HOCKEY. Pour la deuxième fois de sa carrière, Martin Raymond a vécu l’affront d’un licenciement. Touché en plein cœur, l’ancien pilote des Voltigeurs panse toujours ses plaies, mais il rompt les rangs du bataillon drummondvillois avec le sentiment du devoir accompli. Et l’homme de 48 ans est déjà impatient de vivre d’autres aventures dans le milieu du hockey.
Voulant éviter de parler sous le coup de l’émotion, Raymond a attendu quelques jours pour commenter publiquement son congédiement. Celui-ci est survenu au cours d’une brève discussion avec le directeur général Dominic Ricard, samedi soir.
«Évidemment, ça fait mal. En tant qu’entraîneur, on sait que cette possibilité fait partie du métier, mais n’empêche que ça blesse. Je suis passé par toute la gamme des émotions», a-t-il raconté lorsque joint à son domicile à Saint-Basile-le-Grand.
En dépit d’une séquence laborieuse qui faisait suite à un départ canon, Raymond n’avait pas le sentiment que les Voltigeurs étaient en chute libre. C’est pourquoi son congédiement l’a totalement pris par surprise.
«J’aime ce groupe-là, mais c’est un groupe en développement. Et l’inconstance, c’est le lot des équipes en développement. En octobre, on a traversé des moments difficiles en raison d’un calendrier chargé. Et dernièrement, on avait de la misère avec les matchs en semaine. Mais on n’était pas en mode panique. On travaillait plutôt sur notre constance. On essayait de trouver des solutions. On a d’ailleurs gagné à Baie-Comeau et j’estime qu’on a joué un bon match à Chicoutimi, mais la décision était probablement déjà prise.»
Toujours authentique
Invité à analyser les raisons de son renvoi, Raymond a identifié le changement de philosophie draconien survenu au sein de l’organisation, qui recherche désormais un entraîneur au style totalement opposé.
«Ils ont décidé de faire un virement de cap, de changer de style. C’est leur choix. Ils ont le droit. Mais ce que je retiens, c’est que moi, je suis toujours resté authentique. Quand tu engages Martin Raymond, tu l’engages pour ses forces. Quand je suis arrivé ici, on m’a demandé d’être un bon père de famille. Je pense l’avoir été. Si l’organisation ne veut plus aller dans cette direction, alors aussi bien partir», a-t-il exprimé avec toute la classe qu’on lui connaît.
«Ça fait 24 ans que je coache dans le hockey. Durant toute ma carrière, j’ai appris des choses, j’ai bâti un bagage d’expérience qui m’a permis de connaître du succès. Je me dois donc d’être authentique avec ce que je suis. Je me dois de travailler dans mes forces, comme on le demande d’ailleurs à nos joueurs», a ajouté l’ancienne tête dirigeante du programme de hockey de l’Université McGill.
Un seul regret
Martin Raymond, l’entraîneur et l’humain, s’est dit touché par la réaction de ses 23 joueurs lorsqu’il leur a annoncé la nouvelle dans le vestiaire de l’équipe.
«Ils m’ont fait l’accolade, puis ils sont venus me voir chacun leur tour dans mon bureau pour me remercier. Comme coach, mon but est de faire une différence dans la vie de mes joueurs. Quand j’y arrive, ça vaut bien plus qu’une victoire. Je suis reconnaissant envers les Voltigeurs de m’avoir donné cette chance-là.»
Son seul regret : ne pas pouvoir guider ce groupe de joueurs jusqu’à ce qu’il arrive à maturité. «Cette équipe n’est pas si loin du succès. Elle va continuer à maturer. L’an prochain, ce sera une grosse saison, avec le retour de plusieurs vétérans. Ça me fait de la peine de ne pas pouvoir poursuivre cette progression en leur compagnie. J’aurais aimé vivre ça avec eux.»
Malgré tout, Raymond n’est pas amer de cette expérience de deux ans et demi dans le hockey junior québécois. Il gardera d’ailleurs des souvenirs impérissables de son passage chez les Voltigeurs.
«J’ai appris un paquet de choses. J’ai côtoyé des gens fantastiques. Drummondville, c’est maintenant devenu un deuxième chez moi.»
Au cours des prochaines semaines, Raymond se reposera aux côtés de sa femme et de ses enfants. Un luxe qu’il n’a pu s’accorder au cours des dernières années, lui qui a traîné son baluchon de Montréal à Tampa Bay, en passant par Hamilton et Syracuse. Il est toutefois déjà prêt à relever de nouveaux défis.
«J’aime coacher. Je vais continuer à regarder des matchs. Je vais aussi aider quelques amis entraîneurs. Et je vais attendre que des opportunités s’offrent à moi.»
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