiles à rejoindre, qui ne se font pas donc pas dépistés. Drummondville est le territoire où il y a le plus de déclarations parce qu’il y a vraiment des efforts qui sont faits en collaboration avec les organismes communautaires venant en aide à ce type de personnes», fait-elle savoir.

Finalement, quant au VIH, une centaine de nouveaux cas a été répertoriée depuis 2002.

«Contrairement aux autres infections, le VIH n’est pas à déclaration obligatoire, sauf si la personne a donné ou reçu du sang ou des tissus. Par contre, par l’entremise d’un programme, nous pouvons avoir quelques données. Puisque ce sont des chiffres à petite échelle, je n’ai pas le portrait exact pour Drummondville», laisse entendre la professionnelle de la santé.

Prévention

Par ailleurs, Mme Côté constate que l’usage du condom n’est pas régulier, principalement chez les jeunes. Elle estime qu’il y a encore de l’éducation à faire et que les acteurs du milieu ont dû redoubler d’effort depuis la disparition des cours d’éducation à la sexualité dans les écoles. «On en voit les effets. Heureusement, ce type de cours revient progressivement dans les écoles avec un projet pilote implanté par le ministère», indique-t-elle. «Ce n’est pas banal d’avoir une ITSS. Si on parle de chlamydia et de gonorrhée, ça peut entraîner l’infertilité, par exemple, ou bien augmenter le risque de grossesse ectopique. Quand on parle d’hépatite C, ce sont tous les risques liés à la cirrhose du foie et au cancer du foie. C’est pour cette raison qu’on met des efforts dans la prévention», soutient-elle, en spécifiant que «l’âge de la première relation sexuelle n’a pas vraiment changé au cours des années, mais que le roulement de partenaires, lui, est un peu plus élevé».

Ainsi, dans le but de poursuivre les actions de prévention pour réduire les ITSS, la campagne de santé publique «Sois pas bête, prends un condom» se poursuit encore cette année. En cohérence avec les meilleures pratiques dans le domaine, cette campagne mise, entre autres, sur l’amélioration de l’accès aux tests de dépistage et aux condoms. D’ailleurs, en 2015, l’implication de plusieurs partenaires de la région a permis l’installation de distributrices de condoms dans des lieux publics fréquentés par les jeunes âgés entre 18 et 25 ans.

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