JUSTICE. La vie de la famille Ward s’est figée le 18 avril 2013. Elle vient de reprendre son cours normal depuis quelques jours seulement, après un long calvaire judiciaire qui aura duré 33 mois.
Propriétaires de la boutique drummondvilloise Sportèque, où une importante perquisition policière a été effectuée en lien avec un prétendu réseau de trafic d’armes à feu, Anthony Ward et ses fils Frédérick et Michaël n’ont jamais cessé de clamer leur innocence durant cette période tumultueuse. La justice leur a finalement donné raison, retirant la panoplie d’accusations auxquelles ils faisaient face, principalement en lien avec la possession et l’entreposage d’armes à feu.
«Quand c’est arrivé, ça nous a vraiment coupé les jambes. On a toujours été des gens honnêtes. Soudainement, on se sentait comme des zéros», a confié Frédérick dans une entrevue accordée à L’Express.
«On pouvait nous reprocher de simples erreurs administratives, mais là, c’était des accusations très graves, a-t-il poursuivi. C’était un dossier très complexe, mais comme notre défense était très solide, on est toujours restés confiants de prouver notre innocence. On avait juste hâte de pouvoir s’expliquer devant la justice.»
Aujourd’hui blanchis de tout soupçon, les Ward ont senti leur réputation pourtant irréprochable être attaquée durant cette période tumultueuse. À la longue, leur moral a évidemment été affecté. «Même si tu ne veux pas y penser ou en parler, tu finis par le faire, car tout le monde t’en parle. À force de raconter la même histoire plusieurs fois par jour, ça devient dur sur le moral», a expliqué Frédérick, qui, comme son frère Michaël, est l’heureux papa de deux enfants.
«C’était dur de savoir ce que les gens pensaient vraiment. On sentait parfois qu’on était coupables avant même d’avoir été jugés», a renchéri Michaël.
La situation est devenue d’autant plus lourde pour la famille Ward que pendant de longs mois, les procédures judiciaires ont sans cesse été retardées. Chaque fois qu’ils croyaient enfin voir le bout de cette histoire, le procès était reporté de plusieurs mois.
Fidèle clientèle
Le permis de vente d’armes à feu de la Sportèque ayant été révoqué durant cette période, les revenus de la boutique en ont bien sûr souffert, spécialement du côté de la chasse. Refusant de se laisser abattre, les Ward ont gardé la tête hors de l’eau en diversifiant l’offre déjà bien garnie de la Sportèque.
«On a mis plus d’efforts dans les autres domaines, comme la pêche, la plongée ou encore le ski, où nos ventes se sont maintenues ou ont augmenté. On a aussi ajouté le secteur de la course à pied, qui va très bien», a expliqué Frédérick, en précisant que sa famille s’est même impliquée dans l’organisation d’épreuves de courses à pied ainsi que dans l’ensemencement de truites dans la rivière Saint-François.
À travers cette épreuve, les habitués de la Sportèque sont demeurés fidèles à la boutique ayant pignon sur le boulevard Saint-Joseph depuis une trentaine d’années après avoir vu le jour sur la rue Saint-Adélard. «Nos clients ont toujours cru en nous. Certains sont même venus nous encourager encore plus souvent. Ça nous a beaucoup touchés.»
Quand le tribunal a finalement ordonné l’arrêt des procédures dans leur dossier, il y a quelques semaines, les Ward ont ressenti un immense sentiment de soulagement.
«Mais c’est quand la nouvelle est sortie dans les médias qu’on l’a vraiment réalisé. On a alors senti que les gens de la région nous appuyaient sans réserve. C’était émouvant de voir qu’ils avaient toujours cru en nous. Ça nous a donné un bon boost d’énergie», a raconté Frédérick.
À présent que cette histoire invraisemblable est derrière elle, la famille Ward peut enfin regarder devant elle et se concentrer sur sa véritable passion.
«On est d’abord et avant tout de grands amateurs de chasse, de pêche et d’activités en plein air. On baigne là-dedans depuis toujours. Pour nous, il n’y a donc rien de plus naturel que de conseiller les gens dans la pratique de ces activités», ont conclu les frères Ward.