ARCHÉOLOGIE. Des marques de vie humaine qui remontent à 9000 ans ont été localisées le long de la rivière Saint-François. À qui appartiennent-elles? Quelles étaient les habitudes de vie à cette époque? Les citoyens pourront trouver bien des réponses à leurs questions et même faire d’intéressantes découvertes en consultant le guide de connaissance et de sensibilisation en matière d’archéologie qui sera publié au cours de l’année 2016.
L’ouvrage témoignera de la richesse du territoire de la MRC de Drummond à cet égard et démontrera l’importance de «penser archéologie». Il prendra la forme d’un document numérique qui décrira cette discipline dans ses composantes et son processus, et qui dressera un état des lieux. De plus, il présentera des informations sur certaines trouvailles et traitera de la présence autochtone, des sites des premières installations, du métier d’archéologue, de l’importance des traces laissées pour comprendre qui nous sommes, des indications sur ce qu’on doit faire lors du repérage de vestiges ou d’objets anciens, etc. Quelques outils de référence et de mise en valeur y seront également proposés.
«Ce sera très visuel comme document et il ne sera pas écrit pour le monde scientifique», indique l’archéologue Marie Fournier, de la firme Archéo-Cad de Nicolet, qui a été mandatée par la MRC de Drummond.
Partage de découvertes
Une des premières étapes du projet consiste à faire une recherche exhaustive provenant de diverses sources afin de connaître les différentes traces laissées par les populations au fil du temps.
«Nous voulons que les gens nous témoignent leurs découvertes, car souvent, ça reste dans leur village, leur maison. C’est une opportunité pour eux de faire connaître le patrimoine de leur région. Il y a déjà des gens qui m’ont appelée pour parler de possibles vestiges de moulins», lance-t-elle.
L’archéologue précise toutefois que le principal but de ce projet n’est pas d’engendrer des fouilles.
«Ça pourrait toutefois permettre une distribution de connaissances à travers le réseau d’archéologues du Québec. Plus le ministère a une banque de données archéologiques sur les régions, plus ça peut bonifier les connaissances et faire avancer les recherches. Cela n’est pas impossible aussi qu’on mette en place des mesures de protection, si cela est nécessaire», souligne-t-elle.
La MRC indique que des travaux complémentaires pourraient également être réalisés sur le terrain.
Archéologique ou pas?
Information pertinente, le Ministère ne considère pas comme étant des sites archéologiques les bâtiments qui ont été détruits ou abandonnés après 1950, ni les infrastructures publiques.
«Il y a aussi plusieurs autres critères à prendre en considération. Le terrain d’un bâtiment toujours debout, mais construit en 1900 ou en 1700, par exemple, peut receler des vestiges archéologiques (ancien hagard, four à pain, puits, etc.). Le pourtour peut également révéler des objets quotidiens qui nous informent sur le métier des précédents occupants, leur mode de vie, etc. On peut repérer l’ancien potager et, par des analyses précises, révéler ce qui a été cultivé», explique celle qui exerce sa profession depuis 13 ans.
Qui plus est, Mme Fournier soutient qu’il n’y a pas de site de plus ou moins grande valeur d’intérêt. De fait, la Loi sur le patrimoine culturel définit un site archéologique comme «un lieu témoignant d’une occupation humaine historique ou préhistorique».
«Chaque village a son patrimoine et apporte des éléments d’informations sur le mode de vie d’autrefois», fait-elle valoir, en ajoutant que les traces laissées par les Eurocanadiens dans la MRC de Drummond datent d’au plus 300 ans.
Les personnes connaissant des endroits où des vestiges ou ayant trouvé des objets anciens sont invitées à joindre Mme Fournier à mfournier@archeo-cad.com ou au 819 692-1436.
Bon à savoir
• La Loi sur le patrimoine culturel du Québec oblige quiconque découvre un bien ou un vestige archéologique à en faire la déclaration sans délai auprès du ministre de la Culture. Un formulaire à cet effet est disponible au www.mcc.gouv.qc.ca/index.php?id=5295.
• La loi prévoit que les biens et les sites archéologiques appartiennent au propriétaire du terrain sur lequel ils ont été trouvés, mais qu’il faut les déclarer pour bonifier les connaissances archéologiques.
• Il est illégal de procéder à des fouilles archéologiques sans permis de recherche archéologique au Québec.
• Un bien archéologique ne possède aucune valeur marchande, car les lois canadiennes et québécoises interdisent le commerce d’artéfacts.