DRUMMONDVILLE. Drummondville a été, en 1937, un terrain d’étude exceptionnel pour le sociologue américain Everett C. Hughes qui en fait un ouvrage, «Rencontre de deux mondes» paru en 1943 et traduit en français en 1948.
La Ville de Drummondville, les gens de l’Université de Montréal et des Éditions Boréal ont procédé aujourd’hui à l’hôtel de ville au lancement officiel de la réédition de «Rencontre de deux mondes», un livre de 426 pages qui présente l’analyse du passage de la société rurale à une société industrielle, tel que vécu par les Drummondvillois francophones de l’époque.
Selon Jacques Hamel, professeur de sociologie à l’Université de Montréal, qui est natif de Drummondville, l’œuvre d’Everett C. Hughes a connu un retentissant succès aux États-Unis, tout comme sa version française parue au Québec en 1948. «Elle a marqué d’une pierre blanche l’étude des mutations de la culture canadienne-française et constitue un classique parmi les textes issus de la prestigieuse école de Chicago. C’est pourquoi il est inexplicable que cet ouvrage soit resté si longtemps introuvable, une situation à laquelle cette nouvelle édition vient remédier. Cette œuvre est nécessaire pour découvrir non seulement, avec peut-être une touche de nostalgie, ce qu’était Drummondville en 1937, au moment où Hughes amorce son enquête sur le terrain, mais aussi pour découvrir une étude sociologique fine et nuancée qui nous permet de comprendre la société québécoise d’hier et d’aujourd’hui», a commenté le directeur de cette nouvelle édition.
M. Hamel raconte qu’il a rencontré personnellement M. Hughes peu avant sa mort en 1983. «Il m’a confié qu’il regrettait de ne pas être ici pour voir comment s’était poursuivi le développement industriel depuis sa monographie. Il disait qu’il continuait à lire La Parole et Le Devoir. Lui et sa femme avaient appris à parler français lors de leur passage dans notre région. Ils avaient demeuré deux ans et Drummondville. M. Hughes souhaitait qu’un jour quelqu’un puisse reprendre son étude afin de percevoir les mutations de notre communauté».
Et d’ajouter le prof de sociologie: «Drummondville est le cas parfait pour saisir en acte la différenciation culturelle susceptible d’expliquer les mutations de la société. Cette étude permet en effet de savoir comment les Canadiens-français, de par leur culture, vont parvenir, non sans mal, à se mettre au diapason de la culture moderne insufflée par le développement industriel et la venue des immigrants appelés à diriger les manufactures récemment implantées dans la ville ou à en être la main-d’œuvre spécialisée».
La Ville a investi une somme de 7600 $ pour contribuer, entre autres, à la numérisation et au nettoyage des textes, à la mise en page, à la correction et à la révision linguistique, à la conception de la couverture et au respect de tous les droits légaux sur les textes et les images. «Cette sortie littéraire à caractère particulièrement scientifique constitue une action spécialement réalisée en l’honneur du 200e anniversaire de la Ville de Drummondville», a mentionné le maire Alexandre Cusson. Cet apport financier découle de l’entente de développement culturel 2012-2013-2014 signée avec le ministère de la Culture et des communications.
À la suggestion de Jacques Hamel, la Ville devrait songer à donner le nom de «Everett C. Hughes» a un lieu public à Drummondville. Le maire a trouvé que c’était une bonne idée. «Nous sommes en fait à réfléchir sur l’attitude à adopter lorsque se présentent des situations comme celle-là ou comme celle de Gilles Latulippe. La suggestion en ce qui concerne M. Hughes, elle tombe à point dans ce processus qui vise à se donner une façon de faire», a indiqué M. Cusson.
L’ouvrage «Rencontre de deux mondes» est disponible pour achat chez Buropro.