MUSIQUE. La chanteuse jazz Emilie-Claire Barlow était loin de se douter il y a quatre ans que son voyage à bord d’un brise-glace de la Garde côtière canadienne allait changer le cours de sa vie. Elle en a profité pour faire le point sur le présent et sur l’avenir et, au fil de cette introspection, Clear Day a pris naissance et c’est d’ailleurs cet album qu’elle viendra présenter le 17 février à la Maison des arts Desjardins Drummondville.
«En 2011, grâce au programme Artist on Board, mon guitariste et moi avons rejoint l’équipe de scientifiques ArcticNet de l’Université Laval durant une semaine. Ç’a été une expérience extraordinaire. L’omniprésence du soleil et le sentiment d’être à l’autre bout du monde m’ont poussée à réfléchir, à faire le point sur ma vie», se souvient-elle.
«J’étais vraiment émotive quand je suis débarquée du bateau, car je savais qu’il fallait que je fasse certains changements et que ça allait être difficile», poursuit-elle dans un français fluide teinté d’un joli accent.
L’artiste originaire de Toronto a donc mis un terme à son mariage, a connu un déchirement en ne voyant plus les enfants de son ex-mari, a débuté une nouvelle relation avec le bassiste et compositeur Steve Webster, son complice également sur l’album avec qui elle a passé six mois au Mexique, en plus de déménager à Montréal.
«Ce voyage m’a fait réaliser que j’étais une personne qui aimait prendre des risques, qui n’a pas peur de l’inconnu. D’ailleurs, cet album, mon dixième en carrière est un risque puisque je suis allée vers un autre style», confie-t-elle.
Trame narrative et orchestre
Des chansons de toutes époques et tous genres ont été choisies avec soin, chacune relatant un fragment de ce voyage émotif. Les 14 pièces prennent la forme d’un concept narratif. D’une chanson traditionnelle mexicaine (La Llorona) à Van Morrison (Sweet Thing), en passant par Pat Metheny (It’s Just Talk), Coldplay (Fix You) ou Diane Tell (Si j’étais un homme), la prolifique chanteuse a su réinventer le sens en transposant ses émotions sur chacun des morceaux.
«Nous avons même composé des paroles pour certaines pièces instrumentales. C’est par exemple le cas pour Unrequited ou It’s Just Talk», indique-t-elle.
La beauté de cet album réside dans la musique jouée par 70 musiciens de la Metropole Orkest des Pays-Bas, l’une des plus importantes formations jazz-pop-symphoniques de la planète. Un rêve devenu réalité pour la jeune chanteuse.
«En 2014, j’ai eu la chance de me produire sur scène avec l’Orchestre symphonique de Québec où j’ai pu expérimenter mes premiers arrangements orchestraux avec quelques-unes de mes anciennes chansons. Cela m’a beaucoup inspirée parce que Steve et moi avons réalisé plusieurs arrangements sur Clear Day», explique-t-elle.
«Comme il y a différentes émotions présentes dans les chansons, je me suis dit qu’il serait intéressant d’avoir toutes les couleurs d’un orchestre pour les exprimer», ajoute celle qui cumule près de 20 ans de carrière et compte au-delà de 135 000 albums vendus.
Celle-ci fait savoir que malgré le fait que cet album soit un enregistrement orchestral, il est possible de ressortir le répertoire avec un ensemble jazz ou un quatuor à cordes aussi bien qu’avec un orchestre symphonique. Les Drummondvillois la verront d’ailleurs accompagnée de ses cinq musiciens jazz.
«Les expériences sont différentes pour les deux sortes de spectacle, mais ils ont chacun leur beauté. Il y a une belle chimie entre moi et les musiciens et on a bien réussi à adapter les mélodies», affirme celle qui adore venir à Drummondville.