CINÉMA. Cet après-midi, l’auteure de ces lignes et le photographe de L’Express, Ghyslain Bergeron, ont eu le plaisir d’assister au tournage du nouveau long métrage de Stéphan Beaudoin (Le Rang du Lion, Yamaska), Yankee, entièrement tourné à Drummondville.
À peine les pieds dans le lieu de tournage, à l’ancienne usine Denim Swift, la journaliste et le photographe ont rapidement senti l’intensité que dégage ce film traitant des combats illicites. De fait, le local résonnait de cris d’encouragement venant de la soixantaine de figurants et d’acteurs qui tournaient la scène montrant le troisième combat de quatre, «le plus intense côté foule et en intensité» au dire du réalisateur.
Yankee raconte l’histoire de Skylar (incarnée par Devon Slack), une jeune fille troublée qui a fui les États-Unis après avoir commis un crime. Elle se cache à Drummondville chez son cousin Kev (joué par Jean-Philippe Perras), dealer de drogue minable qui tente de se tailler une place dans l’univers des combats illicites. Ce dernier la poussera à se battre dans ces fight clubs undergrounds afin de subvenir à leurs besoins.
«La scène à laquelle vous avez assisté aujourd’hui est le combat qui fait en sorte que Skylar pourra un peu trouver sa liberté avant sa chute finale», indique M. Beaudoin.
Pour cette partie du film d’une durée d’à peine quatre minutes, il a fallu six heures de tournage.
«Une des particularités du film, c’est qu’il n’y a aucune doublure pour les acteurs parce qu’ils sont tous des cascadeurs à la base. Ça nous permet donc de tricher peu de choses. Cela fait en sorte qu’on est très proche de l’action et que c’est très personnel. Ça nous aidera en tant que film indépendant de nous différencier des films à plus gros budget», souligne-t-il.
En parlant de budget, cette production est autofinancée par Stéphan Beaudoin et Thomas Liccioni, également producteur et comédien dans le film. Ceux-ci doivent composer avec un budget de 40 000 $, un défi en soi.
«C’est très peu, mais on fait avec ce qu’on a et ça va bien. Notre petite équipe technique de 20 personnes, normalement on peut être un peu plus que le double, doit veiller à une logistique assez importante. Juste aujourd’hui, il fallait accueillir la cinquantaine de figurants, les maquiller, les placer et leur expliquer ce qu’ils ont à faire. Ça dépasse un peu ce qu’on pensait au début du projet, mais on est très contents», explique M. Beaudoin, qui ne manque pas de souligner la collaboration de Maxime Turcotte, un des gestionnaires du Groupe Canimex, propriétaire de la Denim Swift.
«Ça fait chaud au cœur de voir tout ce monde qui a répondu à l’appel en si grand nombre. Ça fait trois jours que les gens viennent donner de leur temps, autant pour la figuration que pour l’aide technique, je trouve ça extraordinaire. Ces personnes sont principalement des étudiants du Cégep de Drummondville. Sans eux, on n’aurait pas pu réaliser les scènes avec une telle intensité», expose M. Liccioni qui a été cascadeur sur XMen, 300 et The Revenant.
Le tournage se déroule sur 13 jours et a débuté le 28 novembre pour se poursuivre le 16 décembre. Outre l’usine, un appartement de la rue des Forges, le quartier du Cégep de Drummondville et le bord de la rivière près du barrage électrique sont d’autres lieux qui seront mis en évidence dans Yankee.
Et pourquoi la Denim Swift?
«Thomas loue un espace ici pour l’Institut du guerrier (un centre de performance de haut niveau) et y a également déjà réalisé un court-métrage. Il apprécie les lieux, donc il m’a fait la proposition», précise le réalisateur.
Fait intéressant, Sophie-Anne Beaudry, scénariste, a construit le scénario en se basant sur les locaux et l’actrice principale, Devon Slack.
Une réflexion
Dans ce film, le réalisateur pose un regard sur la violence dans la société, plus particulièrement sur celle que l’être humain aime "consommer".
«Pourquoi y a-t-il autant de violence verbale et physique? Qu’est-ce que ça veut dire pour nous en tant qu’être humain et pourquoi aimons-nous tant la regarder? Il n’y a pas vraiment de message à passer, mais on veut plutôt poser une réflexion, une question. On a donc choisi d’illustrer cela par les combats illicites, une réalité qui existe beaucoup en Europe, mais aussi ici, au Québec», précise M. Beaudoin.
«Afin de recréer le plus juste possible les combats, nous avons regardé une multitude de vidéos sur Internet et nous avons échangé avec des gens qui en ont fait. On a tenté d’assister à des combats, mais on nous a refusé l’accès», explique-t-il, en précisant que le film s’adressera à un public large, mais averti (13 ans et plus).
Yankee devrait être terminé à la fin du printemps 2016.
«On espère être dans les festivals l’été prochain et recevoir des offres de distributeurs pour faire quelques salles en 2017», laisse-t-il tomber.
Un entretien avec quelques-uns des comédiens à lire demain sur www.journalexpress.ca