Drummondville sur la voie

Drummondville sur la voie
Le conseiller en sécurité civile et en mesures d'urgence pour la Ville de Drummondville

DRUMMONDVILLE. «La voie ferrée traverse la ville en plein centre-ville alors vous comprendrez qu’on ne laissera pas faire n’importe quoi et on va s’assurer de la sécurité de nos gens. Et j’en prends l’engagement formel. Les gens de Drummondville peuvent dormir en paix et se dire qu’il y a des gens qui vont les défendre», commente le maire Alexandre Cusson au sujet de l’éventualité que 220 wagons supplémentaires de pétrole brut albertain empruntent chaque jour la voie ferrée jusqu’à Belledune, au Nouveau-Brunswick, pour ensuite être exporté par bateau-citerne ailleurs dans le monde.

C’est ce qu’a récemment révélé Le Devoir. L’entreprise Chaleur Terminals, qui désire exporter le brut à partir du Nouveau-Brunswick, a récemment obtenu le permis de construction de son port pétrolier. Les travaux pourraient être lancés dès la fin de 2015 ou au début de 2016 et se termineraient environ 18 mois plus tard, donc en 2017.

Toujours d’après l’article, pour acheminer le pétrole de l’Ouest jusqu’au Nouveau-Brunswick, l’entreprise a opté pour le transport par wagons-citernes, ce qui se traduit par deux convois de 80 000 barils chaque jour.

«Ma première question est quelle est la source du journal Le Devoir? Nous, on n’a pas eu de confirmation en ce sens-là», commente Alexandre Cusson. «On est tous à l’affut, évidemment. On veut plus d’informations. Mon rôle est de défendre les intérêts des Drummondvillois et d’assurer leur sécurité alors c’est certain que nous serons aux premières loges des discussions dans ce dossier-là lorsque nous aurons des informations précises.»

«C’est sûr que ce n’est pas le même risque s’il passe 325 wagons au lieu de 100», laisse tomber quant à lui le conseiller en sécurité civile et en mesures d’urgence pour la Ville de Drummondville, Louis Raîche. Celui-ci souligne toutefois que les étapes d’intervention en cas d’incident et la préparation demeureraient les mêmes.

Louis Raîche, rappelons-le, a été embauché par la Ville après la tragédie de Lac-Mégantic. Sa mission : revoir le plan d’intervention d’urgence écrit il y a de cela plusieurs années. Il nécessitait une «bonne mise à jour». Celui-ci n’est pas tout à fait terminé, mais «s’il arrivait un déraillement demain matin, on a une base et nous serions là pour guider tout le monde», fait savoir le conseiller.

Si un incident survient sur la voie ferrée, que ce soit un déraillement ou une collision impliquant un véhicule et une citerne de matières dangereuses, les pompiers sont les premiers à être appelés sur les lieux. Ils évaluent alors le potentiel de dangerosité pour eux-mêmes et pour les gens autour. Si l’intervention dépasse la voie ferrée, des firmes privées sont appelées pour amasser les matières dangereuses et colmater les fuites. Peu de temps après l’évaluation des pompiers, le coordonnateur des mesures d’urgence de la Ville et M. Raîche se déplacent sur les lieux et analysent l’incidence sur la sécurité de la population. Ils décident alors s’ils doivent procéder à une évacuation ou à un confinement.

Le service des incendies de la Ville de Drummondville serait très bien formé pour intervenir en cas d’un incident impliquant un wagon de matière dangereuse. Les intervenants ont notamment obtenu leur statut «HASMAT» permettant de mieux intervenir sur d’éventuels déversements de matières dangereuses, ce qui n’est pas donné à toutes les municipalités.

Une nouvelle application

Les chemins de fer du Canada ont récemment lancé l’application AskRail, qui vise à donner aux intervenants d’urgence une information en temps réel sur le contenu des wagons et la quantité de matière transportée. Et ce, en cas d’urgence. L’application sera fonctionnelle à Drummondville au cours des prochaines semaines.

Zone à risque

L’étendu de la zone à risque dépend du type d’incident et du produit, explique Louis Raîche. «Si c’est du chlore, c’est différent du pétrole.» Ce dernier explique que la Ville a établi «la clientèle» qui se trouve dans chaque secteur qui pourrait être touché par un incident. Les groupes d’âge des résidents sont notamment pris en considération. «On n’évacue pas des résidences de personnes âgées comme on évacue d’autres gens. Ils sont moins autonomes.»

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