Fabrimet dénonce une décision d’Hydro-Québec qui réplique aussitôt

Fabrimet dénonce une décision d’Hydro-Québec qui réplique aussitôt
Georges Guérette

DRUMMONDVILLE. L’entreprise drummondvilloise Fabrimet, l’un des plus importants fabricants de pylônes en Amérique du Nord, dénonce la décision d’Hydro-Québec de faire appel à des fournisseurs étrangers «pour concurrencer les travailleurs québécois».

Georges Guérette, vice-président de Fabrimet, dont le siège social est situé sur le boulevard Saint-Joseph à Drummondville, soutient que son entreprise est en mesure de livrer quatre fois la demande annuelle d’Hydro-Québec qui n’avait nullement besoin de lancer un appel de propositions ouvert à l’international pour la fourniture de 5 000 tonnes d’acier de pylônes, sur les 45 000 dont elle aura besoin pour les années 2016 et 2017.

«Prétextant une augmentation du simple au double de ses besoins annuels en pylônes pour ces deux années, Hydro-Québec a pré-qualifié sept nouveaux fournisseurs étrangers pour concurrencer nos travailleurs québécois. Hydro-Québec nous avait déjà informés en 2008 de l’augmentation de ses besoins causée par ses grands projets. Nous nous sommes préparés en conséquence. Chez Fabrimet, nous avons investi 12 millions $ en trois ans, sans subvention, pour être en mesure de répondre à leur demande. Je vous rappelle que depuis plusieurs décennies, nos travailleurs québécois construisent des pylônes à treillis qui sont livrés partout en Amérique du Nord. Leur expertise est donc reconnue. Cela devrait nous rendre fiers. Nous sommes réputés pour nos prix compétitifs, la qualité de nos produits et du service après-vente. Hydro-Québec, en utilisant son pouvoir d’achat de cette façon, fait entrer dangereusement la compétition étrangère dans un marché où les Québécois excellent déjà», de faire valoir M. Guérette.

Selon lui, il n’y a pas vraiment de grosses économies à faire pour la société d’état versus le risque que représente pour le Québec l’entrée sur le marché nord-américain de joueurs étrangers qui ne sont pas toujours tenus aux mêmes obligations, notamment au sujet des conditions d’emplois et du respect de l’environnement.

La décision de HQ a été rendue publique le 22 juillet dernier, en période des vacances de la construction. De son côté, Fabrimet dit avoir préféré réagir à la décision d’Hydro-Québec après les vacances de la construction «par respect pour ses employés qui sont très inquiets pour leur avenir. Certains ont été bouleversés d’apprendre cette mauvaise nouvelle d’Hydro-Québec au tout début de leurs vacances annuelles. Fabrimet a tenu à les rassurer sur le fait que pour le moment, aucune mise à pied n’est prévue à court terme puisque le dépôt des propositions se fait le 20 août et qu’Hydro-Québec se donne 120 jours pour annoncer le résultat», est-il indiqué dans un communiqué de presse.

Et d’ajouter M. Guérette : «Je ne pense pas que c’était la volonté des René Lévesque, Jean Lesage, Robert Bourassa, nos fondateurs d’Hydro-Québec et même celles du gouvernement Couillard, à l’aube d’une récession, de se servir du pouvoir d’achat d’Hydro-Québec pour créer des emplois en Inde ou en Turquie».

Réaction d’Hydro

C’est Serge Abergel, du Service des communications d’Hydro-Québec, qui s’est chargé de réagir aux propos de Fabrimet.

«D’abord, précisons que c’est un appel de propositions, aucun choix n’est encore fait. Il y a deux raisons qui motivent notre décision de pré-qualifier 10 fournisseurs dont trois du Québec et sept de l’extérieur. Premièrement, il faut savoir que nous parlons ici de besoins supplémentaires d’Hydro-Québec pour ses grands projets dont un de 400 km. Pour les affaires courantes, la situation restera à la normale pour les Québécois.

«Deuxièmement, nous avons procédé à un balisage des marchés qui sont comparables et nous avons constaté que, dans certains cas, le prix sur les marchés américains est de 40 % moins élevé que le prix demandé au Québec. Sur un montant de 3 milliards $, ça fait une différence appréciable. Hydro-Québec est prête à payer un léger supplément pour favoriser la création d’emplois au Québec, mais pas à n’importe quel prix. D’ailleurs, on s’interroge sur les prix que les entreprises québécoises soumettent à leurs clients à l’étranger. Il est vrai par ailleurs que Fabrimet a fait des investissements, mais c’était aussi pour répondre à toute sa clientèle et non pas seulement pour Hydro-Québec», a déclaré M. Abergel.

En entrevue téléphonique, M. Guérette dit ne pas être certain que le prix est 40 % moins élevé à l’étranger, «mais je sais que plusieurs entreprises étrangères sont aidées par leur gouvernement pour exporter leur acier, ce qui crée une concurrence déloyale. De plus, Hydro sait depuis longtemps que Fabrimet et d’autres ont investi pour répondre à la demande accrue qui s’en venait. En ouvrant à l’international, Hydro empêche ces entreprises québécoises de tirer profit de ces importants investissements. Hydro veut profiter d’une petite manne pour ces deux bonnes années de 2016 et 2017, mais des emplois auront été perdus pendant ce temps-là», a rétorqué M. Guérette qui dit avoir hâte au 20 août pour voir si la différence de prix sera de 40 %.

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