HUMOUR. C’est sans filtre et sans tabou que Mario Tessier se livre à son public dans son tout premier spectacle solo Seul comme un grand évoquant les moments marquants de sa vie. Les Drummondvillois auront l’occasion de le voir le 23 janvier à la Maison des arts Desjardins Drummondville.
La moitié du duo comique populaire Les Grandes Gueules s’est offert un cadeau en reconnectant avec sa passion première, la scène, mais surtout, en concoctant un spectacle à son image durant lequel il raconte l’histoire de sa vie.
«J’ai 44 ans, J’ai enlevé les "boutes" plates de ma vie, donc il reste deux heures de spectacle à offrir!» lance-t-il à la blague.
«Je raconte ma vie, oui, mais surtout celle des personnages qui l’ont meublée, parce que je n’ai pas la prétention que ma vie mérite d’être racontée plus qu’une autre», poursuit-il, en se qualifiant de raconteur.
Son père, décédé il y a 25 ans, est au cœur de son spectacle.
«Le show commence avec ma naissance qui a eu lieu durant la tempête du siècle de 1971. Je raconte que mon père faisait des allers-retours en ski-doo dans les rues de Ville LaSalle pour amener le monde me voir à l’hôpital. Mon père était un beau fou. Il a tellement fait de choses, soit par amour, soit parce qu’il avait des idées de grandeur. Par exemple, il a eu la première discothèque de Montréal. Il a même acheté la taverne où ma mère travaillait à l’époque. Il la trouvait de son goût, donc c’est la seule façon qu’il a trouvée pour se rapprocher d’elle», indique-t-il.
La rencontre sur les bancs d’école avec son complice des 32 dernières années, José Gaudet, son passage dans l’armée, le moment où il apprend le décès de son père et les débuts des Grandes Gueules à la radio sont autant de moments marquants que l’humoriste partage avec son public. Le spectacle est également parsemé de retrouvailles avec ses divertissants et colorés personnages bien connus des Grandes Gueules.
«J’ai fait 20 ans de radio, donc je ne pouvais pas passer à côté de ça, mais en même temps, je n’avais pas envie de sortir de scène et revenir costumé. Alors les personnages racontent comment José et moi sommes parvenus à faire de la radio. Il y a beaucoup d’autodérision dans ce numéro, car les personnages me plantent!» précise-t-il.
En parlant d’autodérision, le dernier numéro est consacré au karaoké durant lequel l’humoriste se permet pendant dix minutes de chanter, danser et du même coup, rire de lui.
«J’aime beaucoup chanter, donc je me suis trouvé un prétexte pour le faire. L’autodérision étant la meilleure arme, ça marche très, très bien. Les gens pleurent de rire», confie-t-il.
À ses dires, c’est un spectacle où on est loin du tabouret et du verre d’eau. «Ce n’est pas un show de stand-up conventionnel», souligne l’artiste.
Qui plus est, des projections d’images appuient les monologues de l’artiste tout au long du spectacle permettant ainsi au public de s’immiscer dans ses souvenirs tantôt cocasses, tantôt touchants.
«Ce que j’aime le plus me faire dire à la fin de mon show, c’est que les gens ont eu l’impression que j’ai un peu raconté leur histoire, un peu ce qu’on ressent lorsqu’on regarde un film de Ricardo Trogi. Ma vie, en 44 ans, a été marquée par plein d’événements qui ont marqué aussi tout le monde», laisse-t-il entendre.
Inspirations
Comme n’importe quel autre être humain, Mario Tessier a de l’admiration pour certaines personnes en qui il est allé puiser son inspiration.
«Comme bien des humoristes, Yvon Deschamps m’a beaucoup influencé, mais ce sont surtout ses spectacles des années 1970 qui me parlent. Ils étaient drôles, mais il y avait aussi des moments hyper touchants. Il y a aussi un côté théâtral qui te fait oublier qu’il y a un monologuiste en avant et ça, j’aime ça», précise-t-il.
«Aussi, il y a cinq ou six ans, j’ai eu la chance de voir le show de Billy Crystal à New-York. C’est le plus beau spectacle que j’ai vu. J’ai ri, j’ai pleuré. Je suis sorti complètement bouleversé. J’ai alors dit à ma blonde que si un jour j’avais la chance de faire un spectacle seul, j’aimerais qu’il ait ce genre d’âme», poursuit-il, en admettant avec fierté y être parvenu.
Par ailleurs, Serge Postigo a signé la mise en scène de Seul comme un grand.
«Il m’a monté un spectacle incroyable et hyper exigeant. Je crois qu’il m’a confondu avec un chameau, car il ne m’a laissé que deux places pour boire de l’eau en 2 h 10!» affirme Mario Tessier en riant.
«J’ai eu la chance de travailler avec lui sur le Gala Artis et j’ai eu un coup de foudre artistique. Même, je dis souvent qu’il est mon âme sœur artistique, car on pense pareil. (…) C’est un génie, un grand, grand créateur qui est, à mon sens, dans la lignée des [Robert] Lepage et [Gill] Champagne. Je suis privilégié de travailler avec lui», exprime-t-il, en indiquant que Serge Postigo a également participé à l’écriture, un exercice «assez ardu» pour Mario Tessier.
Même s’il est «seul comme un grand» sur scène, Mario Tessier n’a pas l’impression de l’être et ne s’est pas senti trop désorienté.
«C’est la première fois de ma vie que je peux faire des phrases complètes! Sérieusement, en duo, tu vas faire ce qu’on appelle du ping-pong : on s’envoie la balle et le public en est témoin, tandis que seul, le ping-pong se fait avec le public. Mon partenaire a simplement changé. Ainsi, je n’ai jamais l’impression d’être seul. Il y a une sorte de communion avec moi et les spectateurs», explique celui qui se considère chanceux de bien gagner sa vie en faisant ce qu’il aime.