Le rideau tombe sur Roland Janelle

Le rideau tombe sur Roland Janelle
Roland Janelle est accompagné de sa successeure Marie-Pierre Simoneau.

ACCOMPLISSEMENT. Le directeur général de la Maison des arts Desjardins Drummondville, Roland Janelle, a mis un point final à sa carrière exceptionnelle de 33 ans il y a quelques jours. Fier de laisser une organisation toujours grandissante et reconnue dans la communauté et à travers l’industrie, il quitte son poste avec le sentiment du devoir accompli, mais non sans une certaine émotion.

Si la décision aura été reportée quelques fois pendant quatre ans pour finalement être prise en avril dernier, M. Janelle admet qu’aujourd’hui, il quitte sans regret.

«Je pars en paix. Ç’a été difficile de prendre la décision, mais aujourd’hui, je me sens bien», avoue-t-il.

La nomination de Marie-Pierre Simoneau, sa successeure, en août dernier, a été rassurante pour lui ainsi que pour les producteurs et diffuseurs de l’industrie.

«Dès le jour où j’ai annoncé mon départ, j’ai senti des inquiétudes. On se demandait qui pourrait me remplacer et quelle serait la suite. Maintenant, je peux dire qu’il n’y en a plus de questions. Marie-Pierre a une facilité pour créer des liens et ça, c’est rassurant. J’en ai été témoin lors des dernières rencontres avec les producteurs. Nul doute que les relations vont continuer», indique-t-il.

Au dire de la nouvelle directrice générale, si la Maison des arts a réussi à mettre en place plusieurs services, dont la carte de membre, c’est «beaucoup grâce lui» (M. Janelle).

«Il est un peu humble donc il ne le dira pas, mais c’est par les contacts qu’il a su créer et les liens privilégiés qu’il a entretenus avec les producteurs et les agents que la Maison des arts est capable d’offrir plusieurs privilèges», soutient-elle.

«J’ai toujours entretenu de bonnes relations, car pour moi c’est primordial. Ça m’a permis d’initier des projets et de faire venir certains artistes. Par exemple, je me rappelle l’époque où Ginette Reno n’avait pas fait de tournée depuis trois ans. Je l’ai tellement achalée ainsi que son gérant qu’ils ont finalement accepté de venir ici!» raconte celui qui dit avoir développé de véritables liens d’amitié.

Même chose avec les autres diffuseurs.

«Tout au long de ma carrière, je n’ai jamais hésité à échanger avec d’autres diffuseurs, particulièrement ceux de Trois-Rivières et Sherbrooke. Ainsi, en discutant de nos façons de faire, cela a fait progresser bien des choses quant aux promotions et à la programmation, notamment. Cela nous a même permis de mettre en place des réseaux, tel que Réseau Accès fondé en 1978 (maintenant connu sous le nom de RIDEAU) et de créer la Semaine de la chanson qui a été pendant six ans un projet collectif de dix salles», explique l’homme d’une grande écoute et apprécié de ses pairs.

Fiertés

Si l’on se fie à M. Janelle, la Maison des arts a souvent été «précurseur dans la façon de faire les choses» en plus d’être à multiples reprises – et encore aujourd’hui – un modèle pour d’autres diffuseurs

«C’est une fierté pour moi de voir toute la reconnaissance que l’organisation a pu avoir et a encore à travers l’industrie et dans la communauté», expose-t-il.

À ses dires, l’organisation sort très bien son épingle du jeu et les ventes sont en augmentation. Le nombre de billets vendus par année se situe autour de 100 000. Fait intéressant, le nombre de spectacles présentés a doublé depuis l’entrée en poste de M. Janelle. Les spectateurs ont maintenant le choix parmi près de 120 spectacles.

Par ailleurs, la Maison des arts, telle qu’elle est physiquement parlant, constitue une autre fierté.

«On a un lieu magnifique. Ça fait cinq ans que le projet s’est achevé et l’endroit a encore l’air tout neuf et ça, j’en suis très fier, d’autant plus que nous recevons que de bons commentaires chaque fois qu’un artiste se présente», affirme-t-il, en ne passant pas sous silence l’appui exceptionnel de la Ville de Drummondville dans ce dossier en les personnes de Francis Adam, Claude Proulx et Yvan Bernache.

Mais par-dessus tout ça, la chose dont le dirigeant est le plus fier c’est son équipe sans laquelle il n’aurait pas pu accomplir toutes les belles réalisations des dernières années et les tâches au quotidien.

«J’ai un personnel à la hauteur, et ce, dans tous les services. C’est une équipe dédiée et qui aime son travail. L’atmosphère est très positive et j’ai toujours été heureux de rentrer le matin. Je tiens aussi à souligner la grande ouverture et la compétence des membres du conseil d’administration qui nous ont toujours accordé une grande confiance», témoigne celui qui s’ennuiera visiblement de ses collègues.

L’homme passionné qui dirige les destinées de la Maison des arts depuis le 25 mai 1982 estime que l’esprit d’équipe qui règne entre les murs de cette organisation constitue un legs appréciable pour les employés.

Et dans dix ans?

Même s’il prend une retraite bien méritée, M. Janelle conservera toujours son grand attachement envers l’organisation où il a passé la moitié de sa vie. Ainsi, il a à cœur son développement et souhaite la voir évoluer et s’agrandir dans les prochaines années.

«Ce n’est pas fini, il y a encore des étapes à faire dans ce complexe culturel», lance-t-il.

«Il faut évoluer avec la façon de faire de la diffusion des arts de la scène. Les nouvelles technologies vont grandement influencer la diffusion. Je suis convaincu que d’ici un an, par exemple, les gens vont pouvoir voir ce qui se passe en temps réel dans les coulisses sur leur cellulaire. On est rendu là. Ça va faire partie de l’expérience», poursuit-il, en espérant toutefois ne pas voir un jour une technologie remplacer un spectacle en salle.

«Les jeunes sont vraiment axés sur les technologies et vivent ça différemment. Ça m’inquiète. À mon avis, rien ne peut remplacer le feeling qu’on peut avoir lorsqu’on assiste à un spectacle. Bref, ce sera un gros défi de tenir compte des besoins des jeunes, car il ne faut pas les négliger, en plus d’essayer de ne pas dénaturer le spectacle en salle», laisse tomber celui qui apprécie le théâtre ainsi que les spectacles de performance.

Ses plus beaux souvenirs

– Lorsqu’il a remporté le Félix du meilleur diffuseur en 1989.

«Je suis le seul diffuseur de l’histoire de cette remise de prix qui a pu recevoir le -trophée en ondes. C’était un privilège.»

– Son passage de quatre ans en tant que président à RIDEAU.

«Cela m’a permis de voyager à travers la francophonie.»

– Son hommage à RIDEAU en 2010.

«C’était au Capitole de Québec et le personnel d’ici était intimement lié à cette fête. J’ai eu de belles surprises.»

– Son hommage au Gal’art en novembre 2015.

«C’est ma fille qui m’a rendu hommage. Je ne m’y attendais pas. C’était exceptionnel!»

– Plusieurs moments avec son équipe.

«Je suis privilégié d’avoir été accompagné par une formidable équipe. C’était l’fun de venir travailler en sachant que les gens étaient contents de me voir. C’était réciproque.»

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