CHANSON. Pour une deuxième fois en carrière, Steve Veilleux, chanteur principal et auteur-compositeur de la formation drummondvilloise Kaïn, se permet un aparté musical. Un projet non planifié qui le sort de sa zone de confort.
De fait, l’artiste lancera le 18 mars T’en souviens-tu encore, Godin?, un album sur lequel il met en chansons une sélection d’écrits de l’immortel politicien-poète Gérald Godin.
Parmi les pièces, notons l’incontournable Cantouque des hypothéqués, Libertés surveillées qui traite de la vague d’arrestations arbitraires d’octobre 1970 et dont sa conjointe Pauline Julien et lui ont été victimes, Tango de Montréal et, évidemment, T’en souviens-tu, Godin?, le poème qu’il a composé en 1976, au moment de son élection comme député du Parti québécois.
Le chanteur signe également la coréalisation avec le multi-instrumentiste drummondvillois Davy Gallant.
«La réalisation de chaque morceau a été dictée par les mots, dans un désir de servir le plus pertinemment possible chacun des textes», indique l’artiste.
La genèse de l’album
Quand l’œuvre poétique de Godin a croisé son parcours de façon impromptue, le temps s’est arrêté pour Steve Veilleux. Il a fouillé, lu et relu l’œuvre du député-poète s’imprégnant autant de ses textes coup-de-poing que de ses poèmes d’amour. Ce moment est survenu alors qu’il caressait le rêve de réaliser un court-métrage documentaire sur la classe ouvrière. En quête de conseils, il est alors entré en contact avec Grégoire Bédard, professeur en cinéma au Cégep de Drummondville. Celui-ci lui a remis le recueil Ils ne demandaient qu’à brûler de Godin. «Vivant, on m’oubliera. Mort, on me pleurera» sont les premières lignes sur lesquelles tombe Steve.
«Dès lors, j’ai beaucoup lu sur Godin, jusqu’au glossaire de son lexique. Plusieurs de ses poèmes m’ont happé. J’ai alors mis sur la glace mon documentaire et créé une douzaine de chansons, structurées comme telles, à partir de ses textes. Je ne voulais pas réciter sa poésie sur un fond musical», expose-t-il.
«Godin est un poète de l’oral. Ses textes sont percutants, même percussifs. La musique s’y accolait souvent naturellement. Et les combats de Godin, son respect de la classe ouvrière, son cynisme face à l’élite, sa crainte d’oublier d’où il venait qu’il a si bien exprimée dans T’en souviens-tu, Godin?… tout ça résonne très fort pour moi», a-t-il enchaîné.
Visiblement, celui-ci a eu un coup de foudre artistique.
«Si avec mes chansons je peux porter les mots de Godin, ses passions et ses revendications au plus grand nombre de gens possible, et peut-être à une toute nouvelle génération, je serai un homme heureux», laisse-t-il entendre en guise de conclusion.