JUSTICE. La sentence qui a été imposée ce matin, au palais de justice de Drummondville, à Ana Milena Padilla Vaquero est celle qui était prévue par la défense depuis longtemps : douze mois à purger dans la collectivité.
Après s’être déclarée coupable d’avoir frustré le ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale de plusieurs centaines de milliers de dollars, en retour de quoi deux autres chefs reliés à la fraude ont été abandonnés, Ana Milena Padilla Vaquero a pu obtenir en novembre dernier, grâce à l’habile avocate de la défense, Me Chantal Grondin, une «entente conjointe sur les faits» qui faisait admettre à la poursuite que l’accusée n’aurait bénéficié d’aucune somme d’argent reliée à cette vaste fraude. Ce qui d’ailleurs vient en contradiction avec un document contenu dans la preuve confirmant qu’elle et sa sœur Yaneth Reina Vaquero étaient associées dans l’agence de placement de personnel Chaudrey, prise en défaut par les enquêteurs.
La peine, qui a fait l’objet d’une suggestion commune négociée entre les deux parties, précise que l’accusée devra rester à l’intérieur de sa résidence 24 heures sur 24 pour les six premiers mois de la condamnation et, pour les six derniers mois, de 23 h à 7 h. Elle pourra sortir durant quatre heures par semaine pour des commissions nécessaires telle que l’épicerie. Elle devra s’abstenir de consommer de l’alcool, entre autres.
En faisant la description de la sentence, la juge Marie-Josée Ménard a tenu à bien peser ses mots en parlant de la prison à la maison. «C’est une sentence qui vous prive de liberté. Un agent de probation vous aura sous surveillance et il vérifiera à n’importe quel moment si vous êtes chez vous, soit en appelant, soit en s’y rendant. Arrangez-vous pour répondre au téléphone, même si c’est la nuit. Sinon, un mandat sera émis contre vous et vous serez détenue. Prenez ça au sérieux», a affirmé la magistrate.
La Couronne était représentée par Me Magali Bernier qui n’a fait que confirmer la suggestion commune de la peine. Ni Me François Allard, ni Me Alexandre Gautier, qui se sont relancés le dossier au cours des dernières années, n’ont jugé bon de se présenter et n’ont par conséquent pas eu à répondre aux questions des journalistes.
C’est ainsi que se termine la série de poursuites découlant de l’une des plus importantes fraudes à l’aide sociale impliquant des personnes immigrantes. Rappelons que l’Opération Filet a mis à contribution pas moins de 63 enquêteurs, 10 interprètes et de nombreux avocats.
Yaneth Reina Vaquero et Francisco David Vera Espino, deux autres propriétaires d’agences de placement de personnel, ont aussi été accusés d’avoir comploté pour frustrer le MESS. Mais, la première est retournée en Colombie, sans jamais revenir au Canada, et le second n’a pas d’adresse connue.